AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fbalestas


Me voici, après la lecture du dernier roman d'Anna Hope, bien décontenancée.

Voilà un projet de roman intéressant : une unité de lieu (un rocher quasi magique) et des scènes liées à plusieurs époques dans ce même endroit. Mais …

On commence par le portrait d'une écrivaine, qui semble bien être le reflet de l'autrice elle-même. Et elle est mauvais point cette écrivaine : dotée d'une fille à qui elle passe tout (comme regarder des dessins animés sur le téléphone portable de sa Maman, mais qui ne l'a pas fait ?) et en passe de ne plus être dotée de compagnon (il semble que celui-ci prenne la tangente à l'issue de leur voyage) la voilà embarquée pour une destination improbable au Mexique, en bus, afin d'honorer une promesse faite à un chaman de suivre un rite ancestral afin de le remercier de son intervention spirituelle qui lui a permis de tomber enceinte alors qu'elle s'épuisait en tentatives vaines jusque-là.

Bon.

Mais cette femme est anglaise, elle a sa famille en Angleterre, et elle attend d'avoir du réseau pour avoir des nouvelles d'Europe. Il faut dire qu'on entend dire qu'un méchant virus sévit là-bas, et qu'il semble qu'on ne puisse plus trouver à manger dans les supermarchés.

A peine s'est-on intéressés à cette femme et à tous ses soucis, qu'on passe à la page 63 à une autre histoire. Celle d'un chanteur qui, en 1969, a fui les paparazzi et la foule qui le traque pour débarquer dans cette île au bout du monde. Et oui, vous l'avez compris : il (on découvre assez facilement qu'il s'agit de Jim Morrison) a entendu parler du fameux rocher blanc, et mise sur ce voyage improvisé pour tourner une page et préparer un nouveau départ. Mais …

Et puis on plonge page 97 dans l'histoire sans doute la plus touchante.
Nous sommes en 1907, la fille s'appelle Maria -Luisa et nous suivons la trace de cette fillette yoeme arrachée à sa terre qui s'accroche à sa soeur, mais aussi à tout ce qui la rattache à son origine et à sa culture. Il faut dire que cette tranche de l'histoire est détestable : la période de 1907 a connu il s'agit d'une atroce déportation où le peuple Yoeme s'est retrouvé vendu comme esclave dans des plantations du Yucatan avec de nombreux morts en conséquence, avec pour objectif alors de « faire de la place » aux américains.

S'il est indispensable de remettre cette période historique en visibilité pour rappeler l'horreur de la situation, Anne Hope nous la fait revivre au travers du personnage de Maria-Luisa, habitée par le personnage de sa grand-mère, et entourée de fantômes qui vont la guider dans son parcours lorsqu'elle arrive près du Rocher blanc.

Et puis on part encore en arrière, avec une histoire qui se situe en 1775 : là, 4 marins formés à la lecture de cartes marines, s'apprête à partir cartographier une partie de l'Amérique du Nord encore méconnue à cette époque. Entre eux règne un mélange de solidarité et de compétition, mais le départ va être source d'aventures imprévues au pied du Rocher blanc.

Je comprends le projet d'Anna Hope : partir d'un lieu unique, et retracé les évènements phares dans l'histoire qui ont pu s'y dérouler.
Mais je suis désolée, je n'ai pas adhéré aux différentes histoires qui nous sont comptées.

L'histoire du chanteur en compagnie de ce gamin des rues qui l'emmène chercher son alcool et sa drogue s'étire en longueur et n'en finit plus. A l'inverse on aimerait en savoir plus sur les marins et sur leurs rêves de carte marine. Ou bien encore lire un documentaire sur cette population Yoeme décimée.

Mais c'est l'écrivaine qui pose le plus de problèmes. Tout semble fichu : le couple, la famille, le virus qui advient, et même le rite en compagnie de ce chaman local semble une mascarade, un alibi pour ne pas reconnaître que tout est foutu. Il paraît – selon la Quatrième de Couverture – qu'elle réfléchit à la course du monde, et à l'écriture de son prochain roman. Je crois surtout qu'elle cherche désespérément un sujet pour son roman et qu'elle ne parvient pas à écrire.

J'avais été déjà mal à l'aise après la lecture de « Salle de bal », et je dois dire que ce « Rocher blanc » m'a bien déconcertée. Malgré les critiques louangeuses de plusieurs de mes amis Babeliotes, je reste sur ma faim, contemplant un rocher particulier face à une mer dans laquelle je n'aurais pas plongée.

Le rendez-vous avec le rocher blanc est un rendez-vous raté pour moi – dommage.
Commenter  J’apprécie          4813



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}