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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une bonne dystopie avec un côté thriller prononcé qui peut donner des frissons tellement elle pourrait être une des continuités de notre époque et de nos agissements !

Réchauffement planétaire et désertification, effondrement monétaire et quasi-monopole du commerce par MotherCloud. Un Amazon poussé à l'extrême où les employés travaillent et y vivent dans ce qui s'avère être des cellules monastiques ! Perpétuellement pistés par leur montre qui leur permet d'ouvrir les portes qu'ils sont en droit d'ouvrir ; de les évaluer au travail selon des temps déterminés et chronométrés ! Liberté et libre arbitre n'ont plus aucune valeur !

Le créateur de cette société, à la veille de mourir, tient un blog où il raconte sa vie et sa vision de l'aide qu'il a apporté au Monde ; un ancien pdg d'une petite entreprise ruinée par MotherCloud s'y fait embaucher pour se venger et va tomber amoureux de l'espionne-terroriste ! On mélange le tout ça fait une bonne histoire !

Pendant un moment j'ai trouvé que l'histoire manquait de peps mais pour finir le rythme est très bien et l'auteur démontre très bien la vie répétitive et sans surprise ! J'ai trouvé la fin un peu précipitée avec une question dont j'aurais aimé avoir la réponse, même si ça n'aurait rien changé au dénouement.

Challenge MAUVAIS GENRE 2021
Lecture THEMATIQUE mai 2021 : Littérature étrangère
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Le monde, demain, celui à notre porte. Rob Hart pousse légèrement le curseur temporel, à peine. Une société si proche que nous risquons fort de la connaître encore. Peut-on parler de dystopie alors que tout semble si crédible ?

Dérèglement climatique, chaleur à crever, la montée des eaux qui change la cartographie. Voilà juste une partie des conditions qui vont amener cette évolution sociétale.

Les gouvernements exsangues et corrompus ont perdu leur pouvoir, ce sont les immenses entreprises qui mènent la danse et pilotent dorénavant notre civilisation (et ses citoyens). du moins, une seule, en quasi-monopole : Cloud. Les descriptions vous font penser à Amazon ? C'est bien ce futur de l'ultra libéralisme et de la consommation de masse qui est décrit, celui du jetable (les produits comme les gens). Un futur bien présent.

Mothercloud est un vrai thriller d'anticipation, accessible à tous. En toute humilité, Rob Hart cite à plusieurs reprises ses références dans le livre, 1984, Fahrenheit 451, La servante écarlate. Des romans qui brisent la frontière des genres littéraires et ont vocation à toucher un large public. Quand ambition rime avec accessibilité, sans jamais oublier le divertissement.

Pas de propos complexes, une fluidité de narration constante, une vraie intrigue. L'univers de l'auteur suit la voie de la technologie et de l'économie, sans jamais perdre le lecteur dans des termes techniques. L'essentiel en est le résultat. Et comment le vivent les Hommes, et deux personnages principaux aux profils très différents mais qui vont s'unir par la force des choses.

Paxton, qui a vu sa petite entreprise mangée par l'immense Cloud. Zinnia, la « gentille » fille qui est en fait une espionne infiltrée. A ces deux protagonistes se rajoute Gibson Wells fondateur de la solution finale (expression à prendre au premier degré, ou non…).

Cloud fait vivre le monde, le fait travailler (beaucoup), manger (ce qu'il décide), dormir (quand il l'ordonne), s'amuser (à Pac-Man…). Cloud est l'oxygène du monde. Vicié, même si l'entreprise se targue de ses extraordinaires résultats en termes d'écologie…

Le roman regorge d'une foultitude de bonnes idées. La meilleure est sans doute de donner la parole au patron de Cloud, à travers son blog. C'est particulièrement intelligent de le laisser s'exprimer sur son projet, d'expliquer comment il en est arrivé là et ce qu'il cherche à construire. Pour réfléchir à une situation, il faut l'ensemble des éléments et des avis.

Peut-on encore croire qu'il est possible de concilier le big business avec la liberté de penser ? Ce roman formidable aide, en tout cas, à réfléchir à cette situation et à sortir la tête du sable. Car cette société-là est déjà en marche et nous en sommes les acteurs au service de quelques « bâtisseurs ».

