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Critique de Ahoi242


Dans le jeu des sept familles, on trouve rarement la famille Friedman. Pourtant, le grand-père, Milton, a été prix Nobel d'économie ; la grand-mère, Rose Friedman, a co-écrit avec son mari ; leur fils David Friedman - le père dans le jeu des 7 familles - a écrit entre autres un Vers une société sans Etat (traduction approximative de The Machinery of Freedom) ; le petit-fils, Patri Friedman, a pour projet de construire des îles dans les eaux internationales pour y accueillir les entrepreneurs et les défenseurs de la liberté - voir le livre qu'il a co-écrit, Seasteading: How Floating Nations Will Restore the Environment, Enrich the Poor, Cure the Sick, and Liberate Humanity from Politicians. Dans la famille Friedman, on est libéral ou libertatrien de père en fils.

Dans Vers une société sans État, David Friedman place une annexe intitulée en anglais « My competition » - je ne me souviens plus de son titre dans la traduction française. Dans cette annexe, il cite des oeuvres partageant les idées de son livre et ses idées. Sont notamment cités des auteurs de science-fiction comme Poul Anderson pour Time and Stars (Garden City, NY: Doubleday, 1964), Robert A. Heinlein pour The Moon is a Harsh Mistress (New York: Putnam, 1966), C. M. Kornbluth pour The Syndic (Garden City, NY: Doubleday, 1955), Larry Niven et Jerry Pournelle pour Oath of Fealty. (New York: Pocket Books, 1981) ou Vernor Vinge pour True Names (New York: Bluejay, 1984), The Peace War (New York: Bluejay, 1984; Ultramarine, 1984) et Marooned in Realtime (New York: Bluejay, 1986; Baen, 1987).

À l'époque de ma lecture du livre de David Friedman, je m'étais rendu plein d'allégresse et d'innocence dans une librairie pour me procurer ces ouvrages-là. le librairie m'indiqua qu'ils n'étaient pas disponibles : l'explication était que, selon lui, les milieux de l'édition française - de gauche - considéraient certains de ces auteurs comme peu fréquentables - ils étaient jugés de droite voire d'extrême-droite ; par exemple, Robert Heinlein avait été qualifié de fasciste à la sortie de Starship Troopers, approximativement traduit en français par Étoiles, gardes à vous !, et qui est dédicacé "Au "juteux" Arthur George Smith, soldat, citoyen, homme de science, et à tous les adjudants de tous les temps qui ont oeuvré pour faire de jeunes garçons des hommes. R.A.H." ; dans le même temps des responsables du Parti Nazi Américain étaient publiés sans problème - aujourd'hui, ma mémoire me fait défaut sur les noms des auteurs en question. On se souvient que le prix Hugo a été secoué dès 2013 par les campagnes des « Sad puppies » et les « Rabid puppies » - ces deux groupes contestaient la forte représentation d'auteurs qu'ils qualifiaient de « gauche » et une faible représentation d'auteurs de « droite » dans les listes de nominés pour le prix Hugo.

Une des sources d'inspiration de David Friedman - il lui dédicace son livre ainsi qu'à son père et à Friedrich Hayek - est le livre de Robert A. Heinlein, The Moon is a Harsh Mistress. Ce livre a donné dans une traduction approximative en français, Révolte sur la lune. L'intérêt de Friedman pour ce livre de Robert A. Heinlein est qu'il décrit la possibilité d'une société « anarcho-capitaliste » - voir L'anarcho-capitalisme de Pierre Lemieux sur ce terme : grosso modo, cette branche du libertarianisme essaye de rassembler l'anarchisme et le capitalisme.

Dans Révolte sur la lune, Manuel Garcia O'Kelly, né libre sur la lune transformée en pénitencier, occupe le métier de technicien informatique à Luna City. Comme Manuel Garcia O'Kelly est né sur la lune, il ne pourrait pas s'adapter à la gravité de la terre et que par conséquent il est condamné à vivre sur la lune. Quand Mike, le super ordinateur de l'Autorité Lunaire qui s'est éveillé à la conscience, déduit des données à sa disposition que la lune est condamnée à sa perte si elle ne se libère pas du joug de la terre, la seule solution pour la lune est la révolte. Manuel Garcia O'Kelly va se retrouver partie prenante de la préparation de la révolution - plus qu'une révolte en fait - avec l'aide de Mike, de Wyoh, une agitatrice venue de Hong-Kong Luna, et du professeur de la Paz, un déporté politique et également de la constitution d'une nouvelle nation. C'est en partie cet élément qui intéresse des libertariens comme David Friedman - c'est un élément qui se retrouve également dans Marooned in Realtime de Vernor Vinge. En plus de cet élément, Révolte sur la Lune a participé à la diffusion et à la popularisation de l'expression « There ain't no such thing as a free lunch » que l'on trouve souvent sous l'acronyme TANSTAAFL - une expression reprise et très largement popularisée par Milton Friedman.

Même si certains éléments du livre sont aujourd'hui désuets - notamment le super-ordinateur qui est très daté par rapport aux ordinateurs actuels alors que l'action se passe en 2075 -, Révolte sur la Lune constitue un bon roman de science-fiction qui mérite encore d'être lu en 2017 - au moins pour la préparation d'une révolution et pour la réflexion sur ce que devrait être une nouvelle nation à l'issue d'une telle révolution.
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