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Les meilleurs romans de 2019
Liste créée par Tu_vas_voir_ce_que_tu_vas_lire le 19/03/2020
15 livres. Thèmes et genres : les meilleurs , roman , contemporain , littérature française , littérature québécoise

Des personnages de femmes fortes et résilientes, des punchlines qui claquent, des romans de genre au plus près de nos tourments intérieurs, les bibliothécaires de la Bibliothèque publique d'information ont sélectionné les meilleurs titres de 2019.



1. Solénoïde
Mircea Cartarescu
4.15★ (330)

Ecrivain raté, enseignant désabusé, homme solitaire et anxieux, le héros de Solénoïde traîne son spleen dans les rues du Bucarest des années 80. Les cauchemars de ses nuits agitées, nourris par les souvenirs de son enfance humiliée et par son obsession pour les parasites en tous genres, débordent de plus en plus sur ses journées, pendant lesquelles il doit faire face à des élèves qu’il craint. Petit à petit se révèle ainsi à lui un univers dérobé. De la bobine magnétique - un solénoïde - enfouie sous sa maison à la mystérieuse usine désaffectée qui abrite un musée des horreurs anatomiques, c’est tout un ensemble de signaux que semble lui adresser son monde onirique, inquiétant et cryptique - avec, au bout du chemin, une improbable rédemption. Expérience de lecture immersive et obsédante, Solénoïde enferme son lecteur dans un univers à la puissance visuelle affolante, qui évoque autant l’Aurélia de Nerval que les labyrinthes de Borges, le fantastique morbide de Lovecraft ou les constructions d’Escher. Porte-parole d’une humanité révoltée face au scandale de la mort et de la souffrance, tantôt prophète et tantôt martyr, le héros de Cărtărescu s’y débat sans fin, ressassant sa complainte et questionnant les possibles issues que sont l’art ou l’amour. Grand cri de douleur magistralement traduit par Laure Hinckel, Solénoïde est un astre noir qui assoit définitivement la position de Mircea Cărtărescu en auteur nobélisable.
2. Girl
Edna O’Brien
3.68★ (1124)

Avril 2014. Dans une petite ville du nord-est du Nigeria, deux cent soixante-seize lycéennes sont enlevées par un groupe terroriste armé de la secte islamique Boko Haram. Jetées dans des camions, isolées dans des camps, elles sont soumises, torturées, violées, anéanties. Cinq ans plus tard, alors qu'une centaine de jeunes filles est toujours portée disparue, Edna O’Brien nous fait entendre la voix de l'une de ces adolescentes, dont la vie a été brisée par la sauvagerie des hommes. Arrachée aux siens, Maryam nous raconte son lent calvaire, la terreur, l'isolement et la barbarie. Au milieu du chaos, elle résiste, combat, et miraculeusement, survit. Lumineuse et digne, elle parle au nom de toutes les femmes, à la fois sœur, mère et amie. De cet inépuisable combat pour la liberté et l’égalité, Edna O’Brien signe un roman indispensable, puissant et âpre, où l'humanité surgit du creux des ténèbres.
3. Souvenirs de l'avenir
Siri Hustvedt
3.63★ (271)

En août 1978, S. H. quitte son Minnesota natal pour s’installer à New York. Passionnée de littérature et de philosophie, elle tente d’écrire son premier roman, mais se retrouve bientôt distraite par son étrange voisine, dont elle épie les conversations à travers la fragile cloison qui sépare leurs deux appartements. Quarante ans plus tard, romancière reconnue, S. H. retrouve le journal qu’elle tenait alors, les ébauches de son premier roman avorté, et compose un récit autobiographique intitulé Souvenirs de l’avenir. Voyageant entre passé et présent, celle qu’elle a été et celle qu’elle est devenue, la narratrice tente de trouver ce que révèlent les signes et les bribes à sa disposition. Complexe par les différents niveaux de narrations et de réalités qu’il recouvre, ce “portrait de l’artiste en jeune femme” instaure un passionnant dialogue entre les multiples “moi” qui nous constituent. A travers un jeu constant d’assemblages et de dissociations, Siri Hustvedt convoque l’ensemble de ses thèmes de prédilection, de la perception du temps à la violence du patriarcat. Juxtaposant ses réminiscences et son imagination, l’autrice américaine invente sa propre forme autobiographique, affirmant que la mémoire qui constitue nos vies est œuvre de fiction.
4. Mon ancêtre Poisson
Christine Montalbetti
3.08★ (94)