Mothercloud est aussi plausible que divertissant, aussi crédible qu'effrayant. Rob Hart a un talent rare, celui de raconter une histoire à message, tout à la fois terrible et réjouissante, prenante au possible. Il nous pousse à la réflexion en nous permettant de prendre un certain recul sur notre monde, avant qu'il ne soit trop tard.

A lire absolument par le plus grand nombre, quels que soient vos goûts littéraires ! Un indispensable de cette année.

A noter que le roman sera adapté au cinéma par Ron Howard (rien que ça).

PS : j'adore la couverture française, très bien vue et plus parlante que l'originale ! Et sympa la lecture augmentée (plan du site Cloud, vidéos…), via l'application « Lisez »
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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Bienvenue à MotherCloud, une entreprise de commerce en ligne qui a supplanté tous les autres commerces des USA et pratiquement du monde entier, toute ressemblance avec Amazon, Alibaba ou d'autres sites n'est pas fortuite, évidemment. Rob Hart nous présente un futur tellement proche que nous pouvons le toucher du doigt, tout y semble si réaliste et vrai, hormis la crise climatique, qui est bien plus avancée dans le livre que dans la réalité, mais si nous continuons ainsi, nous y courons.

Nous suivons trois protagonistes : Paxton, un ancien gardien de prison, qui a crée son entreprise avant de se voir ruiner par MotherCloud et qui n'a d'autres possibilités que d'y postuler, Zinnia, une gentille fille qui est en réalité une espionne industrielle chargée d'étudier le système énergétique et Gibson Wells, le fondateur de l'entreprise, atteint d'un cancer en phase terminale, qui fait une dernière tournée dans les Cloud et explique son projet sur son blog. Leurs points de vue alternent pour former un roman choral.

La vie est devenue presque impossible à l'extérieur du fait des ravages causés à l'environnement : chaleur caniculaire, montée des eaux et pollution. L'économie ne se porte pas mieux, MotherCloud a peu à peu supplanté tous les commerces, les gouvernements sont corrompus et se laissent dicter leur conduite par le géant qui livre tout ce qu'on veut très rapidement par drone. Les MotherCloud sont d'immenses complexes, de la taille d'une petite ville où des ouvriers réduits à l'état de numéros font un travail abrutissant, surtout les préparateurs, vivent dans des cages à lapins et consomment sur place.

Ce roman est vraiment une réussite, à la fois dystopie et thriller, il nous décrit un futur pas si improbable et sans doute déjà une réalité pour les employés de certaines entreprises d'e-commerce. le suspense est très bien entretenu et les pages défilent. Paxton est un personnage vraiment très réussi, qui démontre bien l'emprise que ce système peut avoir sur les individus pour en faire des moutons dociles. Il a travaillé des années pour pouvoir créer sa propre entreprise, a été ruiné par MotherCloud et s'y fait embaucher par nécessité. Il est plein de rancoeur envers Gibson, mais très vite son besoin d'approbation et d'un certain confort lui fait accepter le système et y participer activement. Il lui faut beaucoup de temps pour voir la corruption de l'organisation. Il subit les évènements et ne fait aucun choix, c'est finalement plus facile de croire ce que les disent ses supérieurs que de réfléchir par lui même.

Le personnage de Gibson est aussi très intéressant. Il explique son projet, qui partait sur de bonnes intentions, mais chacun sait que l'enfer est pavé de bonnes intentions, surtout l'enfer que l'on fait subir aux autres pour s'enrichir sans limite, tout en croyant – hypocritement ou non – agir pour le bien commun. Il a complètement perdu de vue la réalité.

Au niveau de la forme, ce roman est très bien écrit, très fluide et sans patois de Canaan comme c'est souvent le cas avec les dystopies. Certains paragraphes sont répétitifs, pour marquer le déroulement de la vie des héros qui travaillent, dorment consomment et recommencent le même cycle indéfiniment. Ils ne sont pas surveillés par des caméras mais pistés par leur montre GPS, ils sont espionnés et évalués en permanence, menacés de licenciement si leur évaluation ne comporte qu'une étoile.

Ce roman addictif rend hommage à Orwell, Bradbury et Atwood, il nous montre ce que peut être un monde où le capitalisme débridé, l'ultra-libéralisme et le consumérisme sont poussés à leurs extrémités. Il est effrayant et devrait nous interroger sur notre vision de la vie et nos réels besoins. Merci à Netgalley et aux Editions Belfond pour ce superbe roman à ne pas manquer.

