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J'admire les gens qui font bien leur boulot. Ici, Stefan Hertmans, auteur belge, a fait du bon boulot.

Il a retracé la vie de Willem Verhulst, un flamingant collabo.
Un flamingant : pour ceux qui ne sont pas de notre pays, cela signifie que c'est un homme qui veut absolument la séparation de la Flandre et de la Wallonie. La Belgique, des foutaises ! Bart de Wever en est la quintessence, actuellement.
C'est vrai que les Flamands, depuis la 1e guerre mondiale (où les ordres étaient donnés en français dans les tranchées de la bataille de l'Yser), ont été obligés de faire leur scolarité en français. Une partie d'entre eux n'a plus pu supporter cela, et c'est comme ça que la séparation mentale s'est opérée : les Flamingants d'un côté, les Flamands belgicistes de l'autre, et les Wallons dehors (il va sans dire que je résume fortement la situation).
Et quand Hitler est arrivé au pouvoir, les Flamingants se sont reconnus dans ce peuple germain. Et ont donc collaboré, d'une manière ou d'une autre.
Notre homme, Verhulst, était bien vu par les nazis, au grand dam de sa deuxième femme, l'Hollandaise Hermina, ou Mientje. Celle-ci est une femme honnête, bonne, dévouée à sa famille, et très religieuse. Mais toujours, malgré l'uniforme nazi que son mari arborera, malgré le buste en plâtre d'Hitler trônant sur la cheminée, elle servira son mari, même si elle ne peut s'empêcher de le désapprouver continuellement. Quand celui-ci partira, une fois avec sa maitresse, une autre fois en prison, elle continuera à entretenir la maison et à veiller sur leurs enfants.

Parlons-en, de cette maison sise à Gand, dans un quartier lugubre digne du « Malpertuis » de Jean RayStefan Hertmans l'a habitée à la suite du départ de cette famille, bien longtemps après la 2e guerre. Il y a vécu 20 ans, et franchement, je ne sais comment il a pu y séjourner, car elle était déjà, lors de son emménagement, en très mauvais état. La narration de ce livre se conjugue en deux temps : la visite de la maison par le notaire et la vie de ce Willem Verhulst.

A vrai dire, je reconnais que cette partie de l'histoire de la Belgique intimement liée à celle de la Flandre, m'a éclairée sur bien des points, quoique ma lecture m'ait paru assez longue. Les biographies, je n'aime pas trop, à part celles de Stefan Zweig. Mais j'aime beaucoup Stefan Hertmans et je vais le dire encore une fois : bravo pour sa recherche et l'ambiance créée.

Avis donc à la population francophone autre que belge : si vous voulez faire la connaissance intime des Flamands, les extrémistes comme les autres, lisez ce livre belge, et vous vous rendrez compte combien peut être tendue, parfois, la relation entre Flamands et Wallons.

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La Flandre, son ciel bas, sa terre lourde et collante, la pluie et l'humidité qui ronge tout. La Flandre, son passé collaborationniste. La Flandre, le succès grandissant de ses partis nationalistes et/ou extrémistes de droite. La Flandre, mon pays.

Hertmans nous raconte ici l'ascension de Wim Verhulst, membre actif du mouvement nationaliste flamand dans la première moitié du XXème, et surtout l'un des plus grands collaborateurs de la seconde guerre mondiale. Il nous dévoile « un héros de pacotille, un vrai froussard ».

C'est un récit à peine romancé et principalement basé sur des faits et des documents historiques. La plume est très agréable, Hertmans sait écrire. A noter tout de même qu'on est très loin de la démarche du dernier Chalandon, « Enfant de salaud », bien que le sujet abordé soit identique !

C'est très fouillé et très bien documenté. L'auteur a entre autres interrogé les enfants de Verhulst, témoins en première ligne, mais ne comptez pas sur lui pour essayer de comprendre la motivation du collaborateur ou pour spéculer sur sa psychologie. L'auteur reste neutre du début à la fin du récit, et pose un vrai regard d'historien sur cet épisode de l'histoire, mais aussi sur l'histoire de Gand, de la Flandre et des mouvements nationalistes.

