Il va être difficile pour moi de faire une critique qui ne soit pas assassine d' «
Un père en colère »... Certes, je suis assez difficile et imperméable quand il s'agit de lire un roman très fortement ancré dans le quotidien… Pourtant, je me suis laissée tenter par le sujet: un père qui se révolte face à la dérive de ses deux enfants. Malheureusement, cette lecture ne m'a pas convaincue. Elle ne m'a rien apporté, sinon de nombreux doutes sur son intérêt…
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Un père en colère » c'est donc l'histoire de Stéphane et sa femme, complètement désemparés face au comportement de leurs deux enfants, Léa et Fred. Ces deux jeunes adultes squattent la maison de leur mère en banlieue parisienne et passent leur temps à se droguer, à dealer et à fréquenter des jeunes peu recommandables. Les parents ont peur d'eux et un jour, leur mère, à bout de nerfs, flanque sa voiture contre un mur. Stéphane réalise alors qu'il doit faire bouger les choses, et se lance dans la rédaction d'un blog. Malheureusement, le sort va s'acharner sur la petite famille et Stéphane va devoir se battre contre des medias affamés, qui veulent à tout prix s'approprier son histoire…
Bon, il fait avouer que ce roman se lit bien, et vite, grâce aux courts chapitres et à l'écriture assez incisive de l'auteur. Heureusement d'ailleurs, car sinon, j'aurais interrompu ma lecture… Premier problème, où est la colère évoquée dans le titre ? J'ai pris en grippe dès le début Stéphane tant j'avais envie de le secouer, de lui hurler : « Réagis ! ». Les deux parents constatent sans cesse que leurs enfants sont en danger, mais ne font rien. La seule réaction du père est de se lancer dans un blog… Une réaction des plus lâches pour moi… Se cacher derrière un pc pour s'épancher… En quoi cela va-t-il interrompre la descente aux enfers de ses gosses ? Stéphane constate sans cesse les défauts de notre société, et reproduit pourtant l'un d'eux : se réfugier derrière un écran comme des millions d'autres, au lieu d'affronter la réalité.
D'ailleurs, en parlant de société actuelle, je n'ai pas apprécié que tout soit mis sur son dos. Certes, les temps sont durs, il y a des problèmes dans les banlieues mais… et l'éducation des parents là-dedans ? On ne jette pas un enfant en pâture dans le monde dès sa naissance, que je sache ? Il a bien des parents pour l'accompagner, lui apprendre ce qui est bien, ce qui est mal, non ? Ou alors, si la société corrompt tous nos enfants, il faut tout de suite arrêter d'en faire car ça devient bien trop dangereux pour tout le monde.
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Un père en colère » grossit trop le trait, pour tout. Les témoignages des parents en détresse sur le blog de Stéphane sont remplis de clichés, la ville est diabolisée, ainsi que les médias. Pour ces derniers, l'auteur n'a pas tort, mais accentue tout. La tirade d'un présentateur qui introduit Stéphane et le problème des jeunes est trop « clinquante », clichesque. Aucune TV ne se lâcherait à ce point. Et puis, après tout, Stéphane n'avait qu'à réagir, au lieu de continuer à se faire humilier…
Jusqu'à la fin, le roman va loin dans ce qui arrive à la famille, qui décidément, connaît drame sur drame… Et ça me rappelle un petit côté sensationnel dans le choix d'évènements aussi extrêmes… Et n'est-ce pas ce que l'auteur reproche aux medias justement, l'attrait du sensationnel ?
Aucune sympathie pour les personnages d' «
Un père en colère », qui se regardent tous couler les uns les autres, sans jamais réagir. A choisir, le fils, Fred, est peut-être le personnage le plus humain, le plus vivant.
Le roman annonce des problèmes de société que tout le monde connaît bien, sans apporter rien d'autre, ni profondeur du côté des personnages, ni piste pour faire bouger les choses. Juste un côté choquant, trop « gros », presque gratuit, qui évidemment, remue le lecteur.
Ouvrage reçu grâce à Babelio et les éditions
Max Milo, merci à eux !