Se laisser guider par son instinct, suivre des chemins inconnus où tout devient important. Avoir le sentiment d'être de nouveau un enfant. Etre curieux du monde et apprendre sans cesse. Tout a du sens quand on est comme cela, en voyage dans sa vie. Et quand on s'est mis en route lorsqu'on était petit.
Est-ce la bombe qui a sifflé à mes oreilles à Brou-sur-Chantereine qui m'a mené là où je suis ? Je ne sais pas...Mais je ne peux m'empêcher de penser à la directrice d'école qui se demandait pourquoi, pendant la récréation, plutôt que de taper dans un ballon avec ceux de mon âge, je racontais des histoires. De toute ma vie, je n'ai rien fait d'autre.
Dans son bureau, René Simon m'avait prédit: " Un jour, tu joueras les hérauts." L'une des phrases les plus justes qu'on m'ait jamais dites. Héraut, pas héros. Héraut, celui qui va porter les messages à voix haute. Et regarde-moi: je monte sur scène pour parler, chanter...
Je ne suis pas une chanteuse, je suis une femme qui chante Barbara
(p.410)
Il faut savoir se glisser entre les interstices du malheur
(Charles Trenet)
(p.125)
A mes parents, je disais que je partais chercher des alevins, des petits poissons, pour mon chien Furax. J'avais une canne à pêche, des vers de terre. Une musique me tournait toujours dans la tête - c'est à cet âge-là que j'ai dû écrire ma première chanson, très inspirée de Trenet... Partout, je sifflotais.
Quand nous sommes en harmonie, les musiciens et moi, nous entrons dans un état quasi amoureux.
J'ai aussi sympathisé avec les frères Kerefoff, Jean-Témir et Tao-Bi, deux jeunes du coin dont le père, un Russe, avait été l'aide de camp du prince Ioussoupov, l'assassin de Raspoutine. Il avait quitté la Russie pour débarquer à Calvi où il avait ouvert une boîte. Ses deux fils m'y ont emmené.
Chez Tao.
(p. 104 éd de poche)