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D'abord , ce livre , pour le comprendre , il faut en regarder la couverture , oui , oui ....Ça y est , vous y êtes ? Une silhouette ....Vous la voyez bien ? Un fond bleu , gris , noir , sombre ,nu ...Et puis , une ombre ...Un homme...bien campé , jambes légèrement écartées , parapluie servant de canne ? de face , de dos ? Une ombre....personnage principal de ce superbe roman ...Une ombre , un criminel de guerre nazi , marié, deux enfants ....Un criminel de guerre dont l'ombre va planer sur sa famille , une ombre obsédante, permanente , menaçante , une ombre qui va " coller à la peau " des siens jusqu'au bout du bout , jusqu'à en faire des victimes....Un roman extraordinaire , d'une force absolue , destructrice .Et au coeur de l'histoire , un jeune homme formidable , Konstantin ....Un jeune homme qui va porter un héritage d'autant plus lourd qu'il n'a rien à voir avec lui ...Son père , il ne l'a pas connu et pourtant , il va lui falloir sans cesse " vivre avec lui " , assumer , payer pour lui un prix bien trop lourd . Konstantin Boggosch , Konstantin Mulher ? L'un est intelligent , brillant , aimant , l'autre voit les portes se fermer devant lui ....Heures douloureuses de l'après- guerre , de la RDA et du " mur " , heures sombres d'une époque.....C'est avec une incroyable force que nous allons accompagner ce personnage , que nous allons traverser une période historique forte ....Nous sommes Konstantin , nous essayons de le " pousser " vers ce bonheur qui le fuit , chassé par une " ombre menaçante " , l'ombre du père.....Il y a peu de gaité dans ce livre , peu d'insouciance , peu de joie ou de sourire , encore moins le moindre fou - rire , des gestes d'amour pudiques ..Et pourtant , quelle addiction , quelle admiration pour ce jeune homme d'abord naïf puis parfaitement lucide face aux " vents contraires " de l'histoire ...Quel amour de la vie , pour sa mère, pour sa femme et son bébé, quel amour donné....sans retour sinon celui de ...l'ombre ....toujours là , jusque dans l'irrationnel . C'est une histoire dure , remarquablement rendue jusque dans un style lourd , pesant , où les dialogues échappent aux conventions littéraires pour " faire bloc " avec le reste du récit. Lourd pâté indigeste ? Oh que non , ça coule , ça se déroule, ça s'insinue en vous , c'est d'une force incroyable , un " tsunami " de mots , de phrases qui vous charment avant de vous " avaler " , du grand art ... Désespérant ? Noir ? Non , il y a tant et tant de si beaux personnages dans ce roman que les citer serait prendre le risque d'en oublier... Triste, non , quand on ne voit que les autres ?.....Un livre que l'on quitte avec regret , un peu de frustration mais , surtout , beaucoup d'interrogations et de réflexion, un livre intelligent dans lequel l'esthétique livre un extraordinaire combat à l'obscurantisme et permettra à bon nombre d'entre nous de mieux comprendre - pas forcément accepter - leur passé même si , évidemment , celui de Konstantin n'appartiendra , à tout jamais , qu'à lui même.....
Je ne remercierai jamais assez ma chère épouse de si bien me connaître pour m'offrir "de telles beautés". Evidemment , mon avis n'est que le mien , mon histoire n'est que la mienne et ....vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire ...Il y a tant de nous dans ce que nous lisons ....Pour moi , ce roman est un bijou ....et cela suffit à mon bonheur du jour .
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Konstantin Boggosch est coupable. Coupable d'avoir eu un père nazi, criminel de guerre, pendu à ce titre en 1945. Quoi qu'il dise ou fasse, Konstantin devra porter ce poids, cette ombre écrasante, sa vie durant. Pourtant il n'a même pas connu ce père, mort juste avant sa naissance. Il ne porte même pas son nom mais celui de sa mère, qui s'est arrangée après la guerre pour récupérer son nom de jeune fille et faire modifier celui de ses deux fils. Konstantin a beau se désolidariser entièrement des faits et gestes monstrueux de son géniteur, le désavouer, rien n'y fait, son dossier ressurgit toujours, "grâce" à l'administration exemplaire de la RDA, qui n'oublie jamais rien. Empêché de s'inscrire au lycée en raison de sa filiation, Konstantin s'enfuit en France, seul, à 14 ans. Débrouillard, sans rien révéler de l'histoire de son père, il arrive à se faire embaucher à Marseille comme traducteur par un groupe d'anciens résistants. En parallèle, il suit des cours du soir pour pouvoir passer le bac, mais son honnêteté foncière ne lui permet pas de continuer à mentir à ses nouveaux amis à propos de son passé. Alors, à la construction du Mur, il rentre en RDA, à contre-courant de tous ceux qui essaient de fuir à l'Ouest à la dernière minute. Mais là encore, la tache noire de ses origines lui mettra des bâtons dans les roues pendant ses études puis sa carrière de professeur, l'empêchant d'obtenir postes et promotions alors même qu'il est de loin le plus compétent et le plus apprécié de ses collègues et de ses étudiants. Las! la bureaucratie pro-soviétique est sourde comme un pot à ce genre d'arguments...
Avec "L'ombre d'un père", je ne m'attendais pas à être embarquée dans des aventures aussi prenantes, captivantes. On pourrait reprocher à ce livre d'être froid, très descriptif et factuel, et de ne laisser que peu de place à l'émotion. Mais je pense que cela colle très bien avec le caractère de Konstantin, obligé très tôt de s'endurcir, qui cherche par tous les moyens à vivre sa vie et à se libérer de l'emprise post mortem de son père, et qui préfère l'action à l'auto-apitoiement. Si sa vie d'adulte est plutôt "rangée", les aventures à l'adolescence de ce gamin plein de ressources, déterminé et droit, sont incroyables.
