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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une verrière sous le ciel, est-ce la verrière de la gare de l'Est , est-ce la verrière de l'atelier d'Albert, est-ce tout simplement là où Ana se devait d'être, elle qui a refusé de rentrer à Prague, qui sur le quai a dit Non et non je ne monterai pas dans le train qui devait la ramener à Prague derrière le rideau de fer..Dire Non quelle prouesse , dire Non le jour de ses 18 ans il fallait oser et Ana l'a fait.
Guidée par l'écriture lumineuse de Lenka Hornakova-Civade j'ai suivi Ana avec elle je me suis retrouvée, après avoir beaucoup marché, à arpenter les allées du Père-Lachaise, j'y ai rencontré Grofka, moitié fée-moitié sorcière mais qu'importe je l'ai suivie et ma route s'est trouvée tracée. Bernard, Jacob et Yacoub, le Russe, Albert et Etienne ..
Une rencontre de pur hasard qui me laisse ravie. Une écriture de toute beauté sert un texte où les mots claquent et font mouche. Une auteure à découvrir si ce n'est déjà fait.


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Un peu de mal de décrire cette lecture qui a un parfum de conte. D'emblée j'ai adoré le style, le personnage qui sait dire NON ! Et a choisi de s'émanciper le jour de son anniversaire de ses 18 ans, c'était un heureux hasard car ce jour, elle se trouvait sur le quai de la gare de l'EST pour prendre le train qui la ramenait vers son pays et sa famille. "la gare, ce lieu de nulle part, j'en sors à peine. C'est un endroit où on n'est pas encore tout à fait arrivé, ni encore reparti vers n'importe quelle destination. Comme si elle appartenait à un autre pays, à la lisière du dehors et du dedans."

C'est pour elle un nouveau départ, une nouvelle vie, une liberté enfin acquise. Son passeport en poche, c'est aussi un passeport pour le droit d'aller ailleurs et surtout de quitter son pays.
L'ambiance, les personnages, qui entoure Ana font que ce petit monde est fort charmant notamment , Bernard le barman, les deux grand-pères Jacob et Yacoub ils sont adorables. Ils parlent de météo, celle de leur pays, celle d'un autre temps. "C'est la mer de l'enfance pleine de tendresse même par un temps d'orage." "En entrant, ils virginisent l'espace pour pouvoir parler seulement de l'essentiel, de la lumière du matin au bord de la Méditerranée, de la couleur du désert qui s'invite régulièrement à la table et dans les cheveux des gens, d'un pays où le temps flemmarde gentiment."

C'est à l'image de ce livre, pleine de tendresse, de silence, et de solitude et pourtant tellement d'espérance, de solidarité, d'amour entre les personnages.
Ana, est comme une icône, elle reste silencieuse, gardant son secret pour elle. On l'accepte comme elle est. Et puis, il y a Albert et sa verrière, l'artiste, la muse , la somme d'une histoire.