Qui était Jules Poisson, jardinier et botaniste entré au Jardin des Plantes à l’âge de neuf ans, et aïeul presque mythique de la famille Montalbetti ? Né en 1833, mort en 1919, il a connu la Commune de Paris, l’invention du cinéma et une guerre mondiale. Pourtant, l’existence de Jules, scientifique estimé mais modeste, n’est ni une de ces vies majuscules qui épousent le cours de l’histoire ni, a priori, un sujet romanesque. C’est paradoxalement cette banalité qui intéresse Christine Montalbetti, romancière des toutes petites choses, de la matérialité éphémère du quotidien qui révèle par touches ténues les êtres dans toute leur vulnérabilité et leur humanité. Imaginant un dialogue entre elle et son ancêtre, avec lequel elle se trouve nombre d’affinités plus ou moins fantasmées, elle compose avec Mon ancêtre Poisson une quête des origines aussi bien personnelle qu’universelle - puisque nous avons tous un ancêtre poisson. Au fil des digressions et des apostrophes facétieuses, des inventaires botaniques et des parenthèses historiques, le style ciselé de Christine Montalbetti se met au service d’une émouvante interrogation sur la place que chacun peut occuper dans un arbre généalogique, et sur les rencontres impossibles que seule la littérature peut encore, par-delà la mort et l’absence, rendre tangibles.
5. La fracture
Nina Allan
2.92★ (844)

Par une après-midi d’été, Julie Rouane, dix-sept ans, disparaît sans laisser de trace. Est-ce une fugue, un enlèvement ? Aucune piste envisagée par la police ne permet de retrouver la jeune fille. Vingt ans plus tard, ses parents et sa soeur Selena composent toujours difficilement avec cette absence. Alors, quand Selena reçoit un appel de Julie qui lui demande de la voir et lui explique qu’elle a passé vingt ans sur Tristane, un monde extra-terrestre dans lequel elle s’est introduite par une fracture spatio-temporelle, c’est toute sa vie qui vacille… En mêlant la sordide réalité des recherches infructueuses après un rapt et un récit fantastique délicat et cristallin, Nina Allan instille une inquiétante étrangeté propre à révéler les paradoxes les plus subtils de la psyché de ses personnages. La science-fiction y devient le miroir déformant de vies brisées, un contrepoint ambigu qui rejoue sur un autre mode le drame sans cesse ressassé par Selena et ses parents. Captivant et énigmatique, La Fracture est un roman qui trouble durablement, tant par sa forme changeante que par sa façon de nous confronter, à une question saisissante : quelles fictions sommes-nous prêts à faire nôtres pour mieux accepter la disparition de ce qui nous est cher ?
6. Nino dans la nuit
Simon Johannin
3.98★ (701)

La nuit, Nino Paradis est dans son élément. Les fêtes de son meilleur ami Malik, roi des nuits parisiennes queer, suffisent à lui faire oublier ses journées, faites de petits boulots tuants et de trafics de plus en plus ambitieux. Rêvant d’offrir à son amoureuse Lale une vie loin de leur taudis loué par un marchand de sommeil, Nino est capable de prendre des risques inconsidérés pour quelques billets - jusqu’à mettre sérieusement en danger toute sa bande d’amis. Cultivant un sens de la punchline à se damner, Capucine et Simon Johannin transforment la dérive de ce grand gamin hébété en une électrisante odyssée du verbe, et font pleuvoir fulgurances poétiques et éclats de rire sur la réalité sordide qui rattrape souvent Nino. D'une grande modernité, portant un regard lucide sur la précarité, Nino dans la nuit offre ainsi à sa bande de héros déclassés des havres - l’amour, la fête, l’amitié - comme autant de lueurs dans l’incertitude de la nuit, qui en font un roman profondément émouvant et généreux.
7. Speedboat
Quentin Leclerc
4.20★ (10)