#MotherCloud #NetGalleyFrance
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Dans ce futur pas si éloigné, se tenir simplement dehors en été est devenu impensable et tout le commerce se fait en ligne. Lentement mais sûrement, une société a pris le contrôle de presque tous les plans, ceci impliquant évidemment la faillite de tout système antérieur. Finis, les malls et autres boutiques, terminés l'organisation des villes à la papa. Aujourd'hui, soit vous crevez de chaud dans des rues où on peut presque voir passer les boules de poussières des villes fantômes du far west, soit vous intégrez Cloud. Une fois par mois, un recrutement vous donne une chance d'entrer dans une unité où vous pourrez vous exténuer à une tâche répétitive et dénuée de tout enjeu intellectuel moyennant le droit d'être noté en permanence (attention, la descente à une seule étoile et c'est la porte) avant de manger Cloud et de dormir dans une cage à lapin Cloud. On recommence tous les matins. Pas de caméra (ou très peu), la montre qui ne doit jamais quitter votre poignet suffit amplement à rendre compte de chacun de vos faits et gestes. La climatisation, la fatigue abrutissante et l'inextinguible désir de l'être humain d'être apprécié vous rendent docile et peut-être même plus que ça. Et peu importe, au fond, si comme Paxton vous arrivez avec un ressentiment important, la force de la mécanique Cloud vous mettra au pas. Dans le cas de Zinnia, bien sûr, c'est différent… C'est le premier roman de Rob Hart qui soit traduit en français mais la carrière du monsieur est déjà très impressionnante pour sa petite trentaine d'années. La maîtrise est totale et le suspens efficace, même si l'ambiance suffit en réalité à nous river aux pages. Alternant les voix de deux employés et du big boss, la narration nous plonge au coeur même de la machine consumériste infernale et on aurait tort de n'y voir que le géant du commerce en ligne qui commence par A. Faisons tous très attention à ce que nous désirons, parfois l'obtenir est le pire qui puisse arriver. Ron Howard est en train d'adapter cette histoire pour le cinéma et j'irai voir le film, après avoir relu « Ceux qui partent d'Omelas » d'Ursula K. Le Guin.
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Dans un futur proche, la technologie a pris l'ampleur qui s'annonce déjà aujourd'hui. Un des protagonistes se souvient de la vie d'avant MotherCloud. MotherCloud est le nouveau géant commercial et technologique. le nouvel Amazon en plus. Plus tout.

MotherCloud embauche, vend tout, a des campus où les salariés vivent, mangent (des MotherBurgers entre autre), dorment et ont leur argent à la MotherBank. Ils portent tous une montre, le MotherBand, calculant leur rythme cardiaque et vérifiant leurs constantes. Mais surtout équipé d'un GPS. MotherCloud est la nouvelle vie de ceux qui veulent survivre. Dehors, le réchauffement climatique a rendu la vie quasiment impossible. Les campus MotherCloud sont dans des bulles fraîches. Tous les produits sont expédiés par drones pour un gains de temps et d'argent.

Ce roman rend hommage à 1984, Fahrenheit 451 et la Servante écarlate. Il ressemble beaucoup au roman le Cercle de Dave Eggers sur la poussée des salariés à toujours faire plus et mieux (et indiquer quand faire la pause pipi). Pour leur bien-être bien évidemment. La différence c'est le côté polar avec une enquête sur un démantèlement de drogue sur un des campus et quelques magouilles côté direction de l'entreprise.

On découvre Paxton et Zinnia. Tous les deux ont des raisons toutes personnelles de se retrouver chez MotherCloud. Zinnia a une mission et est un agent infiltré. Paxton a des comptes à régler. Mais tout n'est pas si simple quand on est surveillé 24h/24 et 7 jours sur 7 ! le roman est effrayant sur l'évolution humaine et technologique, sur notre consommation « tout de suite maintenant », sur l'état climatique de notre planète. Avec la situation actuelle il résonne encore plus fort !