A travers la vie de Konstantin, ce sont 60 ans d'histoire (est-)allemande qui sont balayés, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que, alors qu'à l'Ouest on parlait Mai 68, Woodstock et Flower power, les "Ossis" étaient bel et bien prisonniers derrière le Mur. Combien de destins se sont vu couper les ailes, piégés, au nom d'une idéologie implacable et de logiques absurdes ? Et ici, on ne peut même pas se consoler en se disant que c'est une fiction, parce que, comme le dit l'auteur, "des événements authentiques sont à l'origine de ce roman. Les personnages ne sont pas inventés".
"Mon père a tellement d'être humains sur la conscience. Et maintenant en plus, il m'assassine, moi". Héritier malgré lui d'un père qu'il renie, Konstantin Boggosch est une victime du gâchis perpétré par un système politique inepte, et le héros marquant de ce grand roman d'apprentissage, d'histoire et d'aventures.
En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'ai toujours été très intéressée et marquée par la seconde guerre mondiale. Quand j'ai découvert l'existence des camps de la mort, je me suis alors posé deux questions fondamentales, à mon sens.
Comment pouvait-on vivre et accepter sa filiation et son appartenance quand on naissait juif ou allemand.
Les premiers persécutés, exterminés en masse, comment assumer un tel héritage ?
Les seconds, les Allemands, comment être ? Comment vivre avec la culpabilité chevillée au corps.
C'est pourquoi, j'ai voulu lire l'ombre d'un père qui correspond exactement à cette problématique.
Konstantin, un jeune Allemand nait à la fin de la guerre, en 1945.Son père était un nazi, un criminel de guerre qui a été pendu au lendemain de la guerre.
Konstantin n'apprend son histoire familiale qu'à l'âge de dix ans, un soir de Noël, où sa mère lui révèle "ce douloureux secret". Elle a bien essayé d'effacer l'ombre de ce père maudit notamment en faisant reprendre à ses fils car Konstantin a un frère son nom de jeune fille. Mais rien n'y fait, de sucroit, ils vivent dans une petite ville. le père de Konstantin possédait une usine Vulcano qui embauchait la moitié de la ville.
Alors, Konstantin comprend mieux toutes ces paroles fieleuses qui l'entouraient jusqu'à lors. Il décide de fuir, de partir dans un lieu, un pays où personne ne connaîtra l'histoire de son père qui axphixie sa vie.
Sa fuite le mène à Marseille, et il est à noter, en tout cas, ça m'a beaucoup touché, que ce sont le monde des livres qui le sauvent. Se réfugiant dans une librairie, au milieu d'un monde rassurant, il fait la connaissance d'un libraire qui va lui offrir de quoi vivre et son amitié.
Mais l'ombre de son père est omniprésente, il découvre que celui-ci a voulu tuer le libraire pendant la guerre.
Son honneté, son esprit libre et pur l' empêchent de révéler cette nouvelle découverte.
Il rentre en Allemagne, en RdA, au plus mauvais moment, lors de la construction du mur. Et, là, encore, il découvre l'amitié et l'aide en travaillant dans une librairie.
L'époque, pour lui est funeste, la seule évocation de son nom, celui de son père que les autorités est-allemandes ont fichés pour l'éternité l'empêchent d'accéder à ce que sa formidable intelligence et culture devraient lui permettre.
Toute sa vie, il ne sera aux yeux des autres que le fils de son père, un criminel de guerre.
Un livre bouleversant, fort, qui ne nous laisse pas indemne.
Je dédié cette lecture à mon amie allemande : Doris, que j'ai connue à vingt ans et qui est toujours dans mon coeur.
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Une superbe immersion dans ce que fut la vie de toute une génération allemande de RDA, ballotée entre l'héritage du nazisme, le communisme puis la réunification. le sort de Konstantin Boggosch qui l'illustre est passionnant et suscite une empathie qui met le lecteur au coeur de cette époque déconcertante et oppressante. L'écriture, sans excès, est efficace et contribue à cette immersion, incitant à se demander ce que l'on aurait soit même fait dans cet environnement. Une belle réflexion sur notre histoire proche.
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Konstantin n'a jamais connu son père, mort quelques mois avant sa naissance, à la fin de la guerre.
Très vite alors qu'il grandit dans une petite ville d'Allemagne de l'Est (mais l'Allemagne n'est pas encore coupée en deux, le mur n'a été érigé qu'en 1961), il va comprendre que même si son père faisait partie des personnes importantes de la ville car il avait une usine prospère qui proposait du travail à tous les habitants, il a aussi une face cachée inavouable...
En effet, le père a fait partie des SS et a commis des actes inacceptables, tellement horribles qu'il a été jugé criminel de guerre et exécuté à la fin de la Seconde Guerre Mondiale par les troupes communistes polonaises.
A la suite de ces événements, la mère se bat pour reprendre son nom de jeune fille et le donner à ses enfants.
Elle voit son avenir complètement bouché. le pouvoir soviétique lui interdit d'enseigner alors qu'elle parle plusieurs langues. Elle doit donc aller faire des ménages.
Elle fera tout pour cacher à ses deux fils, le personnage odieux qu'était leur père et qu'elle a profondément aimé du temps où il ne l'était pas.
Après avoir cherché à comprendre comment ce fils d'enseignant, d'une famille droite et croyante, a pu ainsi se faire enrôler dans les troupes nazis, elle décide de l'oublier pour le bien de ses enfants.