Remplacer le générique du Masque et la Plume par Careless Whisper, adapter Moby Dick en virus informatique, détourner les drones d'Amazon pour qu'ils se crashent dans les vitrines de Drouant, transformer Pierre Michon en personnage de Super Smash Bros... Voilà quelques-uns des désirs exprimés par Fabien Clouette et Quentin Leclerc dans ce manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée. Comme deux gamins turbulents lâchés dans une usine de Lego, Clouette et Leclerc s'amusent à reconfigurer de A à Z la vie littéraire et publique, sans se fixer d'autre limite que celle de leur imagination débordante. Potache et rempli de références à la pop culture, Speedboat n'en est pas moins un texte radical politiquement et artistiquement, prônant une littérature sans but et sans enjeu, sans réponse et sans solution, et ridiculisant le cirque médiatico-littéraire à coups de punchlines bien senties.
8. Les tribulations d'Arthur Mineur
Andrew Sean Greer
3.08★ (450)

A la veille de ses cinquante ans, le bilan de la vie d’Arthur Mineur, auteur de quelques romans modestement remarqués, n’est pas des plus brillants. Cherchant une raison d’échapper au mariage de son ex petit-ami et par la même occasion un remède à sa crise existentielle, Mineur accepte une série de propositions à l’étranger et entame un petit tour du monde. Entre Berlin, l’Inde et le Sahara, de colloques en remises de prix, Mineur se met en vacances de sa propre vie - sans jamais tout à fait réussir à chasser ses démons. Tendrement ironique à l’égard de son héros immature et socialement inapte, Andrew Sean Greer signe une odyssée paradoxale, rocambolesque à souhait, dans laquelle Arthur Mineur échoue systématiquement à trouver sa place parmi ses pairs. Evoquant autant la douceur riante d’Armistead Maupin que le regard satirique de David Lodge, les Tribulations d’Arthur Mineur déroule la quête de soi de son héros dans un récit solaire et mélancolique qui a la saveur des vacances trop vite terminées.
9. De pierre et d'os
Bérengère Cournut
3.98★ (3912)

Tout commence par un craquement énorme sur la banquise, qui retentit au cœur de la nuit : la glace se fracture et engloutit une jeune femme inuit dans la brume arctique. Séparée de sa famille, Uqsuralik tâche de survivre dans des conditions extrêmes de froid, de fatigue et de faim, jusqu’à croiser la route d’un autre groupe auquel elle se joindra pour échapper à une mort solitaire. Dans ce paysage instable de fjords et d’icebergs, peuplé d’animaux terrestres et de créatures marines, dans ce désert immense où le froid brûle la peau et les âmes, notre narratrice grandit et chemine. Habile dans l’art de chasser, résistant aux dangers et aux esprits qui rôdent et vivent parfois dans les êtres qu’elle croise, elle surmontera l’absence de ceux qu’elle aime, les deuils et les affronts, et découvrira la puissance d’enfanter, en s’initiant aux pouvoirs chamaniques guérisseurs. Ce roman, achevé au cours d’une résidence d’écriture au Muséum national d’histoire naturelle, est tout à la fois une initiation et un voyage. Ponctué de chants qui font entendre la voix de différents personnages et qui approfondissent la poésie du texte, De pierre et d’os nous plonge dans la tradition d’un peuple et d’une culture grâce à un minutieux travail de documentation. Mais sa force se trouve bel et bien dans ce rythme propre de l’imaginaire qui assoit, dans la rudesse d’une longue nuit polaire, la métamorphose d’une femme, d’une mère, qui se bat pour que continue d’éclore une vie fragile mais toujours renouvelée.
10. La guerre des pauvres
Éric Vuillard
3.61★ (702)

