Je ne crois pas dramatiser quand j'affirme que l'on, meurt un peu avec chacun d'eux, que quelque chose, si peu que ce soit, vous quitte avec lui. Je sais que plus on vieillit, plus on s'efforce de limiter cet effritement Je sais que l'on se demande quel degré d'émotion, quelle' quantité de sensibilité pathétique, combien de soi-même, on pourra continuer à donner tout au long de sa route — avant qu'il ne reste plus rien pour soi...
Il est impossible d'être chirurgien, sans croire à une certaine loi suprême. On ne peut sans croire être le témoin de tous les changements invariables, des immuables et dynamiques transformations qui forment la vie, du commencement à la fin. J'ai vu la mort des centaines de fois, j'ai vu mourir des hommes braves et mourir des hommes que l'on traiterait de lâches et, au bout du compte, il n'y a point entre eux de différence.
Un homme qui ne prend pas la voie la plus courte quand cela lui est possible est soit incompétent, soit froussard — mais s'il est assez brave, il vaut tout de même mieux qu'il soit suffisamment documenté pour savoir ce qui se passe sur ses deux côtés, sur son avant et son arrière, et qu'il ait la précaution de garder ses routes d'échappement ouvertes jusqu'à ce qu'il soit pleinement sûr de ce qui l'attend plus loin.
Il ne doit jamais être question de réaliser un exploit pour épater la galerie, mais il faut prendre son temps pour aller d'arbre en arbre par le chemin le plus sûr, d'autant qu'avec l'anesthésie moderne, on dispose du temps voulu et que personne n'est obligé de couper une jambe en vingt-huit secondes comme Liston le faisait il y a plus de cent ans.
Il me semble à moi que, si je conserve à une unique personne seulement une unique journée de vie, j'aurai fait davantage pour l'humanité que tout ce que je pourrai réussir dans n'importe quelle profession, n'importe quel métier, n'importe quelle affaire.
11/6/15 Flashback Friday: Author W.C. Heinz