Depuis toujours, les Dionous écrivaient des icônes. L'icône était à l'œil ce que la parole est à l'oreille, elle atteignait l'intelligence et le cœur, n'ignorait rien du code des couleurs - le bleu évoquait la paix, la vérité, la transcendance divine, le rouge le sacrifice et la gloire, le pourpre était réservé à Dieu, le noir symbolisait la destruction, l'enfer, la révolte, le vert l'ouverture à autrui, le jaune la lumière, la force, la sagesse, l'or la puissance et la gloire.
À vingt ans il lui semblait qu'il ne devait suivre que sa propre inspiration. Seurat avait-il appris d'autres peintres ce qui faisait son génie ? Comme lui, il avait compris qu'une forme, celle d'un arbre, d'une femme, d'un bouquet de fleurs, est une série de points de lumière juxtaposés. Le souffle de ces points crée la vie.
Déjà à l'église il avait remarqué que les vitraux éclairés par le soleil flamboyaient, tandis que ceux exposés au nord étaient gris et ternes. La vie était-elle seulement la traversée d'une nef d'église ? Une marche de l'ombre vers la lumière ?
Une œuvre d'art devait faire rêver, faire battre le cœur, elle devait emballer l'esprit et l'imagination, mettre une touche de lumière sur l'inconnu, l'incompréhensible.