Après 14 juillet, Éric Vuillard poursuit son histoire de la révolte avec La guerre des pauvres, récit effréné et passionnant qui ne manque pas de résonances avec le monde d’aujourd’hui. C’est dans l’Angleterre obscure du XIVe siècle que tout commence. En 1374, John Wyclif, théologien précurseur de la Réforme, affirme que Dieu et le peuple parlent la même langue, et s’empresse de traduire la Bible en anglais populaire. Avec ses disciples, il remet en cause la richesse de l'Eglise et des nobles, gagnée sur l'exploitation du travail des paysans. Dans les campagnes exsangues ravagées la crise, sa doctrine met le feu aux poudres : des centaines de milliers de paysans se soulèvent, direction Londres, où ils seront violemment réprimés par le pouvoir. Allemagne, 1524, rebelote. Écrasée par les dettes et l’exploitation excessives des biens, la classe paysanne part en guerre contre l’inégalité des privilèges, embrasant le Saint-Empire romain germanique. Portés par la voix charismatique du protestant radical Thomas Müntzer, les insurgés revendiquent la fin des hiérarchies sociales et religieuses, avant de se faire massacrer en une seule et ultime bataille. En se rangeant du côté de ceux qui réclament la justice sociale, Eric Vuillard capte le présent pour mieux regarder le passé. Ciselé, habile, puissant, La guerre des pauvres écrit l’histoire populaire d’une colère qui n’en finit pas. L’air de rien, le discret Eric Vuillard vient de sortir une petite bombe sur le ras-le-bol actuel.
11. Francis Rissin
Martin Mongin
3.43★ (414)

Francis Rissin est un roman inclassable et un personnage insaisissable. S’appuyant sur des archives fictives et de faux témoignages, ce roman prend la forme d’un gigantesque jeu de piste, au centre duquel Francis Rissin, tantôt convoité, tantôt redouté, est à la fois omniprésent et évanescent. Son nom n’apparaît pas seulement sur ces étranges affiches bleues et blanches qui peuplent les murs de France : il est partout. Et pourtant, alors qu'il semble cristalliser les espoirs de toute une nation, alors qu’il prend la parole pour dénoncer avec virulence le système politique français, on ne sait pas qui est Francis Rissin, et on finit par ne plus savoir si on le traque ou si c'est l'inverse. Martin Mongin signe un premier roman audacieux et prodigieux, d’une actualité redoutable. L'auteur brouille malicieusement non seulement les frontières entre les genres (roman politique, polar, biographie et fantastique), mais aussi les pistes pouvant mener à Francis Rissin. Bousculant avec brio les liens entre littérature et politique, ce roman est là pour saisir et décrypter les angoisses du présent : il résonne bruyamment avec la crise politique et sociale qui secoue la France depuis plusieurs mois. A travers ce roman, au dénouement délicieusement surprenant, c’est en réalité tout l’inconscient collectif qui s’exprime et qui cherche à s’identifier à la figure providentielle et résolument contemporaine de Francis Rissin, sorte de super-héros de la politique moderne.
12. Un livre de martyrs américains
Joyce Carol Oates
4.30★ (1615)

Le roman s'ouvre en 1999 par l'assassinat d'un médecin et de son garde du corps devant un Centre pour femmes de l'Ohio, par un homme qui se considère comme un "soldat de Dieu". A travers l'histoire croisée du médecin et du tueur, l'autrice dresse le portrait passionnant d'un pays déchiré par une véritable guerre idéologique, renforcée par les inégalités sociales et le fanatisme religieux. Sans manichéisme, les portraits nuancés des personnages éclairent la complexité de deux mondes que tout oppose. Documenté et engagé, le roman n'hésite pas à rappeler le recul des droits des femmes, les menaces de mort incessantes et l'assassinat de nombreux médecins pro-choix. La domination masculine est toujours bien ancrée dans les mentalités, y compris dans le milieu de la boxe féminine auquel Oates consacre des pages parmi les plus puissantes et émouvantes du roman. La romancière s'intéresse en effet avant tout aux personnages féminins, à la façon dont le drame affecte les épouses et les filles. On retrouve son talent et sa grande finesse psychologique à décrire des adolescents exposés à la cruauté et à l'ignorance, l'une des filles payant pour le crime de son père, l'autre pour les convictions du sien, toutes deux condamnées par le poids de l'héritage familial. Oates dénonce aussi le prosélytisme de certains médias et prédicateurs qui encouragent le fondamentalisme et la haine, et montre comment s'opère la manipulation d'un homme vulnérable et misogyne. Enfin, parmi les qualités de ce roman dense et ambitieux, il y a ce réquisitoire terrible contre la peine capitale lors de passages éprouvants sur le couloir de la mort, et une fin particulièrement poignante.
13. Je reste roi de mes chagrins
Philippe Forest
3.96★ (82)

