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Critique de Presence


Ce tome comprend les 6 épisodes de la minisérie du même nom. Il fait suite à Bienvenue à Lovecraft qu'il faut avoir lu avant. Il s'agit d'une histoire complète en 6 tomes ; il faut avoir commencé par le premier.

Il y a quelques années, la fiancé du professeur Joe Ridgeway a disparu au fond d'un lac. Des années plus tard, il enseigne encore dans le même établissement et il compte Kinsey Locke parmi ses élèves. Ce professeur a également servi de metteur en scène pour une représentation de la Tempête de Shakespeare, dans laquelle jouaient Mark Cho, Luca Carravagio, Ellie Whedon, Rendell Locke (le père de Kinsey), Kim Topher et Erin Voss. La photo commémorant cette représentation figurait déjà dans le premier tome. L'histoire revient ensuite au temps présent pour suivre à nouveau Kinsey, Tyler et Bode Locke. L'influence de Zack Wells continue de s'étendre : il augmente son emprise sur la prof de gym du lycée (Ellie Whedon), et sur Tyler Locke. Ellie semble incapable de se défaire de l'influence de Zack qu'elle sait néfaste et elle craint terriblement pour la vie de Rufus, son fils attardé. Nina continue d'avoir des soucis avec sa consommation d'alcool et le départ de Duncan Locke n'est pas faite pour arranger ses angoisses. Tyler se lie petit à petit avec ses camarades et il intègre l'équipe de hockey, mais il semble incapable de se remettre au travail scolaire. Bode cherche désespérément ce qu'ouvre la clef qu'il a trouvé à la fin du tome précédent. La créature sortie du puits met en oeuvre ses sinistres machinations.

Joe Hill continue de développer l'environnement très étrange de la famille Locke. À la lecture de ce tome, il devient impossible de ne pas faire référence à Stephen King, son père. Joe Hill reprend de son auguste géniteur l'idée de conter son récit sur plusieurs générations et de mélanger l'horreur et le fantastique. Dans ce tome, Hill insiste plus sur l'aspect fantastique au travers de l'utilisation des clefs (celle détenue par Zack et celle détenue par Bode) et des agissements de l'entité du puits. Je ne pensais pas que retrouver les enfants Locke me ferait autant plaisir. Hill sait leur donner une véritable personnalité petit à petit, sans insister lourdement. Impossible de résister à l'enthousiasme de Bode. Difficile de ne pas ressentir de l'affection pour Kinsey (du fait de ses doutes, de ses peurs, etc.) et de l'empathie pour Tyler qui a du mal à se concentrer. Les adultes ne sont pas en reste : alors que les enfants et les adolescents s'accommodent tant bien que mal de l'héritage des relations de leurs parents, les adultes sont englués dans leur histoire personnelle et ils ne font que s'enfoncer dans leurs erreurs. Hill construit donc son récit sur les machinations de l'entité, ainsi que sur l'utilisation de la clef trouvée par Bode. Cette utilisation se manifeste d'une façon très visuelle, impossible à mettre en oeuvre dans un autre media. Dans un premier temps, cette intrusion d'un spectacle impossible peut provoquer un moment de recul parce que le reste de la série se base sur une réalité proche de la notre. Dans un deuxième temps, il suffit d'accepter qu'il s'agit d'une interprétation graphique d'un pouvoir parapsychique et le visuel retenu passe mieux.

Comme le tome précédent, celui-ci est dessiné par Gabriel Rodriguez et le résultat est à nouveau séduisant. le lecteur retrouve des décors denses, intelligents avec un soupçon d'enchantement subtil. le dénuement de l'appartement d'Ellie et de son fils reflète son salaire limité et la charge que représente Rufus. La double page consacrée à la représentation de la Tempête concilie comme par miracle les artifices du théâtre avec le résultat transfiguré de l'interprétation. La scène sur la plage transmet au lecteur l'ouverture de cet horizon sans fin. La maison des Locke continue d'être un personnage à part entière tellement elle a de caractère. Rodriguez emmène son lecteur dans des endroits spécifiques, dotés de caractéristiques crédibles. Les personnages s'impriment dans la mémoire dès leur première apparition et ils sont tous constitués pour partie d'éléments ordinaires (teeshirt, piercing, jeans, baskets) et pour partie d'éléments plus déconcertants (mèche de cheveux verte, sourcils élancés, etc.) pour s'amalgamer harmonieusement dans des individus originaux et plausibles. Avec ce tome, Rodriguez a dû faire preuve d'une encore plus grande maîtrise graphique pour insérer les aspects fantastiques sans solution de continuité, sans introduire de dissonance par rapport au reste. Il y a donc le choix de la représentation des effets de la clef de Bode qui surprend de prime abord. Mais pour le reste (personnages fantastique, vie intérieure complexe, scènes de meurtre), Rodriguez concocte des images qui restent dans la mémoire sans recourir à des clichés ou des mises en scène tapageuses. En fin de tome, le lecteur découvre la forme des 6 clefs, chacune aisément identifiable : Anywhere Key, Head Key, Gender Key, Echo Key, Ghost Key et Omega Key.

Avec ce tome Hill et Rodriguez confirment qu'ils sont capables de développer cette histoire en se basant sur les éléments séduisants du premier tome, tout en développant de nouvelles composantes pour renforcer le charme de cette série unique. J'ai hâte de découvrir ce qu'ils nous réservent dans La couronne des ombres.
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