- Comment sont les yeux arméniens ? dit-elle en riant.
- Incomparables. En fait, ce sont des yeux bibliques, mais veloutés et voilés de tristesse.
« En Allemagne, on te rappelle à chaque instant que tu es juif. Ce n’est pas qu’on ressente de l’antisémitisme, mais les gens ont mauvaise conscience quand ils rencontrent un Juif. Ils te traitent avec un excès de précautions, c’est très désagréable. » (p. 94)
« L’holocauste vous poursuivra partout en Allemagne. Chaque maison, chaque rue nous le rappellera. Les vieux aussi. Il n’y a pas moyen d’y échapper. » (p. 7)
« Pour moi, il ne s’agit que d’aimer la langue. On peut aimer l’allemand sans aimer les Allemands. » (p. 27)
-Les anciens nazis sont presque tous morts, dit Lesche, ils ont crevé depuis, au moins les responsables. Ceux qui sont encore en vie étaient trop jeunes à l'époque pour prendre part aux crimes, et il y a la génération suivante. Qui voulez-vous donc haïr ?
- Je ne hais personne. Je rage contre une époque inhumaine.
- Je déteste l'Amérique comme je déteste les nazis, bien que ce ne soit pas une bonne comparaison, dit Lesche. Je crois que les nazis m'ont refusé le droit à l'existence parce que j'étais juif. En Amérique, le droit à l'existence m'a été refusé parce que je n'avais pas de succès.
– N'ayez pas peur, dit le gardien. Le nouveau parti n'a pas d'Hitler à sa tête, Hitler est mort.
– Son esprit est vivant et il occupe bien des têtes.
– Et la liberté d'expression réprimée par les nazis ?
– Oh, vous savez, moi je n'ai jamais beaucoup parlé.
– « C'est ici, le musée du passé non surmonté ? »
Nous sommes un peuple séduit, dit le gardien. Croyez-vous à l'innocence de ceux qui ont été manipulés?