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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Hertmans suscite en moi des sentiments très mitigés. J'hésitais avec ‘Guerre et Térébenthine‘, il me convainquait avec ‘Le coeur converti', mais celui-ci est un pas en arrière. Comme dans les deux autres cas, Hertmans présente à nouveau une histoire romancée avec une touche personnelle. Il reconstitue cette fois la vie de Willem Verhulst, un nationaliste flamand radical qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, est devenu fonctionnaire du SS et a dénoncé de nombreuses personnes dans la ville flamande de Gand et ses environs. Et le lien personnel est que l'auteur, quand il était jeune – sans s'en rendre compte – a acheté une maison à Gand où Verhulst avait vécu avec sa famille. le fil rouge de ce roman est la tournée que le jeune Hertmans en 1979 fait avec le notaire dans la maison alors très délabrée (d'étage en étage de plus en plus haut, d'où le titre 'L'ascension'). Fidèle à ses convictions postmodernistes, Hertmans porte également une grande attention à la manière dont il a reconstitué la vie de Willem et de sa famille : la consultation de documents d'archives, d'écrits publiés et inédits de Verhulst et de son entourage, les conversations avec des proches et des témoins, des visites de lieux où Verhulst a été, etc.

Ma maigre note trahit qu'une fois de plus je n'étais pas complètement sous le charme de ce Hertmans. Pour commencer, il y a la figure de Willem Verhulst lui-même. Hertmans admet qu'il ne parvient pas à le saisir, ne peut pas vraiment reconstituer ce qui a poussé Verhulst à conspirer avec les nazis, l'homme soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Bien sûr, ce n'est pas nécessaire, tant dans des études historiques que dans des oeuvres de fiction, un personnage principal peut rester éphémère ou ambigu (après tout, la Vigdis du XIe siècle dans "le coeur converti" était beaucoup plus éphémère). Mais la grande importance qu'Hertmans accorde à Verhulst en tant que personnage moteur du roman signifie que vos attentes restent insatisfaites. En y regardant de plus près, Verhulst s'est avéré être un petit poisson, un nazi de bureau, même s'il a causé beaucoup de misère et n'a ensuite dû payer que très peu pour cela.

Comme de nombreux autres critiques l'ont souligné, le véritable protagoniste de ce roman semble être l'épouse hollandaise de Verhulst, la dévote protestante Mien/Mientje. Et sur ce point j'ai un sentiment très ambivalent. Hertmans la décrit comme une véritable héroïne, qui a résisté modestement mais fermement au radicalisme de son mari, et qui a aidé très volontiers ses enfants et bien d'autres. A en juger par ce qu'écrit Hertmans, il semble que Mien était en effet une femme très serviable et juste. Mais à plusieurs reprises, j'ai l'impression que l'auteur dresse le portrait de Mien de manière un peu trop hagiographique et traite les informations disponibles de manière manipulatrice. Il donne l'impression que ce n'est qu'après l'occupation de la Belgique par l'Allemagne nazie, au milieu de 1940, que Mien s'est rendu compte que son mari s'était avéré dans la collaboration. Cela contredit les visites que toute la famille a faites en Allemagne dans les années 1930, où le milieu nazi était très ouvertement fréquenté. À mon avis, Hertmans la dépeint un peu trop naïve, bien que je puisse bien sûr comprendre parfaitement le dilemme de loyauté avec lequel elle a dû se débattre.

Ce sentiment de manipulation de la part de l'auteur s'est emparé de moi encore plus vers la fin du roman. Hertmans adopte ici une approche moraliste, avec des avertissements explicites contre l'extrême droite en politique aujourd'hui. Sa grande attention à l'hommage que Bart de Wever (l'un des principaux hommes politiques De Belgique aujourd'hui) a rendu à la maîtresse de Willem Verhulst et à quelques autres personnalités en 1997 (alors que De Wever était encore une figure obscure) m'a donné un sentiment de malaise. Je partage le point de vue de l'auteur sur la question, mais on n'a vraiment pas besoin de prendre le lecteur par la main de manière aussi pédante, à mon avis, le lecteur peut vraiment tirer ses propres conclusions.

Sentiments mitigés, donc ce roman ne m'a pas complètement convaincu. Sur le plan de la composition, cette histoire boite également sur des jambes un peu trop différentes : reconstruction historique de la vie de Verhulst et de sa famille, retour en arrière sur la visite de l'auteur en 1979 dans la maison de Gand, et l'effort de l'auteur maintenant pour reconstruire le passé. Plusieurs passages de celui-ci sont absolument à un niveau littéraire de haut niveau, mais il ne contient pas de véritables feux d'artifice.
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Dans ce roman, le narrateur qui est aussi l'auteur va remuer le passé pour donner vie à la mémoire des murs. A la fin années 1970, il a eu un coup de foudre pour une maison. Il y a vécu vingt ans, et au moment de déménager, il prend conscience de qui a habité entre ces murs avant lui : Willem Verhulst, un SS.

L'auteur va alors se lancer dans un long travail de recherches documentaires pour comprendre qui était cet homme. C'est donc cette histoire que l'on va découvrir, celle d'un homme, d'une famille, dans un texte où la frontière entre fiction et réalité est difficile à cerner. C'est l'histoire d'une ascension, celle d'un homme flamand, qui va se d'abord marier avec une femme juive, plus âgée que lui. Une fois veuf, il se remarie avec une femme d'origine protestante qui ne voit pas d'un très bon oeil l'engagement politique de Willem. On assiste avec écoeurement à la montée de haine chez cet homme, responsable de tant d'arrestations et de morts.

Ce roman est accompagné de quelques photos ou images d'illustrations, attestant du travail documentaire de l'auteur et rendant davantage intense la réalité de ce portrait. C'est un roman surprenant, où l'auteur met en avant l'humanité de ces personnages, tout en montrant le pire qui peut s'y cacher. Willem est un personnage très ambivalent. Il nous apparait dans un premier temps comme un homme intriguant, avant de laisser une vraie impression de malaise. Au delà de Willem, c'est son épouse qui aura le plus attisé mon intérêt durant ma lecture. Une femme qui voulait protéger ses enfants et qui se tenait à l'écart de toute la collaboration active de son époux. Elle est à mes yeux la protagoniste essentielle de ce récit.

L'ascension reste un roman dense, dont la lecture ne fut pas vraiment réjouissante. J'ai trouvé la plume de l'auteur assez froide et distante.
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