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Kyle Baker (Illustrateur)
EAN : 9781606904992
196 pages
Edition Dynamite (08/07/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Throughout the decades, The Shadow has served as a timeless agent of justice, bringing death and disaster to tyrants and criminals alike. During the decadent 1980s, this mysterious Master of Men faced perhaps his deadliest opponents yet: the Seven Deadly Finns, a crime family gripping New York City in a stranglehold. When The Shadow's network applies pressure to their vast operations, the Finn brothers push back, enlisting serial killers and terrorists into their ra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Shadow master series, volume 1 (épisodes 1 à 6, par Andy Helfer & Bill Sienkiewicz) qu'il faut avoir lu avant (en fait il faut même avoir commencé par Blood and judgment d'Howard Chaykin). Il contient les épisodes 7 à 13, initialement parus en 1988, écrits par Andrew Helfer, dessinés et encrés par Kyle Baker (sauf l'épisode 7 dessiné par Marshall Rogers et encré par Baker) et mis en couleurs par Tom Zukio, avec un lettrage de Bob Lappan.

Épisode 7 - Harold est un jeune garçon, un peu isolé dans sa classe, avec une mère timorée et craintive. Il falsifie son autorisation de sortie (en imitant maladroitement la signature de sa mère) pour participer à une sortie de classe à Washington, où sa classe va assister à un discours de Ronald Reagan, le président des États-Unis.

Épisodes 8 à 13 - Larry Gross est persuadé qu'une entité appelée Red l'incite à tuer des individus qui doivent être châtiés. Étrangement, sa liste comprend surtout des noms de personnes dont le Shadow avait décidé de s'occuper. Il exécute ses victimes en leur enfonçant une broche à 3 dents dans la gorge. de son côté, le Shadow a décidé de s'en prendre à l'empire criminel des 7 frères Finn (et de leur mère). Il a également fort à faire à gérer et motiver les membres de son équipe : Etton Butterfield (qui a été renvoyé de son établissement scolaire, après la sortie qui a dégénéré), DeWitt (plus clodo qu'efficace), Twitchkowitz (toujours à jouer avec des substances illégales) et Gwen (l'infirmière reconvertie en catcheuse), Lorelei (une femme dans un poumon d'acier), Margo Lane et Harry Vincent (2 rescapés de l'équipe d'antan), Mavis Stapples, sans parler de ses 2 fils Hsu-Tei & Ching Yao. Il lui faut aussi régler le problème de Percy un chauffeur de taxi vindicatif, les excès de l'inspecteur Joe Cardona, chapeauté par Max (un autre agent du Shadow), et recruter Richard Dragnet, un privé qui s'exprime comme un personnage de Dashiell Hammett.

La légende veut que cette série ait dû être arrêtée à cause de l'approche non conventionnelle d'Helfer vis-à-vis du personnage. Non conventionnelle, c'est peu dire. Pour commencer, il faut 2 fois plus de temps pour lire ces épisodes, que pour lire un comics de superhéros. L'intrigue est copieuse et dense, sans être complexe ou incompréhensible. Helfer prend grand soin que les phylactères apportent des informations qui n'apparaissent pas dans les dessins. Il bénéficie de la minutie de Bob Lappan, capable d'écrire 2 fois plus petit que tous les autres lettreurs, tout en restant lisible.

Déjà le tome précédent présentait une forte identité graphique du fait de la personnalité hors du commun de Bill Sienkiewicz. Toutefois, un nouveau palier est franchi avec Kyle Baker. Il est très difficile de décrire l'amalgame improbable des dessins de Baker. D'un côté, on pourrait parler d'amateurisme, avec des traits de crayons tremblés, des éléments qui ressemblent à de vagues esquisses, des traits de guingois là où le lecteur s'attendrait à ce qu'ils soient soit horizontaux, soit verticaux, des silhouettes informes, etc.

D'un autre côté, chaque case est savamment composée pour donner une idée du lieu, ou de l'action. Les visages arborent des expressions absolument renversantes, et souvent très drôles, alors qu'ils sont souvent tournés directement vers le lecteur. Kyle Baker peut aussi bien être premier degré et presque photoréaliste, que d'une moquerie mordante et dans la caricature exagérée. Il est impossible de rester de marbre devant les mouvements exagérés de Gwen en train de terrasser ses adversaires sur le ring, ou de ne pas frissonner devant le regard habité de Larry Gross. DeWitt respire le manque d'hygiène et la volonté de bien faire.

Kyle Baker arrive à donner une identité graphique d'une force épatante à chaque personnage. Les fils de Ying Ko (le nom asiatique du Shadow) sont décontractés et plein d'entrain. Margo Lane et Harry Vincent font leur âge. Twitchkowitz est toujours aussi laid et fourbe.

