Un roman intéressant malgré une appréhension première.
C'est l'histoire d'un jeune garçon devenu orphelin et sans famille :
Yankov, qui revient du camp de concentration de Buchenwald en Allemagne. Il a du mal à croire en sa libération. Il a constamment peur d'être à nouveau enfermé, forcé à travailler, interdit de manger à sa faim. Les premiers jours en tant que jeune garçon "libre" mais accompagné vers une nouvelle existence sont difficiles pour le protagoniste mais aussi pour le lecteur. En effet, ce dernier se retrouve face à un garçon ingrat, colérique et malveillant... Au fil des pages, on prend du recul et on comprend que
Yankov a été traité moins bien qu'un animal pendant de longs mois et qu'à présent, il est difficile de retrouver un comportement humain avec une réelle humanité. Il ne retrouvera une certaine sérénité, une humanité et sa part d'innocence d'enfant qu'auprès d'un petit chien et de Donna, une femme accueillant les enfants déportés et sans famille dans une sorte de pensionnat que
Yankov désigne comme 'la maison".
L'intrigue prend donc une tournure positive dans la deuxième partie du roman après une première partie particulièrement chargée en désespoir et en incompréhension. Je n'ai accroché qu'à partir de la deuxième partie d'ailleurs car le première partie a donné lieu à une lecture sombre et difficile...ce qui peut être normal pour un roman faisant le récit des horreurs de la seconde guerre mondiale.
Au niveau du personnage de
Yankov, il a d'abord été difficile de s'y attacher étant donné son caractère dénué d'humanité mais au fil des pages, au fil de ses confidences et de son ouverture aux autres et au lecteur, il a été plus facile de le comprendre et de ressentir de la compassion.
Cette histoire met en exergue de nombreux sentiments qu'il est difficile de concevoir sans l'incarnation d'un personnage. En effet, je reste marquée par le fait que
Yankov ne se sentait plus comme un fils ni comme un frère dès l'instant où sa famille, sa soeur, ses parents ont disparu... Je reste également marquée par la perte de l'identité qu'on du ressentir les déportés qui ont été traité comme des numéros et non plus comme des personnes à part entière. Je garde en souvenir le personnage de Donna qui se révèle être un soleil dans l'existence du personnage principal.
Pour ce qui concerne l'écriture, elle est fluide, concise et efficace même si parfois, on sent une certaine poésie.
Un roman du prix des incorruptibles qui est intéressant et qui change de certains autres romans sur le même thème.
Je le recommande.