[En Allemagne de l'Est, 1961]
Nous apprenons le français et l'anglais, mais n'avons pas le droit de nous rendre dans ces pays. Et maintenant, depuis la construction du mur, c'est sans espoir. N'est-ce pas insensé d'apprendre des langues étrangères quand on est enfermé derrière un mur? C'est pareil que si on lisait un livre de cuisine sur une île déserte. C'est fou, tout simplement fou!
On n'en a pas fini avec le fascisme en Europe avant longtemps, Hitler a été vaincu, c'est vrai, les nazis allemands ont perdu leur guerre, certes, mais pas le fascisme, il a apporté à certains messieurs de trop belles réussites. Il vit et reviendra, et peut-être plus vite que nous pouvons l'imaginer dans nos pires cauchemars.
J'étais lui. Je reste le fils de mon père pour l'éternité. Je suis son héritier. Son successeur. L'homme en uniforme. Qui a fait ériger un camp d'extermination à côté de ses usines chimiques, de ses halles de production de pneus de toutes sortes. Je suis celui qui fait face aux détenus. Qu'il les fait travailler jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'homme de la SS qui amène la mort. L'assassin condamné. Celui qu'ils ont pendu à la fin de la guerre.
" Chez nous , on dit qu'on ne dort plus dans le lit conjugal , quand l'autre est parti ."( p 342)
Avec un père comme le mien on n'a pas beaucoup de possibilités. Même si je ne l'ai jamais vu, je suis son fils, le fils d'un criminel.
Tu n'es pas son fils Konz, il ne te connaît pas, ta mère ne veut rien avoir à voir avec lui, tu ne portes pas son nom. Tu n'es pas son fils, tu es sa dernière victime.
Oui, ça aussi, dis-je, sa dernière victime, mais aussi pour toute la vie son fils.
Pour lui le Führer était un Dieu, un Dieu sévère, un Dieu impitoyable, qui inflige des épreuves, des épreuves difficiles, mais qui veille toujours sur les siens comme un père fidèle et les sauve au dernier moment.
Ne vous fiez pas aux souvenirs des hommes âgés. Avec nos souvenirs nous essayons de corriger les échecs de notre vie, c'est pour cette seule raison que nous nous souvenons. C'est grâce aux souvenirs que nous nous apaisons vers la fin de notre vie.
Les jeunes bouleaux semblaient chuchoter, leurs feuilles étaient violemment agitées, bien que l'on ne sentît pas le moindre vent.
Des événements authentiques sont à l'origine de ce roman. Les personnages ne sont pas inventés
Ne vous fiez pas aux souvenirs des hommes âgés. Avec nos souvenirs nous essayons de corriger les échecs de notre vie, c'est pour cette seule raison que nous nous souvenons. C'est grâce aux souvenirs que nous nous apaisons vers la fin de notre vie.