Mais les autres sont là, ils n'oublient pas et ne cessent de rappeler aux enfants le passé de leur famille, même ceux qui faisaient partie des anciens collaborateur du père et en ont bien profité.
Konstantin étouffe dans cette vie étriquée, se voit interdire l'accès au lycée alors qu'il est le meilleur de la classe. Il ne veut pas être obligé de faire un apprentissage, seul avenir possible pour lui et décide alors à 14 ans, de tout quitter et de gagner la France, en cachette de sa mère.
Là-bas, il va se faire embaucher dans une librairie de livres anciens, comme traducteur, et va passer deux ans, protégé par des hommes intègres, eux-aussi au lourd passé : ils ont été résistants et envoyés dans des camps.
Un jour, Konstantin n'en peut plus de garder secret le passé de son père, qu'il voulait oublier en venant ici : il décide de regagner son pays. Il a obtenu, grâce aux cours du soir, la première partie du baccalauréat et ldoit beaucoup à ces hommes qui lui ont fait confiance...
Mais lorsqu'il arrive à la frontière, tout est devenu plus compliqué car le "mur de Berlin" vient d'être dans la nuit matériellement érigé...il sera matériellement construit plus tard. le jeune homme doit d'abord répondre à de multiples questions, pour prouver qu'il n'est pas un espion tentant de repasser la frontière.
Le retour ne sera pas facile... et sa vie professionnelle et personnelle seront en permanence meurtries par l'existence de ce père qu'il n'a pas connu. L'ombre de ce père et le souvenir de ses actes le hanteront jusqu'à la fin de ses jours...
Les enfants sont-ils responsables des actes de leurs parents ?
C'est un roman initiatique, non dénué d'une pointe d'humour malgré la gravité du sujet et une certaine distance prise par le narrateur. Nous suivons Konstantin, ce jeune garçon sympathique et débrouillard dans sa quête de poursuivre ses études, ce qui lui est refusé dans son pays, puis plus tard dans son combat quotidien pour avoir une vie professionnelle plaisante.
C'est un roman bien écrit, très prenant qui se lit comme un roman d'aventure tout en nous plongeant dans 60 ans d'histoire de l'Allemagne. Il nous fait réfléchir à ce que nous voulons faire de l'avenir, tout en n'occultant en rien la mémoire historique indispensable.
Les effets durables d'une guerre même terminée n'ont pas à influer sur le devenir des générations futures. Et pourtant...
Le roman est construit de manière originale, puisqu'on retrouve tout d'abord Konstantin à la retraite, mais poursuivi par une jeune journaliste qui veut l'interroger pour écrire sur lui parce qu'il a été directeur du lycée le plus prestigieux de la ville. Il est marié et sa femme doit bientôt partir en cure car elle vient de subir une opération grave de la colonne vertébrale. Lui bien entendu ne veut pas du tout entendre parler de cet entretien qui ferait ressortir encore une fois son passé.
Le lecteur entre ensuite dans sa vie de petit garçon et n'aura de cesse d'arriver à la fin du roman pour comprendre les raisons de son refus.
Konstantin est un personnage sympathique courageux et réaliste, qui va toujours de l'avant et ne passe pas son temps à s'apitoyer sur son sort. C'est une des raisons pour lesquelles il rencontre des gens qui vont l'aider à se sortir de toutes les situations, parfois rocambolesques, dans lesquelles il tombe. Sa droiture, le fait qu'il croit à son droit d'oublier ses origines, vont l'amener à ne plus fréquenter son propre frère qui lui, à l'inverse, considère son père comme un héros...
Cette lecture m'a rappelé des souvenirs personnels, lorsque que j'étais étudiante, j'avais réalisé que les jeunes allemands des années 70, portaient en eux la culpabilité de ce que leur pays nous avait fait, à nous français, alors qu'ils n'étaient pas nés.
Comment bâtir sa propre histoire de vie quand un de nos parents a commis des actes ignobles ?
Est-ce normal qu'un enfant paie pour son père ?
Est-ce normal que tout un peuple souffre et porte la responsabilité d'actes passés ?
Comment ne pas oublier les actes commis, sans faire peser le poids de la culpabilité sur les descendants ?
Les choses auraient-elles été différentes si le petit Konstantin et sa famille avait vécu à l'Ouest ?
Evidemment, il est important de se poser ces questions, même si personnellement je n'ai pas à rougir du passé de ma famille, je comprends que cela ne soit pas facile pour ceux qui eux, ont à en rougir...
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C'est peu de dire que le personnage principal de l'histoire, Konstantin Boggosch, est attachant. Son histoire, entre un père criminel de guerre nazi et parcours de vie derrière le rideau de fer en RDA, est captivante. Pourtant, la narration évite tous les effets, reflétant la probité scrupuleuse du protagoniste, en butte à l'hypocrisie, à la malhonnêteté et à l'arrivisme de certains personnages qu'il croise, à commencer par son frère. D'autres personnages sont positifs, lumineux, comme les quatre Français résistants ou encore son épouse Bea. Une excellente surprise que ce texte publié en 2001 en Allemagne et traduit en français seulement dix-huit ans plus tard.
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Konstantin Boggosch a soixante-sept ans, il vit paisiblement aux côtés de Marianne dans une petite ville de l'est de l'Allemagne. Ancien directeur du lycée, il est sollicité par une journaliste pour poser avec les trois autres anciens directeurs devant le lycée rénové. A cette occasion, la journaliste voudrait qu'il lui raconte son passé.

