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Critique de Sofiert


Après Big Brother, Mother Cloud.
Les liens induits entre cellule familiale et contrôle des libertés sont décidément de plus en plus implicites au fur et à mesure des dystopies.
Mother Cloud, c'est à la fois une entreprise puissante et une ville- refuge pour ses salariés.
Le réchauffement climatique et la violence du monde extérieur ont imposé un modèle de vie qui fait rêver : obtenir un toit, de la nourriture et de l'air conditionné en échange d'un travail intensif dans des entrepôts géants à la mode de Jeff Bezos. Tous les produits sont disponibles et sont livrés par drones en des temps record.
Ce modèle consumériste, devenu si familier, sert de point de départ à une effrayante dystopie parue en 2020 et qui rend hommage à Ray Bradbury, Ursula le Guin ou Margaret Atwood.

Ce roman a 3 voix donne successivement la parole à Gibson, le créateur de Mother Cloud, atteint d'un cancer en phase terminale, à Paxton, tiraillé entre son désir de se venger d'une entreprise qui l'a ruinée et son ambition dans la société ,et à Zinnia, une jeune femme engagée pour découvrir les secrets du Cloud.
Dans cette immense cité, chacun est doté d'un CloudBand, une montre-connectée-à-tout-faire : clé de porte d'entrée, d'ascenseur, moyen de paiement, accès aux transports et surtout moyen de contrôle des individus. Pour percer les secrets de la ville, Zinnia devra s''assurer la complicité de Paxton et le moyen d' échapper à la surveillance technologique.
Gibson, avant de mourir, tente de gagner l'immortalité en se déclarant philanthrope :
"Le monde est dans un triste état, alors j'essaie d'aider du mieux possible. Ai-je toujours parfaitement agi ? Bien sûr que non. Mais c'est le prix du progrès. Bâtir  Cloud, c'est comme faire une omelette. En route on casse quelques oeufs. Non pas que je me sente à l'aise vis-à-vis de ça. Je n'ai jamais pris plaisir à casser des oeufs. Mais ce qui compte, c'est le résultat. Vous savez ce que j'ai toujours clamé depuis des années :  c'est le marché qui décide. "

Sur ce principe capitaliste, Rob Hart propose la vision d'un monde consumériste, guidé par la rentabilité, encadré par la technologie, asservi par la productivité, isolé par l'individualisme.
Pour mieux convaincre le lecteur de la pertinence de ses projections, il se référe à des données familières comme ce cloud abstrait et menaçant qui abrite nos données, à cette entreprise qui absorbe les autres commerces et aux massacres d'un Black Friday qui aurait mal tourné.

La force de ce cauchemar dystopique vient en partie de sa vraisemblance, de l'utilisation de repères pertinents pour le lecteur entre réchauffement climatique et modèle capitaliste.
Même si le roman n'est pas un chef d'oeuvre du genre, il est agréable à lire et très cinématographique, surtout lorsque l'on se représente les habitants de la cité classés en fonction de la couleur de leurs polos.
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