Angleterre, 1954. Alors que le pays s’apprête à célébrer le quatre-vingtième anniversaire de Winston Churchill, le Parlement britannique charge le peintre Graham Sutherland de réaliser un portrait du grand homme. Quelques mois plus tard, la présentation publique de l’œuvre fait scandale, donnant à voir l’humanité crue d’un homme plus vieillissant que glorieux. Jamais exposé, honni par Churchill, le portrait finira détruit par son épouse, selon ses propres vœux. Cet épisode tragi-comique, célèbre Outre-Manche, Philippe Forest choisit de l’investir par les coulisses, en s'immisçant dans l’intimité - réelle ou imaginée - entre les deux hommes. Conçu comme une pièce de théâtre, son récit convie Shakespeare et l’Histoire, enchevêtre les narrations et les rôles, dans un jeu virtuose de mises en abîme. De cette extraordinaire méditation sur l’art et le deuil, Philippe Forest crée un théâtre intérieur à la croisée du réel et de la fiction, comme reflet infini de nos blessures collectives.
14. Querelle / Querelle de Roberval
Kevin Lambert
3.41★ (422)

A Roberval, où il vient de se faire embaucher à la scierie du Lac, Querelle intrigue. Trop beau, trop nonchalant et trop prompt à raconter ses innombrables et brûlantes rencontres sexuelles avec les garçons du coin, il suscite aussi bien le désir que la suspicion. Alors que les ouvriers de la scierie s’engagent dans une grève de plus en plus dure face à leur direction, Querelle va devenir presque malgré lui le fer de lance d’un mouvement social explosif. Réalisant une magnétique union des contraires, le personnage de Querelle, à la fois ange et voyou, est le lien entre les différents aspects de ce récit en apparence composite. “Fiction syndicale” d’un genre nouveau, Querelle affirme, en refusant toute demi-mesure dans les récits explicites des nuits fauves de son héros, le potentiel révolutionnaire des sexualités queer et leur nécessaire visibilité sur d’autres fronts militants. Comme chez Genet, le personnage de Querelle concentre et capte les pulsions érotiques et morbides de tous ceux qui l’entourent. Les ouvriers excédés, les jeunes hommes en perdition comme les femmes lassées de subir la société patriarcale voient dans Querelle et sa violence difficilement contenue à la fois un exutoire et un possible sauveur. Lui-même, en dépit de son indifférence affichée, semble une incarnation de la cinglante pensée de Genet, qui affirmait “Si quand les femmes sont méprisées, ou les ouvriers, tu ne te sens pas femme ou ouvrier, Alors, toute ta vie, tu auras été un pédé pour rien”. Se plaçant dans la droite ligne de ce sulfureux modèle, Kevin Lambert signe un roman dérangeant et rageur, qui trouble autant par la puissance et l'impudeur de sa langue que par la ferveur de son propos.
15. Terminus Berlin
Edgar Hilsenrath
3.96★ (288)

Après plus de trente ans d’exil en Amérique, l’écrivain Lesche retrouve son pays natal, l’Allemagne. Lui qui a connu le ghetto et a échappé de peu à la déportation découvre un pays profondément transformé, qui, après la chute du Mur, s’offre éperdument au capitalisme et au consumérisme. Un pays où, pourtant, les fantômes de la Shoah restent omniprésents et où le fascisme ne demande qu’à refleurir. Mettant en scène un fidèle alter-ego de l’auteur, Terminus Berlin revient sur la genèse de plusieurs de ses livres tout en évoquant cette période-charnière de sa vie que fut le retour en Europe. Ce dernier roman en forme de bilan comblera les lecteurs des grands romans d’Hilsenrath, de Nuit au Conte de la dernière pensée. Les autres découvriront un auteur à l’humour ravageur, dont la lucidité face aux aspects les plus sombres de la morale et de l’histoire humaine reste des plus précieuses.
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