» le monde est suffisamment grand pour qu'on s'y perde, mais notre vie n'est pas suffisamment longue pour que nous puissions tout oublier. »

Si il refuse l'interview, à nous,lecteurs, il va tout raconter depuis son adolescence jusqu'à ce jour où il reçoit une lettre pour un certain Konstantin Müller.

Né en 1945, Konstantin n'a jamais connu son père mais il va pourtant régir toute sa vie. Sa mère, issue de la bourgeoisie, a choisi de renier et d'oublier cet homme, directeur des usines Vulcano, tué par les Polonais pour crime contre l'humanité. Gerhard Müller, proche du frère de Heinrich Himmler, avait construit un camp de concentration dans le bois de Ranen, à côté de son usine.
Si le frère de Konstantin, soutenu par son oncle, vénère son père, Konstantin suit sa mère dans la volonté d'oublier. Mais le jeune homme ne se libèrera jamais de ce fardeau écrasant. Après la défaite, fils de nazis ne peuvent pas être acceptés au lycée et passer le baccalauréat. A quatorze ans, Konstantin élève très doué, refuse d'aller en apprentissage et s'enfuit en France. Son rêve est de rejoindre Marseille pour s'engager dans la légion étrangère.
Doué pour les langues, grâce à sa mère qui imposait une langue différente chaque jour de la semaine, Konstantin devient l'assistant d'un libraire marseillais, ancien résistant revenu d'un camp de concentration. Après quelques années très riches en découvertes et amitiés, titulaire de sa première partie de bac, il souhaite retourner en Allemagne pour voir sa mère. En pleine construction du mur de Berlin, le retour au pays est difficile et irréversible.
Empathique, intelligent, volontaire, Konstantin est voué à la réussite même si le passé de son père est toujours là pour contrer ses ambitions.