Il revient notamment sur l'hommage rendu par Bart de Wever, actuel président de la NVA (premier parti flamand), à la deuxième épouse de Wim Verhulst, Griet. Ils étaient amants et s'étaient enfuis ensemble en Allemagne dans les derniers jours de la guerre, espérant échapper à la justice belge.

Lors de cet hommage, en 1997, le tout jeune Bart de Wever fait un discours pour les 90 ans de Griet Verhulst et la remercie pour sa combativité et son soutien à « l'émancipation flamande », devant un parterre d'anciens collaborateurs déchus de leurs droits civiques et de membres du Vlaams Blok (actuellement Vlaams Belang, parti d'extrême droite flamand). Il faut dire que Griet a la photo encadrée du Führer sur sa commode !!!!!

Ce récit révèle aussi la différence entre le nationalisme flamand et les autres partis nationalistes européens : si en Europe, les partis d'extrême droite prolifèrent sur fond de populisme, de baisse de pouvoir d'achat, de crise migratoire et sanitaire, en Flandre, le mal est plus profond et plus ancien. Il date de la première guerre mondiale, quand les Allemands ont su attiser la haine des Flamands pour l'Etat Belge et la langue française, parlée par les élites et les bourgeois à l'époque, aiguiser le nationalisme flamand et instiller le poison de la division entre Flamands et Wallons, division de plus en plus saillante. Et de plus en plus préoccupante.
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Certes le livre est appelé « roman », l'imagination de l'auteur a recréé pour nous les vides du quotidien, les gestes et paroles qui peuvent exister dans toute vie, les quartiers, les rues, les jeux de lumière,les ciels gris et les bruits familiers.

Un lieu particulier, une maison, grande bâtisse gantoise dans un quartier populaire.
Une maison qu'acheta l'auteur en 1979. Il nous raconte les différentes pièces, se remémorant la visite qu'il en fit avec le notaire de Potter, propriétaire du lieu.

Ce n'est que vingt ans après s'en être séparé, qu'il découvrira l'histoire des occupants précédents et de l'époque tragique où ils y vécurent grâce à la lecture du livre d'un de ses anciens professeurs : Adriaan Verhulst.

Ce dernier y passa la fin de son enfance et toute sa jeunesse avec sa mère, ses soeurs et son père Willem Verhulst.

Et de roman, le livre bascule en témoignage sur cette famille, en faits réels qui vont raconter les années troubles de l'occupation allemande, de la guerre et des hautes convictions collaborationnistes du père, des jours noirs, du « salon mortuaire » où se tenaient des réunions entre SS et flamands associés à ce nouvel ordre.

Homme au visage nanti d'un oeil borgne, moqué pendant sa scolarité, virant dans un excès nationaliste chassant francophones, rêvant d'une Flandre insérée dans le rêve germanique.

A la solde du Reich, connaissant une « ascension » pour les « bons » services rendus, l'homme mène, pendant la guerre, une carrière d'espion, de directeur des Hautes Écoles (qu'il ne se gênera pas de voler), établira des listes (juifs, franc-maçons, belgicistes…).

Homme excessif, sans scrupules, trompant sa femme devenue « maman », la maintenant en dehors de ses activités qu'elle ne peut pleinement ignorer puisqu'il porte l'uniforme à tête de mort et qu'un buste de Hitler est posé sur la cheminée.

Mientje, l'épouse hollandaise protestante à la croyance poussée à l'extrême est d'une humanité en contradiction totale avec son mari. Pacifiste, épouse, fidèle à son devoir de mère de famille, elle le soutiendra comme elle portera assistance à toutes personnes quelles que soient leurs opinions, leurs croyances, leurs origines.
L'abnégation de soi, la fidélité à sa foi, la présence bienveillante la constituent.

Quant aux enfants…, ils vivent la période trouble avec la conscience de leur âge mais marqués à jamais par le personnage trouble jusqu'à l'abjection qu'est leur père, marqués aussi par les réflexions, les combats, les bombardements, la brutalité des hommes, la peur.

