AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,47

sur 56 notes
5
9 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Wouaw. Vous dire que j'ai pris un uppercut en lisant ce livre n'est pas très original, mais mon scepticisme pour ce sport en a pourtant pris un coup - de plus. Un de plus, parce qu'il y a quelques années, j'avais déjà fait connaissance avec le Boxeur de Jim Tully (lien vers le livre en fin de critique pour ceux que ça intéresse), avec une intention : comprendre pourquoi et comment on peut aimer regarder, ou pratiquer, un sport qui consiste à se faire mal. J'étais sortie émue de cette première rencontre attachante ; un peu sonnée aussi, KO, désorientée : j'avais aimé découvrir la motivation du héros, tout en n'étant pas sûre de pouvoir l'appliquer à tous les amateurs et professionnels. J'avais aimé pénétrer l'intimité de l'équipe qui se constituait et l'ambiance qui se dégageait du récit, mais n'admettais toujours pas qu'on puisse se taper dessus par plaisir. Surtout, l'abondance de dialogues, la plume linéaire et sans fioriture de l'auteur n'avaient pas réussi à m'amadouer totalement, malgré les descriptions belles et intenses des chorégraphies de combat sur le ring.


Sur les conseils de Bookycooky, j'ai donc récidivé avec Ce que cela coûte, de WC HEINZ. L'histoire est sensiblement la même : on va suivre un boxeur durant sa préparation jusqu'au championnat, où toute sa carrière se joue. Mais ici, le narrateur est un journaliste qui le suit pendant seulement un mois jusqu'au grand soir, pour écrire son papier. C'est donc par le biais de ses questions ou des dialogues que nous en apprendrons plus sur le passé du boxeur, dont l'équipe est déjà constituée et sur le pied de guerre. Et une guerre, c'en est une, entre ceux qui soutiennent Eddie et ceux qui sont pour « l'autre ». Comme dans le Boxeur, on finira par s'attacher à cette ribambelle de personnages, du boxeur à ceux qui gravitent autour, sparring partners compris. Car même si l'on arrive parmi des gens qui se connaissent déjà, on va vivre un mois avec eux tous, à l'hôtel où ils s'entrainent, se détendent, boivent des coups, se soutiennent dans les épreuves, et plaisantent ensemble. J'aime les détails des rituels apaisant d'avant match, les silences, cette économie de mots sous la pression que l'on sent irrémédiablement monter au fil de l'histoire. J'aime lorsque l'entraineur décrit comme il a façonné les muscles et les réflexes de son Dieu grec dans le marbre d'un entrainement précis et méticuleux, sans répit. Tous font d'énormes sacrifices pour ce sport, que je trouve finalement assez ingrat envers eux. Ce point est vraiment mis en exergue autant par Tully que par Heinz. On ressentira autant le bon esprit sportif, que le moins bon. Il y aura des victoires, mais aussi beaucoup de coups durs. Déchirants.


Je sors de cette lecture et j'ai presque envie de relire le Boxeur de Jim Tully pour voir si mon appréciation a changé. de mémoire, je pense que la grande différence entre les deux récits est la plume et la construction. Celle d'HEINZ est confortable, envoûtante. Elle contient pourtant pas mal de dialogues, elle aussi. J'ai même trouvé que les passages de boxe étaient moins bien décrits que ceux de Jim Tully - qui, dans ma mémoire, étaient de véritables ballets. Mais l'ensemble est convivial et vivant, avec les allés et retour dans le temps dus aux questions du journaliste sur le passé d'Eddie, ou encore le récit des souvenirs dans les conversations des personnages. Tout cela casse agréablement le rythme que j'ai trouvé moins linéaire, avec une plume plus enrobée peut-être ; ça meuble aussi efficacement le temps routinier de ce mois de préparation, durant lequel j'aurais pourtant apprécié de ressentir un peu plus l'effort du challenger, ce que le point de vue du journaliste permettait peu. Bref, j'ai aimé l'ambiance. A cette ambiance participe l'objet livre : une édition numérotée de chez Monsieur Toussaint Louverture dont la douceur du papier, la souplesse de la couverture et tout jusque dans l'arrondi de chaque angle de page, procure la sensation d'être bien accueilli. J'ai particulièrement apprécié les réflexions issues du retour d'expérience de l'entraineur. Mais plus encore, les pensées personnelles du journaliste ont retenu mon attention, sur la question qui me taraude depuis le début : Pourquoi aime-t-on ce sport violent ? Si les tentatives de réponses spontanées du boxeur laissent de prime abord sceptique, les pistes de réponses du journaliste lui-même (notamment dans l'extrait ci-dessous), même si elles ne sont que des pistes, viennent les éclairer : Je vais les poursuivre avec l'essai que Joyce Carol Oates a écrit sur le sujet. Je ne sais pas du tout si j'y trouverai mes réponses, mais je suis curieuse de la découvrir dans autre chose que ses romans !