» Tu n'es pas son fils, tu es sa dernière victime. »

Ce roman d'initiation nous plonge dans l'Allemagne d'après-guerre jusqu'à quelques décennies après la chute du mur de Berlin. le thème principal est bien évidemment le poids de l'héritage d'un père criminel de guerre, « l'extension de la sanction aux proches » . Christoph Hein la décline sur toute une vie, car ce fardeau peut suivre plusieurs générations. Alors qu'il n'avait rien à raconter à la jeune journaliste, Konstantin nous passionne avec sa vie semée d'embûches et de belles rencontres. Un roman passionnant et une belle réflexion sur l' héritage historique.

» Ne peut-on pas me juger d'après ce que je suis et ce que je fais?«
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Roman picaresque rythmé, récit subtilement historique sur l'ombre de la culpabilité et la façon de s'en arranger, L'ombre d'un père où L Histoire par les survivants de l'effondrement. Dans ce grand roman, qui se lit en une respiration, Christoph Hein dresse un portrait délicat, d'une ironie féroce, du poids de la mémoire et de son instrumentalisation poétique.
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En lisant les avis sur Babelio, j'ai vu que Aifelle avait beaucoup apprécié ce roman, et je suis d'accord avec ce qu'elle en dit.

La filiation et le poids des crimes d'un père sont les thèmes de ce roman. Konstantin et Gunthard Boggosch, sont tous les deux les fils de Gerhard Müller et de Érika Boggosch. Si les deux enfants portent le nom de leur mère c'est que celle-ci découvre horrifiée, que pendant la guerre 39/45, non seulement son mari était un Nazi convaincu mais, de plus, a commis des crimes si monstrueux qu'il a été jugé et pendu en Pologne à la fin de guerre. le destin des deux frères va totalement diverger, et cela permet à l'auteur d'analyser les différentes façons de se construire avec le poids du passé quand on est allemand. L'ainé, veut absolument croire au passé glorieux d'un père militaire et il refuse de le voir en criminel, quelques soient les preuves à charge. C'est d'autant plus facile pour lui, que ses preuves sont fournies par les Russes qui sont détestés par tous les Allemands. Il y a aussi un oncle à l'ouest qui a entrepris de réhabiliter son frère. Cet aspect est très intéressant car on comprend, alors, combien les Allemands de l'ouest ont été plus enclins à oublier le nazisme que ceux de l'est.
le personnage principal du livre, Konstantin, sera comme sa mère hanté, par le passé de son père. Et surtout ce passé se dressera sur sa route dès qu'il voudra réaliser quelque chose de sa vie. Parce que son père était un criminel de guerre, il ne pourra pas aller au Lycée. Commence alors pour lui, un parcours incroyable, fait de coïncidences trop exceptionnelles, pour moi. Il va fuir en France, car son premier projet est de s'engager dans la légion étrangère. Il rencontre à Marseille un groupe d'anciens résistants pour lesquels il va travailler comme traducteur car grâce à sa mère il parle français, russe, italien, anglais. Un jour, il reconnaîtra son propre père dans une photo prise dans le camp de travail forcé où son employeur et ami a failli mourir.
Trop honteux de cette filiation, il repart en Allemagne et, le jour où, le mur empêchera à jamais les gens de se réfugier à l'ouest, lui, il va à l'est pour retrouver sa mère.
Il sera refusé à l'école de cinéma, toujours à cause de son père. C'est certainement l'aspect le plus intéressant du livre : cette ombre qui empêche à jamais cet homme de faire des choix librement. La description du régime de l'est et des éternelles suspicions entre collègues dans le milieu enseignant est aussi tragique que, hélas, véridique.
En lisant ce livre, j'ai pensé à « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon , il est évident que les Français ont laissé plus de liberté aux enfants d'anciens collaborateurs. En Allemagne de l'Est qui est passé du Nazisme au communisme, les traditions d'espionnage individuel et de dénonciations n'ont pas permis aux enfants de Nazi de pouvoir oublier le passé de leur père. Mais on peut aussi se scandaliser de la façon dont à l'ouest on a si vite tourné la page qu'il suffisait de devenir anticommuniste pour faire oublier son passé nazi et antisémite.