L'auteur a bénéficié de leurs témoignages. Il a pu aussi compulser des documents (journaux tenus par les différents protagonistes, lettres…) ce qui confère à ce roman-récit-document-témoignage, une vérité et sur les gens et sur les lieux et sur l'époque, réalité qui nous bouscule et nous instruit.
D'autres noms dont certains connus en Flandre traversent le livre et méritent qu'on s'y attarde (artistes, politiques,…).

Nous apprenons beaucoup sur la Flandre, sur l'histoire de Gand (le passage de l'enseignement « bourgeois » francophone à la langue flamande dès 1916), sur une extrême-droite qui perdure de nos jours et « sourit » encore devant les actes antisémites, sur l'hommage rendu à Griete (qui possédait toujours un portrait de Hitler à la fin de sa vie), maîtresse puis troisième et dernière épouse de Verhulst après la mort de Mientje, hommage par un certain président de parti, parti nationaliste qui gère aujourd'hui la Flandre et cela fait frémir de savoir que de telles vues d'esprit perdurent et que le danger est toujours tapi.

C'est un portrait sans concession.
Deux peuples, deux cultures, deux déchirures.
Francophones/néerlandophones et entre néerlandophones nationalistes et néerlandophones fédéralistes.
L'Histoire les a réuni et désunit souvent. Pour le pire en cette période racontée…
Tous ces événements passés ont donc encore des conséquences sur la politique belge aujourd'hui.

Une fois de plus, cette seconde guerre mondiale se dévoile et l'on y découvre de nouvelles monstruosités, des vies saccagées, des faits que l'on ignorait, la manière dont on vivait en ces temps obscurs et terrifiants, des lieux où l'on se promène de nos jours sans savoir… un peu comme l'auteur qui n'a découvert que tard les dessous de cette maison à la glycine parfumée.

Les dernières volontés de Willem Verhulst laissent pantois car surgit par-delà tous ces événements, le nom de la première épouse d'origine juive (!) : Elsa.

Peaufinant jusqu'au bout ses recherches, Stefan Hertmans raconte sa rencontre avec le sculpteur Koenraad Tinel dont les parents et les frères furent des collaborateurs notoires.
Cela donne lieu à un passage émouvant montrant la souffrance de l'artiste exécrant le nazisme et, au-delà de lui, de membres de familles entachées par la collaboration.

L'évocation du massacre de août 44 à Comblanchien boucle le récit et rend un dernier hommage à ceux qui défendirent notre liberté contre la barbarie.

L'auteur a mené un travail minutieux et consciencieux pour réunir et approcher l'histoire et L' Histoire.

Livre précieux en ces temps où l'on entend émerger des paroles qu'on voudrait ne plus entendre, livre précieux qui montre la dérive d'un homme conduit par un narcissisme malsain, un nationalisme aveugle et un idéalisme dangereux et qui, jamais, ne douta de lui ni de ses actes.