On est transporté à la lecture de ce conte, arrivé à la fin, une envie de revenir au début comme pour rester enfermer dans cette bulle, sous cette verrière et puis aller chez Bernard, prendre un petit noir accoudé au zinc et se laisser emporter par les souvenirs de Jacob et de Yacoub.
Il y a comme ça, des mots qu'on aimerait qu'ils s'animent, qui auraient le pouvoir de nous enchanter à jamais.
Très belle lecture et un style admirable.
Je n'ai pas encore croisé le premier roman de cette auteure, je compte bien le trouver.
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L'auteure, née en 1971, est tchèque. Elle est peintre et vit aujourd'hui dans le Vaucluse. Ce n'est qu'à l'âge adulte qu'elle a appris le français, et pourtant, je l'ai entendu parler sans le moindre accent, si ce n'est une très légère pointe d'accent... du Midi.
Selon l'expression consacrée, Ana, l'héroïne du roman, a «voté avec les pieds», en quittant la Tchécoslovaquie (tout comme l'auteure, mais ce n'est pas un roman autobiographique). Ana arrive en France en 1988, vingt ans après la répression du «printemps de Prague» d'Alexandre Dubcek, vaine tentative de «communisme à visage humain». Elle n'a pas connu les chars soviétiques de 1968 car elle n'était pas née, mais le carnage est resté dans les mémoires familiales. À la p. 162 elle confie «J'ai appris qu'ici, ‘les Boches', ça sonne comme ‘les Russes' chez nous».
Ana arrive à Paris, dans une colonie de vacances organisée par les partis communistes français et tchécoslovaque, mais le dernier jour, sur le quai de la Gare de l'Est, elle refuse de rentrer.
«Tu n'entends pas? Monte... Non... Aujourd'hui, 21 août 1988, c'est mon anniversaire. J'ai dix-huit ans. Je suis adulte. Je décide». le train finit par partir en retard, avec ses valises, mais elle a récupéré son passeport confisqué à l'arrivée en France «pour notre sécurité, nous a-t-on expliqué. Pour la leur, en fait. Pour qu'on ne s'échappe pas».
Son père, membre du parti communiste, travaillait à la censure, et pourtant... On apprend (seulement à la p. 246) que ce bon communiste lui a glissé à l'oreille: «Ne reviens pas... si tu peux».
Ana parle des séances de films soviétiques obligatoires qu'elle évitait en se faisant malade, et de la fête du 1er mai qui est différente en France. Là-bas, le 1er mai, c'est «les cortèges obligatoires» et «se trimbaler en rue avec des drapeaux rouges» (pp. 131 et 188). En France, c'est le muguet. Elle n'arrivera pas à fêter le 1er mai à Paris. Peut-être l'an prochain.
Ana se retrouve donc sur le quai de la gare de l'Est, sans argent ni valises, parlant juste un peu français. «En guise de cadeau d'anniversaire, je m'offre un tour de Paris à pied, je me laisse engloutir par les rues». L'aventure commence. le roman est une sorte de conte d'initiation à la liberté, à la tolérance, à l'espérance, à l'amitié, à l'émancipation pour un nouveau départ, une nouvelle vie où tout est possible, et la rencontre de plein de gens qui vont l'aider à se reconstruire.
Le hasard la conduit au Père Lachaise où elle est abordée par la mystérieuse Grofka dont on apprendra seulement aux pp. 131 et surtout 232, qu'elle aussi est tchèque, qu'elle a fui de même quinze ans plus tôt, et qu'elle a suivi Ana depuis la Gare de l'Est sans rien dire avant de l'aborder, flairant qu'elle reproduit son propre parcours. À quinze ans de distance, elles auront aussi le même amant. On le saura à la fin.
Grofka conduit Ana au café tenu par Bernard, où elle trouve refuge dans une petite pièce et où elle fait la connaissance de la faune des habitués. Paradoxe, Bernard est communiste. «Dois-je penser que je suis prédestinée à fréquenter les communistes toute ma vie ? (p. 170). Grofka lui a trouvé un logement et lui offre des vêtements. Chaque rencontre lui apportera quelque chose. Il y a d'abord deux sympathiques grands-pères, les premiers clients chaque jour à l'ouverture du café, Jacob et Yacoub, un juif et un arabe, tous deux d'Algérie, qui viennent y prendre leur café chaque matin en discutant de la lumière de la Méditerranée et des couleurs du désert. Il y a aussi Maria Ferreira qui se fait appeler Marie-Pierre, une Portugaise qui a fui une autre dictature. Il y a ensuite Eugène, l'esthète, et surtout son ami Albert, peintre (comme la romancière) dont Ana devient la muse et le modèle nu, dans son atelier, sous la verrière, ce qui nous vaut plusieurs passages d'une grande sensualité, par exemple (impossible de tout citer):