« - C'était un corps-à-corps terrible, ils essayaient littéralement de se démolir, pendant qu'une marée humaine, assise dans les ténèbres hurlait pour en avoir plus. C'était comme deux monstres préhistoriques, enfoncés jusqu'aux genoux dans la vase primitive, prêts à combattre à mort, pendant qu'autour d'eux la jungle résonnait du bruit et de l'horreur de leur affrontement.
- C'était si beau que ça ?
- Oui, c'était la vérité même. Quand on veut battre un type, on cherche à l'abattre, au sens propre. On n'essaie pas de toucher un coureur, de pousser un lanceur à la faute ou de donner de l'effet à une balle. Ca, ce sont des raffinements apportés par la civilisation.
- Ce sont deux choses différentes. Un boxeur boxe, et un joueur de base-ball joue au base-ball.
- Non. Les joueurs de base-ball se battent aussi. Qu'est-ce qu'ils font quand rien ne va plus ? Quand être rapide ou maîtriser une balle ne suffit plus ? Vous en avez vu faire, quand ça devient trop tendu, ils enlèvent leurs gants, jettent leurs battes et s'affrontent à mains nues. (…) Car c'est la vérité, mais dans leur sport, c'est interdit, pas dans le vôtre. J'aime le base-ball. J'aime les raffinements de la civilisation, mais je crois que, de tous les sports, si c'est de ça qu'on parle, la boxe est celui qui est ancré le plus profondément dans l'homme, celui qui s'approche le plus près de la vérité. »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          6841
Un livre qui réhabilite et retrouve l'essence d'un des sports les plus exigeants, du moins à une époque où le Show-bizz, l'argent et le dopage (quoique..) n'avaient pas encore complètement mis la main dessus. Eddie se prépare pour LE combat de sa vie. le narrateur, c'est Franck, journaliste passionné qui va le suivre durant les derniers jours précédant le combat. Plein d'admiration et adoubé par Franck et son coach, il nous fait voir les sacrifices et la prodigieuse force mentale de ces surhommes pour encaisser la défaite et se relever. C'est de la matière brute, sans complaisance, du sang de la sueur et des larmes et même pour un prophane comme moi ce fut une découverte passionnante.
Commenter  J’apprécie          114
« Lorsqu'un gamin décide de devenir boxeur, et quand, quelque part, il se pointe dans une salle, sac à la main, il est comme un bloc de marbre tout droit sorti d'une carrière, un bloc de la taille d'un homme. Un tailleur de pierres peut voir beaucoup de choses dans le marbre brut, mais le sculpteur n'en voit qu'une. Pour lui, il n'y a pas deux blocs identiques, et ce qu'il voit, est ce que le bloc est destiné à devenir. Et c'est ainsi qu'est née la Victoire de Samothrace. […] Même le plus grand sculpteur au monde ne peut rien ajouter au marbre qu'il façonne. Si ce n'est pas là, ce n'est pas là. Personne n'y peut rien, personne ne crée, on se contente de gratter la matière pour en révéler la création. Et c'est comme ça que l'homme essaie de créer, et c'est ça qui fait peur aux plus grands. Ils sont les seuls à voir vraiment, et ça les effraie que dans leur travail de soustraction, ils ne soient pas capables de tout révéler, et que ce qui demeure caché le soit pour l'éternité. Mais ce qu'ils redoutent le plus encore, c'est le coup de trop, celui qui détruirait tout à jamais. C'est comme ça qu'on fabrique les choses, c'est comme ça qu'on fabrique un boxeur. »

Sous cette analogie pygmalienne se cache le récit d'une préparation. Celle du boxeur, Eddie Brown, façonné et rompu aux techniques de son entraîneur, Doc Carroll. Ce dernier après des années de métiers tient, semble-t-il, le boxeur capable de mettre en pratique sa science du Noble Art. Sous l'oeil observateur du journaliste sportif, Frank Hughes. le lecteur est amené à suivre l'entraînement de ce natif de New York, fils de plâtrier, époux et père de famille. Une chance pour le titre mondial des poids moyens qui survient après neuf années de carrière professionnelle. le combat d'une vie qui peut tout changer pour lui et son entraîneur.

W.C. Heinz (journaliste sportif, chroniqueur, romancier) fait entrer le lecteur dans ce microcosme, à travers les yeux d'Hughes. Il va être le témoin privilégié de la préparation de Brown. Des séances de sparring avec d'anciens boxeurs déchus, de la pression d'avant combat sous le feu des projecteurs de la presse, et des parieurs qui donnent le challenger perdant face au champion en titre. Et surtout du lien étroit quasi-filial entre le boxeur et son entraîneur, qui n'est pas sans rappeler les liens réels qu'ont tissés de grands champions de la discipline avec leur entraîneur.

Des semaines de préparation qui vont se jouer en seulement une minute et quarante-huit secondes. le temps suffisant pour que les dieux du sport décident si Eddie Brown est voué à la gloire ou à l'oubli.
Commenter  J’apprécie          40
Je suis toujours admiratif de la qualité du papier, des trouvailles de cette maison d'édition. Ce roman est encore une belle découverte pour moi et l'objet s'est bien installé dans ma bibliothèque.

J'aime les romans qui parlent de la boxe, j'ai donc commencé ce livre avec beaucoup d'attente et de plaisirs.

Ce livre s'est l'histoire d'un boxeur talentueux sue l'on va suivre durant toute sa période de préparation avant le match de sa vie.

Les y aura bien évidemment, à la fin, le match que j'attendais, mais il y a surtout du plaisir à vivre avec lui, son entraîneur, les autres boxeurs, un moment précis de leurs vies.
Commenter  J’apprécie          10

Autres livres de W. C. Heinz (1) Voir plus

Lecteurs (172) Voir plus



Quiz Voir plus

Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

Patrick Modiano
Denis Tillinac
Mathias Enard
Philippe Djian

10 questions
861 lecteurs ont répondu
Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

{* *}