Mettre ses pensées intimes par écrit, c’est comme se démaquiller et voir son visage nu.
Mon métier m’a appris à me faire une idée précise des gens dès la première rencontre. Mais dans ma vie privée, je suis capable de rester volontairement dans le flou – surtout après un ou deux verres. Il y a quelques mois, j’ai rencontré un bassiste. Je suis allée chez lui. Il était évident qu’une femme vivait là, mais je ne lui ai posé aucune question. Je me suis persuadée que ce n’était qu’une colocataire. Est-ce que c’est mal de ma part de m’être mis des œillères ?
Une femme peut avoir envie d’un regard charbonneux et d’une bouche naturelle alors qu’une autre s’imaginera avec un rouge à lèvres provocant et un simple coup de mascara. Prendre mon temps pendant ces premières minutes me permet d’en gagner en bout de course. Mais je me fie aussi à mon instinct et à mon sens de l’observation.
Il y a des jours où je regrette de ne pas vivre plus près de mes parents pour pouvoir les aider. Et d’autres où j’ai honte d’être aussi soulagée que ce ne soit pas le cas.
Je n’ai pas peur des inconnus, cela dit. J’ai appris à mes dépens qu’il y a plus à craindre des visages familiers.
Les gens redeviennent toujours ce qu’ils étaient. Le vrai changement demande davantage que les accessoires que je manie.
Nous avons tous des raisons d’agir comme nous le faisons. Même si nous les cachons à ceux qui croient nous connaître le mieux. Même si elles sont si profondément enfouies en nous que nous n’en avons pas conscience.
C’est facile de juger les choix des autres.