Bref, un roman postapocalyptique crédible, proche de notre réalité. Des personnages attachants et une enquête en arrière-plan plutôt bien ficelée. Mais surtout un roman d'alerte sur notre direction mondiale et globale. À lire !
Lien : https://www.loeildeluciole.c..
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L'avis de Jean Luc
MotherCloud est une très belle découverte. Dès le début l'auteur affiche clairement la couleur avec un incipit de Benjamin Harrison :
"J'ai pitié de l'homme qui souhaite avoir un manteau pour un prix si bas que celui ou celle qui fabriquera le tissu ou confectionnera le vêtement mourra de faim pour le satisfaire"

Ce roman est une dystopie construite avec une alternance de chapitres donnant la parole à trois personnages, une histoire passionnante, crédible et inquiétante.
En fait, il y a quatre personnages dans cette histoire : le géant omniprésent MotherCloud, un jeune chef d'entreprise ruiné, une espionne industrielle et le créateur du concept MotherCloud avec une vision totalitaire du monde.

MotherCloud est une entreprise dont le but est de simplifier la vie de tous les humains y compris ses employés. Une société américaine tentaculaire qui emploie plus de trente millions de salariés.
Rob Hart nous dépeint alors un monde où tous les secteurs de l'économie sont phagocytés par une seule entreprise.
Seule alternative pour trouver du boulot ou plutôt survivre : se faire embaucher chez CloudMother, un monstre économique constitué de villes de travailleurs où chacun vit exclusivement pour son entreprise.
Un monde où seule prévaut le travail au dépens de la liberté, un monde où chacun est tracé grâce à une Cloudwatch connectée …

J'ai été scotché par cette histoire, Rob Hart plante parfaitement son décor et fait évoluer tous ces personnages dans une ville de travailleurs autosuffisante.
Cette histoire m'a fasciné et terrifié tout à la fois et cerise sur le gâteau, la fin est diaboliquement conçue.

Je n'ai pu m'empêcher de faire une analogie avec notre société et le groupe Amazon.
Notre monde est encore éloigné du monde décrit par Rob Hart mais il y a une question sous jacente dans cette histoire :
Comment sauver un monde et une humanité en sur-population ?

Pour terminer, j'ai aussi retenu une phrase dans ce roman :
"N'oublie pas que ta liberté t'appartient jusqu'à ce que tu y renonces"

En conclusion, j'ai adoré ce roman qui pour moi est à l'égal des grands classiques ( le meilleur des mondes, 1984, etc…).
Amateurs de romans dystopiques, vous ne serez pas déçus !

A noter que les droits de ce roman ont été rachetés par Ron Howard qui nous prépare un film sans doute passionnant.
Lien : https://collectifpolar.com/2..
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Une incroyable et menaçante vision de l'avenir, argumentée, machiavélique et qui procure un plaisir démoniaque à sa lecture.
Histoire ultra réaliste, une contruction au cordeau et une écriture - et traduction - de main de maitre.
J'ai adoré la plongé dans cette société ou l'humain n'est plus qu'un instrument sur une planète en perdition
à lire pour les adeptes de romans utopistes et pour tout ceux qui s'interroge sur demain
Lien : https://laliseuseheureuse.bl..
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Dans un monde pas si éloigné du notre, Gibson Wells règne sur The Cloud, un empire intégré qui livre ses produits par drones aux habitants effrayés de quitter leur domicile depuis les massacres du Black Friday.

Paxton, inventeur et petit patron ruiné, et Zinnia, mercenaire chargée d'une mission secrète, se croisent dans le bus qui les conduit à Mothercloud, l'entrepôt original où ils espèrent décrocher un job, et de ce fait, un toit, une nourriture des plus délectables et la sécurité de l'emploi s'ils conservent une notation suffisante.

A l'arrivée, chacun est doté d'un CloudBand, une montre-connectée-à-tout-faire : clé de porte d'entrée, d'ascenseur, moyen de paiement, accès aux transports en commun et surtout traceur d'activité et de notation.

On suit Zinnia devenue préparatrice de commandes, escalader les étagères sans harnais de sécurité qui la ralentit, pour déposer le plus vite possibles les objets les plus divers commandés par les clients.

On parcourt les allées de MotherCloud en compagnie de Paxton, agent de sécurité, qui traque les comportements déviants ...

Dans ce roman où la tension grandit à chaque chapitre, des souvenirs du 'Meilleur des Mondes', de 'Fahrenheit 451' et de 'La servante écarlate' me sont revenus en mémoire.