Livre admirablement construit, bouleversant, bousculant, haletant, instructif et salutaire.
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Enquêter sur des faits anciens et nous plonger dans une histoire basée sur la vérité historique, agrémentée de l'inspiration crédible du romancier, beaucoup d'écrivains s'y sont essayé mais peu parviennent à passionner comme peut le faire Stefan Hertmans. Après le formidable le coeur converti, en s'attaquant à une période plus récente, mais en procédant de la même manière, l'auteur belge récidive avec éclat autour du sinistre Willem Verhulst, SS flamand, collaborateur zélé du Troisième Reich. Une ascension n'est donc pas une biographie classique de ce Flamand rosse mais une approche d'un réalisme inouï, quasi en immersion auprès de ce triste personnage, de son épouse, de sa maîtresse et de ses enfants. Mais c'est surtout une époque qui revit sous la plume de Stefan Hertmans, avec en point d'orgue l'occupation de la Belgique et la haine des deux grandes communautés qui peuplent le pays : wallonne et flamande, la collaboration avec les nazis n'ayant épargné ni l'une ni l'autre mais avec une fureur, si l'on ose dire, plus forte encore du côté de la deuxième et qui est au coeur du livre. C'est aussi un voyage à Gand, la ville natale de l'auteur, qui raconte dès les premières pages d'Une ascension comment il en est venu à s'intéresser à Verhulst. Les pages qu'il consacre à la documentation qu'il a patiemment amassé, loin de freiner la lecture, l'enrichissent diablement et constituent à la fois une respiration et une perspective. Nourri de témoignages de première main (auprès des descendants du dignitaire nazi), d'archives diverses (dont les journaux de sa femme) et même de photographies, le "roman" montre, sans vouloir les expliquer à tout prix, la rage, les mensonges et les atroces égarements de Vehulst, dont la figure diabolique ne parvient pas à effacer celle, à l'opposé, de son épouse, pacifiste et victime de cet associé des forces du mal, lequel n'aura finalement pas payé si cher pour ses méfaits.
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En 1979, alors qu'il se promène à Gand, en Belgique, l'auteur tombe sous le charme d'une maison qu'il décide d'acheter. Il y passera vingt ans avec sa famille. Alors qu'il l'a déjà revendue il découvre qu'un certain Willem Werhulst l'a également habitée avec toute sa famille, des années auparavant.

Mais ce qui lui donne le vertige, c'est que cet homme à priori ordinaire a intégré la SS et a été très fortement impliqué dans une collaboration intense avec le IIIe Reich. S'ensuit une période d'enquête, de recherches, de rencontres pour comprendre celui qui a habité cette maison. Comment et pourquoi l'auteur n'a t-il lui-même rien senti, imaginé , compris, entre ces murs.

Qui étaient Mientje, l'épouse et Letta, Adri et Suzy les enfants de cet homme ? Des complices aussi pervers que lui, des victimes de sa personnalité à une époque où il était plus sûr de se taire.
Comment ont ils supporté le mal, en adoptant la même attitude, en l'ignorant, les enfants étaient-ils au courant des agissements du père... Leur mère était-elle soumise, consentante, ou forcée à vivre sous le même toit sans accepter ces dérives.

Des questions auxquelles il tente de répondre en nous présentant un homme ordinaire, un mari, un père, mais aussi un SS convaincu et zélé.
Peu à peu, à travers une somme d'actions bénignes à priori, dans le contexte sombre de la seconde guerre mondiale, il nous montre les changements qui s'opèrent en Willems.
Comment ce père de famille est devenu celui qui espionne, fait des listes, note les noms de ceux qui pourront être ensuite arrêtés, avec autant de régularité et d'assiduité. Autant de noirceur n'a t-elle pas laissé de traces dans cette maison? Sont elles porteuses des actes et des mots qui se déroulent entre leurs murs ? A travers les textes, archives, écrits des enfants, témoignages, l'auteur brode un contexte, des mots, attitudes, relations dans le couple, tout l'art de l'écrivain est de faire vivre le passé.
Passionnant, instructif, émouvant, révoltant. Une lecture pour comprendre.
Lien : https://domiclire.wordpress...
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J'ai trouvé ce roman traduit du flamand dans une boîte à livres. C'était l'occasion de lire enfin cet auteur très réputé en Belgique et la lecture du sujet m'a intriguée.
L'auteur raconte dans ce roman comment il a découvert, au moment de la vendre, que la maison où il avait vécu vingt ans à Gand était celle d'un SS flamand, qui plus est père d'un de ses professeurs d'université. Cette maison abandonnée qui l'a séduit en 1979 malgré son piètre état, a abrité auparavant Willem Verhulst, son épouse néerlandaise Mientje et leurs trois enfants. À l'aide des entretiens qu'il a menés avec Aletta et Suzy, les deux filles de la famille, devenues octogénaires, et de nombreux textes, dont des journaux intimes et des documents d'archives, il a reconstitué le parcours autant personnel que politique de cet activiste flamand devenu soutien des plus fidèles de l'occupant nazi. Il s'est également penché sur le pacifisme de son épouse et a tenté de comprendre et parfois d'imaginer, avec l'aide des témoignages, comment ils avaient pu vivre cet antagonisme.