«Le soutien-gorge, vieux et élimé, tombe par terre, je ne le remettrai plus, deux seins, beaux, ronds, fermes... j'admire comment se marie cette courbe du dos avec la naissance des fesses... il suffit de donner un petit coup au pantalon pour qu'il tombe à mes pieds, la culotte le suit ; le triangle des poils noirs, denses... tout cela est harmonieux pour l'oeil... les mains pour voir... » (p. 159), mais Albert ne s'intéresse à elle que comme modèle alors qu'elle se voudrait femme.
Entre son travail sous la verrière et son retour au café, elle arpente les rues de Paris, ce qui nous vaut de nombreux passages comme celui-ci: «Depuis un moment, mes trajets entre le café, mon port d'attache, et l'atelier, se rallongent. Je m'enfonce avec plaisir dans les nuits teintées par l'orange des réverbères... je prends possession de cette ville» (p. 161). «Avril appâte le monde avec la promesse de jours plus longs et de plus en plus chauds».
La verrière, c'est un lieu mi-clos car transparent, frontière lumineuse entre le dedans et le dehors, entre elle et le ciel. Après le premier roman de l'auteure, «Giboulées de soleil» (Prix Renaudot des lycéens 2016), le titre de celui-ci, «Une verrière sous le ciel» regarde aussi vers le haut, l'avenir, le ciel, à travers les nuages, mais d'une manière plus sereine et apaisée.
Fort diverses, toutes ses rencontres auront leur importance pour la nouvelle vie de la jeune femme. Elle apprendra de chacun. Longtemps, elle se tait, ne se montre pas. Derrière la porte de sa petite chambre, elle écoute les conversations du café, observe, et peu à peu s'ouvre, se forge, comparant son pays d'origine à sa nouvelle patrie où elle vit. Exil et découvertes, les souvenirs et les cultures se combinent dans un hymne à la liberté, un rejet des dictatures, plein de poésie et de tendresse.
«Je voudrais confier aux nuages voguant dans le ciel de France un message qu'ils transporteraient jusqu'à Prague, je voudrais que ce soient les nuages qui fassent le pont» (p. 141).
Ce n'est qu'à la p. 195 (un an après son arrivée), qu'Ana va habiter chez Albert, «dans son grand lit». La pudeur n'en dira pas plus, sauf que peu après, elle est enceinte d'Albert, qui meurt non pas près d'elle mais dans les bras de son ancienne amante, Grofka. L'ancien amour était le plus fort. Édouard propose généreusement de l'épouser, mais elle décline la proposition. Elle est dénoncée à la police, par Grofka «fée ou sorcière»?
Le communisme est tombé. Elle ne peut plus demander l'asile politique en France. Elle n'a pas oublié son pays d'origine. le rideau tombe à l'avant-dernière page: «La Gare de l'Est. le point de départ. Je suis déjà dans le train». Nouveau départ !
Ce livre est l'un des quatre finalistes du prix littéraire du Club Richelieu International Europe qui sera décerné au début 2019.
Une réflexion encore. L'enfer qu'a connu Ana jusqu'à 18 ans s'est écroulé mais il ne faut rien oublier. Si vous passez par Prague, ne manquez pas, en haut de la place Wenceslas, haut lieu à l'époque de la résistance du peuple, la toute petite stèle, toujours fleurie, à la mémoire de Jan Palach, l'étudiant martyr et symbole de la liberté qui s'est immolé par le feu à cet endroit pour protester contre l'oppression, et mobiliser les consciences. Ce fut l'icône de la résistance. Quand je suis allé à Prague avec ma fille, c'est la première chose que j'ai voulu lui montrer.
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La jeune fille qui dit NON
Conte d'apprentissage.