Dans un monde à l'abri des conditions climatiques extrêmes qui ravagent la planète, à l'abri des sursauts de violence qui dévastent les villes, loin des côtes submergées par la montée des eaux océaniques, MotherCloud offre des ressources en nourriture et eau suffisantes à tous ses employés ... alors qu'en est-il d'un peu, de toute la liberté perdue ? 

La narration donne tour à tour la parole à Gibson, atteint d'un cancer en phase terminale, qui évoque tout ce qui a généré son désir de créer ce monde intégré protégé, à Paxton, l'employé modèle tenaillé par l'envie réfrénée de venger son rêve d'entrepreneur détruit par The Cloud, à Zinnia, qui cherchant à trouver le point faible du Cloud en découvrira la face cachée !

Un roman qui prend aux tripes, des personnages attachants auquel il est facile de s'identifier, une narration fluide.

Bref 544 pages que j'ai dévorées, savourées ... et dont le réalisme fait froid dans le dos ! 


Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Bienvenus à Mothercloud, un monde où travail, effort, courage sont récompensés, qui offre sécurité, toit au-dessus de la tête quand toutes les villes du monde sont désertées, que le réchauffement climatique a fait rage, et que l'eau n'est plus potable. Dans ce récit dystopique, Rob Hart donne vie à trois personnages qui racontent Mothercloud : Gibson Wells son créateur, Zinnia qui travaille dans l'entrepôt des marchandises à expédier aux clients, Paxton qui intègre la sécurité. À chaque employé sa couleur de polo : marron pour le service technique, jaune pour le service client, vert pour les services de restauration, blanc pour les managers, rouge pour les préparateurs de commande, bleu pour les agents de sécurité. Une bonne façon de reconnaître, au premier regard la fonction de chacun. Dans Mothercloud, l'individu ne compte pas, seule sa contribution au sein de la mère nourricière importe.

« Warehouse », puisque c'est le titre original (traduction entrepôt), est d'abord l'histoire d'un homme : Gibson Wells. Un homme qui a voulu faire du monde sur le déclin, un monde nouveau, prospère, basé sur la valeur travail. « Il fallait trouver le moyen de motiver nos employés pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Un troupeau se cale toujours sur la vitesse de ses éléments les plus lents. » Pour ce faire, rien de plus simple : doter les employés d'une montre qui mesure leurs performances tel un feu tricolore, et les affubler de petites étoiles, de 1 à 5 en guise de notation, être payés en crédit et non en dollars. « La jauge ne reste verte que quelques secondes, mais chaque seconde est une victoire. Une récompense. C'était le changement de couleur qui lui procurait cette impression, de jaune à vert ; du jaune couleur de la faiblesse, au vert couleur de la force.» Ce qui m'a vraiment impressionnée dans le récit de ce personnage, fait sous forme de blog s'apparentant à un testament, c'est l'extrême empathie du lecteur à son égard. À l'heure où, le géant des envois prime s'est vu privé de l'envoi de ses commandes non essentielles (dont les livres), et où, par extension, son dirigeant est fortement décrié, difficile de ne pas faire d'analogies. Et pourtant, impossible de détester Gibson Wells, dont l'idée de base, transformer le monde en un monde meilleur est philosophiquement parlant, une belle idée. (….)« nous ne nous contenterons pas de transporter des marchandises d'un point A à un point B. Nous nous efforcerons de transformer notre monde en un meilleur endroit où vivre. En créant des emplois, des logements, un système de santé. En réduisant les gaz à effet de serre qui étouffent notre planète, pour pouvoir rêver qu'un jour, nous vivrons à nouveau en permanence à l'air libre. »

Comme disent les Américains « let's see the big picture here », prenons de la hauteur. Des entrepôts transformés en villes cités dortoirs, du travail pour tous, une chambrette climatisée, des soins si besoin, à manger quand l'estomac grogne, de l'eau potable. Maintenant, zoomez pour voir ce qui se passe réellement dans ces prisons dorées, parce que c'est bien de cela qu'il s'agit, des prisons dorées dans lesquelles des hommes, telles des fourmis courent dans tous les sens pour maintenir la jauge de leur montre au vert, et tentent désespérément d'éviter les purges, jours de coupe organisées 4 fois par an. Et oui, quand un travailleur arrive à une étoile, il est viré, sans autre forme de procès et, implicitement, promis à une mort certaine. La routine s'installe, le travail épuise, le corps est si fatigué que le cerveau ne fonctionne plus. le but ultime est bien celui-là : empêcher les gens de penser. Penser amènerait une forme de prise de conscience. Inutile. Sans aucune productivité.