Quatre cent soixante-dix pages sur un personnage finalement peu intéressant, un pauvre type, lâche et sans qualités, permet de montrer combien le mal est une chose facile à embrasser pour certains esprits faibles, et de ce point de vue, l'exercice est réussi.
Mais, car il y a un « mais », si la construction rend bien compte de l'approche de l'auteur, j'ai trouvé le style un peu inégal, à moins qu'il ne s'agisse de la traduction, je n'ai pas réussi à trancher. de même, la position de Stefan Hertmans m'a parfois déconcertée, faisant dans une même page le grand écart entre des faits avérés directement tirés de documents et des pensées ou réactions des personnages qui ne peuvent être que dictées par son imagination, auxquelles s'ajoutent des remarques à la limite du jugement. Où est-on alors, dans un roman, un essai, un document ?
De plus, tout cela est un peu long. J'ai envie de dire : « N'est pas Daniel Mendelsohn qui veut… », mais si vous êtes tentés, ne vous arrêtez pas à mon avis, d'autres lecteurs sont bien plus enthousiastes,
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Pas besoin d'un résumé détaillé pour écrire quelques lignes sur Willem Verhulst. L'auteur, Stefan Hertmans nous fait vivre tout au long des 544 pages (éditions Folio) l'ascension et la chute d'un salaud ordinaire de la collaboration flamande pendant la 2è guerre mondiale. L'évolution du personnage est abjecte et la lecture de cet ouvrage n'est pas faite pour distraire mais pour informer. Comme historienne de l'époque contemporaine, je connais les faits de collaborations avec l'ennemi auxquels s'étaient livrés des belges inciviques mais je n'avais jamais eu connaissance d'une histoire aussi précise qui a demandé de longues années de reconstitution à l'auteur. Ce livre est particulièrement instructif en particulier pour les lecteurs belges de Babelio à l'approche des élections législatives du 9 juin prochain où un parti d'extrême droite flamand affiche des scores qui font peur.
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L'auteur, belge d'expression néerlandaise, achète à la fin des années 70 une maison dans sa ville de Gand et y demeurera de nombreuses années. C'est bien plus tard qu'il s'apercevra que cette maison fut celle d'un nationaliste flamand, Willem Verhulst, qui collabora avec le régime nazi pendant la dernière guerre. Ce personnage par ailleurs fut marié avec Mientje, âme pure, qui n'accepta jamais les positions de son mari.
On suivra donc l'évolution du couple et en particulier l'ascension de Willem, rentré au service des nazis, collaborateur actif, travaillant dans les services de sécurité, participant à la répression contre les mouvements de résistance et les Juifs.
Il sera emprisonné à la Libération.
L'auteur se fonde sur les archives, les documents familiaux et ses entretiens avec les enfants survivants.
Un beau livre, empreint de sensibilité, un regard sur une Belgique écartelée, division exacerbée par les années de guerre. Une blessure sans doute sensible aujourd'hui encore.
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Un sujet qui donne envie.
Quand on découvre que la maison que l'on a acheté appartenait à un ancien SS flamand, pour moi ça laisse présager des decouvertes, de vieux secrets révélés. Je n'ai rien retrouvé de tout ça.
C'est long et monotone, même si c'est bien écrit, mais surtout on se rend très vite compte que l'homme dont on parle s'avère inintéressant au possible.
Très décevant.
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Hertmans suscite en moi des sentiments très mitigés. J'hésitais avec ‘Guerre et Térébenthine‘, il me convainquait avec ‘Le coeur converti', mais celui-ci est un pas en arrière. Comme dans les deux autres cas, Hertmans présente à nouveau une histoire romancée avec une touche personnelle. Il reconstitue cette fois la vie de Willem Verhulst, un nationaliste flamand radical qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, est devenu fonctionnaire du SS et a dénoncé de nombreuses personnes dans la ville flamande de Gand et ses environs. Et le lien personnel est que l'auteur, quand il était jeune – sans s'en rendre compte – a acheté une maison à Gand où Verhulst avait vécu avec sa famille. le fil rouge de ce roman est la tournée que le jeune Hertmans en 1979 fait avec le notaire dans la maison alors très délabrée (d'étage en étage de plus en plus haut, d'où le titre 'L'ascension'). Fidèle à ses convictions postmodernistes, Hertmans porte également une grande attention à la manière dont il a reconstitué la vie de Willem et de sa famille : la consultation de documents d'archives, d'écrits publiés et inédits de Verhulst et de son entourage, les conversations avec des proches et des témoins, des visites de lieux où Verhulst a été, etc.

