AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de POY1


Avec le cheval d'orgueil, j'ai poursuivi mes pérégrinations littéraires dans nos campagnes. Après la Vendée de Michel Ragon, les terroirs bourguignons de Gaston Roupnel et Maurice Genevois, me voilà en Bretagne, en pays bigouden.
Pierre Jakez Hélias décrit le Penn Ar Bed, là où la terre finit en breton, des années 20, celui de sa jeunesse bretonne. Il a été le témoin d'une vie paysanne qui, par son éloignement des centres de décisions et les conséquences de la Grande Guerre, a connu la période des transformations agricoles plus tardivement que les autres régions. Encore profondément bretonnante et traditionnelle, la société bigoudène voit l'introduction de la mécanisation des actions paysannes et l'éclatement du cercle familial par le départ des jeunes au bourg, voire dans les grandes villes, ce qui aura pour conséquence le développement de l'emploi du français. Promu par l'école, les bretons qu'ils soient « rouges », républicains et progressistes, ou « blancs », fervents catholiques et défenseur des traditions, ont conscience que l'apprentissage du français est une nécessité pour leurs enfants, mais aussi qu'il aura aussi l'effet d'un bouleversement sociétal local.
Comme d'autres critiques l'ont précisé avant moi, je m'attendais à un récit autobiographique romancé. Il n'en est rien. Après un temps d'adaptation, j'ai compris que Pierre Jakez Hélias était en fait un conteur au coin du feu. Comme un aïeul ou un lointain parent, il s'installe près de l'âtre, comme autrefois, et il nous rapporte des histoires, des traits de vie, des anecdotes. Il évoque ce passé de façon très thématique et décrit sa vie de sa naissance à son entrée au lycée.
Certains l'ont souligné, les descriptions peuvent manquer de charme ou d'intérêt. Néanmoins, ce que cherche l'auteur c'est la précision, pour que sa mémoire laisse une trace dans la Mémoire collective de ce qu'était cette région de France, il y a un siècle. On ne peut lui reprocher. Parfois, les anecdotes sont cocasses, notamment les occupations des enfants. Les « aventures décrites » m'ont rappelé celles que l'on trouve dans le Grand Meaulnes avec, également, sa nostalgie du Temps passé.
Le passé est un regret pour l'auteur mais il a toujours un peu l'espoir et l'optimisme que l'avenir peut conserver les traces d'une société de traditions, voire qui pourrait revivre. Ce sont d'ailleurs ses propos dans le dernier chapitre du livre. Analyse de l'auteur qu'il convient de replacer dans la deuxième partie des années 70, puisque il l'a écrite en 1975. Cependant, force est de constater que certaines de ses remarques s'avèrent justifiées trente ans plus tard.
Comme l'écrit l'auteur en parlant d'un chiffonnier qui regarde les enfants de ces années 20 « Il ne sait pas encore que nous ne serons pas des clients pour lui parce que le monde a changé ».
Commenter  J’apprécie          131



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}