Lentement, pas le biais de quelques autres personnages, Rob Hart raconte la vie d'avant, une vie où l'on se souciait encore de prendre soin de l'autre, une vie où l'on pensait avant de consommer à outrance pour combler le vide. le personnage de Gibson devient tout à coup moins sympathique, mais il ne le devient qu'à travers les yeux des autres. « Laissez-moi vous raconter quelque chose à propos de Cloud. C'est nous qui les avons choisis. Nous qui leur avons donné le contrôle. Quand ils ont décidé de racheter les épiceries, nous les avons laissés faire. Quand ils ont décidé de faire main basse sur l'agriculture, nous les avons laissés faire. Quand ils ont décidé de s'emparer des médias, nous les avons laissés faire. Idem pour les fournisseurs d'accès à Internet, les compagnies de téléphonie mobile, nous les avons laissés faire. On nous avait répété que l'on paierait moins cher, parce que Cloud se soucie avant tout de ses clients. Que les clients formaient une famille. Mais nous ne sommes pas une famille. Nous sommes la pitance qu'avalent les grandes entreprises pour devenir encore plus grandes.»

L'auteur a fait un choix très judicieux en choisissant le roman choral. Chacun des trois personnages fait avancer l'histoire avec ses propres yeux et ses intimes convictions. le lecteur passe de l'un à l'autre avec jubilation pour découvrir l'histoire et le destin de chacun. Si l'imaginaire est bien présent dans le roman, le réalisme de notre évolution parallèle, qui tend dangereusement vers cette finalité est saisissant. Nous avons vécu plusieurs semaines de confinement, et, pour la plupart, mis nos vies sur pause. Cette “trêve” de la consommation indécente a peut-être permis à certains d'entre nous de faire le point sur les besoins indispensables à notre bonheur. L'interdiction d'Amazon d'envoyer des produits non essentiels a été une grande première dans l'histoire de son implantation sur le sol français. J'ai toujours l'espoir naïf que l'Homme retire la “substantifique moelle” de ce genre d'expérience, mais c'est certainement un voeu pieux. Nous avons déjà dépassé le point de non-retour et Rob Hart le démontre parfaitement dans ce roman, certes dystopique, mais réaliste. N'oubliez pas : «L'objectif de Cloud a toujours été de simplifier la vie des gens.»

#MOTHERCLOUD #NETGALLEYFRANCE

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Jusqu'où peut-on aller pour apporter le bonheur ? MotherCloud est un récit à trois voix dans la veine de 1984 et du Meilleur des Mondes.

Trois personnages qui nous racontent ce qu'il s'est passé dans le MotherCloud. Il y a Gibson, le patron de l'empire du Cloud a qui il ne reste que quelques jours à vivre, Zianna, l'espionne industrielle qui s'est infiltrée dans le complexe et Praxton, l'ex patron d'une entreprise phagocytée par le Cloud comme temps d'autres et contraint pour manger de devenir un des employés de la multinationale.

MotherCloud propose une vision peu reluisante de nos gafas Amazon, Google, Apple et j'en passe. Une entreprise tentaculaire qui détient le monopole de presque toute la distribution.

Dans le roman on retrouve les thèmes du mythe de l'entreprise providence, du modèle Amazon, de la surveillance via les objets connectés dans un monde qui s'est effondré, en proie aux conséquences du réchauffement climatique.

L'histoire est menée de main de maître par Rob Hart a tel point qu'il est difficile de s'extraire du récit. Si vous commandiez encore vos objets sur Amazon ou Alibaba, peut-être qu'après avoir lu ce roman vous y réfléchirez à deux fois ensuite. Surtout après avoir lu les remerciements de l'auteur à une certaine Maria Fernandes morte pendant le trajet entre trois Dunkin' Donuts où elle travaillait à temps partiel pour 550 dollars mensuels.
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