J'ai lu avec grand intérêt ce roman, mais j'ai eu du mal à croire aux aventures de Konstantin. Il y a trop de hasards dans ce récit, en revanche la partie où il raconte ses difficultés pour mener une vie « normale » d'enseignant en RDA m'a semblé très proche de la réalité.
Il y a un aspect que je comprends pas, il revient en RDA pour revoir sa mère mais il ne la verra que peu souvent. Il s'offusque que son frère la fasse vivre dans la cave de sa maison, enfin dans un sous-sol, mais il ne la prend pas chez lui.

Ce ne sont là que des détails par rapport à tout ce que j'ai appris sur l'ex-RDA.
Lien : https://luocine.fr/?p=16135
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Konstantin n'a jamais connu son père. Nazi convaincu, criminel de guerre absolument dénué de scrupules, celui-ci fut exécuté en Pologne lors de la défaite allemande. Passée sous silence par sa mère lorsqu'elle apprit de quoi son mari s'était rendu coupable, l'histoire de ce père ne cessera cependant de peser sur les épaules de Konstantin.
Au sortir de la guerre, sa mère s'était pourtant battue auprès de l'administration pour reprendre son nom de jeune fille et le donner à ses deux fils. Elle avait pourtant rejeté tout geste entrepris par son beau-frère pour réhabiliter son mari et lui permettre de toucher une pension. Elle avait pourtant encore refusé l'héritage dont elle aurait pu bénéficier, préférant vivre dans le plus complet dénuement plutôt que de devoir quoi que ce soit à l'homme monstrueux qui fut son époux.
Mais qu'ils le veuillent ou non, les Müller, ou les Boggosh comme ils se nomment désormais, sont marqués au fer rouge.

Pour fuir cet héritage, Konstantin ne voit d'autre issue que de quitter son pays. C'est à Marseille qu'il tente de se construire un avenir. Mais le passé familial qu'il s'efforce de taire s'interpose sans cesse entre lui et tous ceux qui furent victimes de la barbarie nazie. Ecrasé par le poids de la culpabilité, il rentre chez lui, restant marqué du sceau de l'infamie... A l'Est, où il réside après l'édification du Mur, son « dossier » le rattrape constamment et Konstantin n'a d'autre choix que d'apprendre à vivre avec cette hérédité qui l'entache.

Christoph Hein revisite l'histoire contemporaine de l'Allemagne à travers un roman ample et captivant. Choisissant un mode de narration ultra classique mais furieusement efficace, il donne la parole à un Allemand qui, au soir de sa vie, retrace toute son existence. Une existence dominée par le secret et par un sentiment de culpabilité dont il est impossible de se libérer. Entre conscience de l'horreur des actes commis et compromissions omniprésentes au sein du régime communiste, l'auteur donne à voir une génération sacrifiée, privée de toute possibilité de penser son passé comme de bâtir son avenir.

Si le roman se situe essentiellement dans les années d'après-guerre et de guerre froide, et si j'avais pu espérer que la période actuelle soit davantage abordée, ce texte se révèle néanmoins passionnant. Son ampleur et la fluidité de sa forme narrative permettent au lecteur d'entrer en empathie avec le personnage pour saisir tous les obstacles tant psychologiques que conjoncturels auxquels il doit faire face.
Entre récit intimiste et fresque historique, ce roman embarque littéralement son lecteur pour lui offrir un formidable éclairage sur l'Allemagne contemporaine et sur son peuple.

Lien : https://delphine-olympe.blog..
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