Ma maigre note trahit qu'une fois de plus je n'étais pas complètement sous le charme de ce Hertmans. Pour commencer, il y a la figure de Willem Verhulst lui-même. Hertmans admet qu'il ne parvient pas à le saisir, ne peut pas vraiment reconstituer ce qui a poussé Verhulst à conspirer avec les nazis, l'homme soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Bien sûr, ce n'est pas nécessaire, tant dans des études historiques que dans des oeuvres de fiction, un personnage principal peut rester éphémère ou ambigu (après tout, la Vigdis du XIe siècle dans "le coeur converti" était beaucoup plus éphémère). Mais la grande importance qu'Hertmans accorde à Verhulst en tant que personnage moteur du roman signifie que vos attentes restent insatisfaites. En y regardant de plus près, Verhulst s'est avéré être un petit poisson, un nazi de bureau, même s'il a causé beaucoup de misère et n'a ensuite dû payer que très peu pour cela.

Comme de nombreux autres critiques l'ont souligné, le véritable protagoniste de ce roman semble être l'épouse hollandaise de Verhulst, la dévote protestante Mien/Mientje. Et sur ce point j'ai un sentiment très ambivalent. Hertmans la décrit comme une véritable héroïne, qui a résisté modestement mais fermement au radicalisme de son mari, et qui a aidé très volontiers ses enfants et bien d'autres. A en juger par ce qu'écrit Hertmans, il semble que Mien était en effet une femme très serviable et juste. Mais à plusieurs reprises, j'ai l'impression que l'auteur dresse le portrait de Mien de manière un peu trop hagiographique et traite les informations disponibles de manière manipulatrice. Il donne l'impression que ce n'est qu'après l'occupation de la Belgique par l'Allemagne nazie, au milieu de 1940, que Mien s'est rendu compte que son mari s'était avéré dans la collaboration. Cela contredit les visites que toute la famille a faites en Allemagne dans les années 1930, où le milieu nazi était très ouvertement fréquenté. À mon avis, Hertmans la dépeint un peu trop naïve, bien que je puisse bien sûr comprendre parfaitement le dilemme de loyauté avec lequel elle a dû se débattre.

Ce sentiment de manipulation de la part de l'auteur s'est emparé de moi encore plus vers la fin du roman. Hertmans adopte ici une approche moraliste, avec des avertissements explicites contre l'extrême droite en politique aujourd'hui. Sa grande attention à l'hommage que Bart de Wever (l'un des principaux hommes politiques De Belgique aujourd'hui) a rendu à la maîtresse de Willem Verhulst et à quelques autres personnalités en 1997 (alors que De Wever était encore une figure obscure) m'a donné un sentiment de malaise. Je partage le point de vue de l'auteur sur la question, mais on n'a vraiment pas besoin de prendre le lecteur par la main de manière aussi pédante, à mon avis, le lecteur peut vraiment tirer ses propres conclusions.

Sentiments mitigés, donc ce roman ne m'a pas complètement convaincu. Sur le plan de la composition, cette histoire boite également sur des jambes un peu trop différentes : reconstruction historique de la vie de Verhulst et de sa famille, retour en arrière sur la visite de l'auteur en 1979 dans la maison de Gand, et l'effort de l'auteur maintenant pour reconstruire le passé. Plusieurs passages de celui-ci sont absolument à un niveau littéraire de haut niveau, mais il ne contient pas de véritables feux d'artifice.
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