Quelles que soient les loufoqueries prévues par le scénario (et ce n'est pas ce qui manque), Kyle Baker les intègre de manière naturelle au reste du récit, du tour de magie ringard de la femme sciée en deux, à un combat à main nue contre un gorille pas commode, en passant par l'affaissement de la statue de la patinoire du Rockefeller Center, ou encore un tir de lance-roquettes Stinger.

Dès le tome précédent, le lecteur avait bien intégré qu'Andy Helfer raconte une histoire bien ficelée, avec un degré parodique acerbe. L'intrigue de ce deuxième tome est hallucinante d'adresse et d'intelligence. Helfer développe son récit sur la base d'une lutte contre le crime, menée par le Shadow contre une famille criminelle. Il utilise le Shadow comme un individu aux capacités surnaturelles, fin stratège et habile tacticien. Par contre il doit travailler avec des individus très normaux, dans le sens où ils ne disposent pas de capacités particulières, ni même d'un altruisme inné, voire leur niveau de motivation est fluctuant.

Tout du long, Helfer intègre des comportements très normaux, qui sont autant de commentaires à l'ironie mordante. Cela commence dès le voyage scolaire où les enfants sont dissipés (comme de vrais enfants), ce qui induit des réparties cyniques et fatiguées des accompagnateurs adultes désabusés et usés. Cela continue avec le manque de professionnalisme de Ronald Reagan, clairement incompétent pour effectuer un discours cohérent.

Avec la deuxième histoire, Helfer augmente la dose d'humour cynique, servi bien noir. L'un des frères Finn possède une usine de fabrication de saucisse pour hotdog. Ses hommes de main se servent des fosses de broyage pour jeter les cadavres de leurs victimes qui finissent donc transformées en chair à saucisse. L'une de ces victimes portait un diamant en boucle d'oreille qui a échappé à la vigilance des tueurs et qui finit dans une saucisse. le consommateur se casse une dent dessus, mais conserve le diamant sans porter plainte. le frère Finn décide de transformer cette bévue (découlant du manque de rigueur des tueurs) en opération de publicité, indiquant que dorénavant un diamant sera intégré dans chaque lot de saucisses.

Le lecteur voit également apparaître un personnage d'origine arabe nommé Mustafa al Salehi, recruté par l'un des frères Finn, pour entraîner un commando de tueurs en série qui doivent assassiner le Shadow. al Salehi est un instructeur dynamique et efficace qui n'hésite pas à mélanger sa mission avec une ferveur religieuse l'incitant à promouvoir ses idées de fidèle croyant dans le cadre de la mission qu'il exécute pour les Finn. On a du mal à imaginer un récit à ce point politiquement incorrect de nos jours.

Cependant ces provocations perspicaces et dérangeantes ne prennent jamais le pas sur l'intrigue proprement dite. Pour cette dernière, Helfer a imaginé une structure sophistiquée qui aboutit à une résolution des plus claires et des plus inattendues. Plutôt que de montrer le Shadow comme un individu omniscient et omniprésent, il préfère le montrer comme une force de la nature qui ne peut pas être partout et qui doit s'appuyer sur ses agents. Ces derniers sont presqu'entièrement dévoués à sa cause, tout en conservant une part d'autonomie et de motivations propres. C'est ainsi que dès que l'occasion se présente, Twitchkowitz prend le large avec Gwen pour la faire remonter sur le ring. de la même manière, Margo Lane houspille Harry Vincent pour qu'il ait le courage de demander des vacances au Shadow.

Helfer tisse les fils de son intrigue dans une tapisserie à la richesse incroyable, et aux motifs défiant l'anticipation du lecteur. Il intègre de nouveaux agents (Percy le chauffeur de taxi rasta à l'accent à couper au couteau) par le biais de circonstances oscillant entre l'absurde et la loufoquerie. Il leur conçoit des personnalités très marquées, ou même parodiques (Richard Magnet, en sosie pathétique d'Humphrey Bogart), tout en les faisant fonctionner comme des personnages au premier degré. Il entremêle les fils narratifs de sa toile, avec un naturel et une maestria confondante, rendant normaux et logiques les situations les plus abracadabrantesques. Enfin il réussit à étoffer la personnalité de chaque protagoniste, sans rien perdre en humour. Avec Helfer, le lecteur éprouve la sympathie que Twitchkowitz porte au docteur Flax, spécialiste des armes bactériologiques qu'il aime bien tester et utiliser sur son prochain.

Le lecteur pensait qu'Andy Helfer avait trouvé en la personne de Bill Sienkiewicz, le seul artiste capable de représenter la démesure de ces histoires denses et irrésistibles. Quelle grossière erreur ! Kyle Baker se révèle encore plus caustique dans la loufoquerie grotesque (à la fois drôle et horrible). Andy Helfer atteint un nouveau niveau dans sa narration rigoureuse et délirante, drôle et horrible.
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