"[...] les végétaux posent des énigmes inattendues, il faut, pour y répondre, et outre la sciences des anciens, un peu de contemplation, un peu de poésie, et beaucoup de ce sens que possèdent les mains, davantage chaque jour."
"Le jour où je lui ai dit, j'ai vue une lueur de gaieté traverser ses yeux cassés. Ils son ainsi depuis trente ans, les yeux de Georges. Depuis son retour d'Algérie. IL y est allé-dit-il,parce que les copains y allaient. Il lui aurait semblé honteux, à l'époque, de rester à l'arrière. Il se porta donc à l'avant, chez les paras. Oh ! maintenant, Georges se porte volontairement en arrière de tout. Georges se méfie de copains, à part ceux de bistrot, qui ne prêtent pas à conséquence, et de moi."
Tout là-haut, au-dessus du campanile qui domine le village, le mistral fait encore un ultime pan de ciel moins sombre, comme un adieu de mouchoir bleu. Dans les bouches des porches en pierre, cela sent la pompe à l’huile et l’anchois. On tombe sur des places posées tels des paliers dans un escalier. L’ombre des trois mûriers, à chaque fois, y fonce davantage le mauve. La lumière des premières lampes qu’on allume trace sur leur calade des losanges jaune passé. Lointain, jouissif, le bruit d’une boule qu’une autre boule a prise au fer. .p 57
Je ferai un patio où les nuits d’été, confites d’étoiles, descendront comme dans un puits. Je veux du verre partout, afin de ne point être séparé des arbres, du ciel et du vent. Je veux voir de mon lit, le matin, les Maures émerger de la brume. .p 52
[…] Il faut, dans l’explication du vent qu’on respire depuis ce matin, de l’expérience, de la franchise, et de la finesse, c’est-à-dire ce goût qu’on a de vouloir parler des choses sans en parler, d’avancer masqué, mais que celui qui a des oreilles entendent. .p 61
C’est l’âge d’or elfique. Des créatures s’abritent sous les dômes des amanites tue-mouche. D’autres dansent autour des arbres en ronds de fée. Il faut avoir vu, dans une clairière, des centaines de coulemelles dodeliner doucement du chapeau, pour être assuré, d’un coup, de l’existence du surnaturel. .p 73