Il était une fois une jeune fille qui vivait bien loin de la Tour Eiffel, du Sacré Coeur et de Notre Dame de Paris. Elle venait d'un pays de l'Est, la Tchécoslovaquie.
Il y a seulement huit jours son père lui avait dit : « Tu pars en colonie de vacances à Paris. »
« Pour une fois ils étaient d'accord. Cette nouvelle fut une telle surprise pour moi que mon silence ébahi fut pris pour un accord. J'aurai voulu me révolter mais, je ne savais pas comment. Ne pas y aller, c'était rester avec eux ; y aller, c'était courber l'échine, plier. Non, ça n'aller pas fort entre nous… »
Oui, mais voilà, à la fin de son séjour « la jeune fille » a dix-huit ans. La majorité, le sésame vers la liberté ?
Mais pour cela il a fallu oser dire NON. Faire plier les adultes à cette volonté toute neuve d'émancipation.
Alors ses pas la conduisirent au-delà des murs de cette gare… C'est là, ici et maintenant, que tout est possible.
Ses pas l'emportent, elle a des « semelles de vent », qui la conduisent vers le cimetière du Père Lachaise, où gisent des gens célèbres.
Au détour d'une allée quelqu'un la domine et ne s'adresse qu'à elle, alors qu'il y a foule.
Cette forme dit s'appeler Grofka, est-ce une bonne fée ou bien autre chose ?
La jeune fille devient Ana. La fée l'emmène dans un café où elle entre comme chez elle. Va s'ensuivre une pantomime de présentation qui rend le lieu encore plus étrange. Et trois petits tours et Grofka s'en va.
Au Café de la joie du peuple, il y a les habitués et leurs rituels.
Au bout du bar, il y a un cagibi avec son fenestron…
La jeune fille qui a dit NON, apprend la liberté, elle a une seule certitude, d'où qu'elle vienne, où qu'elle vive désormais, « l'enfance ne se traduit pas ».
La chenille Ana tisse de fils de soie son cocon, jusqu'en avril 1989. Muette, elle se nourrit du quotidien de Bernard, le patron du café, de Jacob et Yacoub les fidèles, d'Eugène l'esthète et surtout d'Albert peintre-sculpteur.
Chacun lui apporte quelque chose.
Les nuits lui appartiennent, elle foule les rues de Paris, elle engrange, les lieux, les senteurs, les mystères de cette ville où elle vit désormais.
Albert sera un vecteur vers la vie, vers la beauté et qui lui apprendra à décupler sa capacité de voir.
« Et puis, on le dit bien dans les livres saints : au début il y avait le Verbe. le silence n'est pas mentionné. »
Devenue chrysalide, Ana, sous la verrière de l'atelier d'Albert, la lumière l'enveloppant de ses couleurs toujours changeantes, continue à ne pas se révéler.
La chrysalide, découvre les anecdotes du pays, les réflexions sur la liberté. Par un jeu de miroir, elle confronte les valeurs de son pays d'origine à celles de sa terre d'accueil. Elle fait semblant de s'abandonner aux autres mais pour mieux se découvrir.
Elle aura sa vérité à elle mais sans l'imposer aux autres, elle se forge, se renforce, encore et encore.
Le papillon est prêt à prendre son envol. Les ailes d'Ana s'ouvrent sur L'histoire revisitée, les fondements et les matériaux sont là.
Le papillon se pose dans les dernières pages et il nous cueille comme un uppercut.
Car il y a un moment où il y a devoir d'émancipation, se créer, se libérer.
Il était une fois, la liberté de « celle qui' s'inventa, à l'aube de la jeunesse et au moment où elle peut se croire immortelle.
Lenka nous offre un conte d'une force inouïe, du silence éloquent à l'obscure clarté, une vie en devenir.
Une narration parfaitement maîtrisée, une identité littéraire.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 19/02/2018
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Le nouveau roman de Lenka Hornakova Civade.

Me voici à nouveau sous le charme, un livre, une histoire et un univers différent du premier.

Nous y retrouvons tout de même des femmes fortes et décidées à prendre leurs vies en mains,  dans un Paris des arts que j'adore.



C'est l'histoire...

D'Ana, une jeune femme d'origine étrangère qui décide après un camps d'été à Paris de ne pas rentrer dans son pays. Elle rencontre Grofka, une femme mystérieuse et fantasque dont le passé reste nébuleux. Celle-ci la confie à Bernard tenancier d'un  café, lieu de rencontre d'êtres souvent solitaires qui parfois travestissent leur histoire et souffrance pour embellir leur vie.

Ana va jouir de son nouvel environnement et chercher son nouveau chemin de vie, loin du communiste dans un Paris de toutes les libertés.

Une vraie belle surprise. On a toujours peur lorsque l'on adore le premier roman d'un auteur d'être déçu. On l'attend un peu au tournant. J'imagine que pour l'auteur c'est tout aussi difficile...

Ce roman est une vraie réussite et j'ai adoré voyager dans un Paris qui me fascine toujours.


Lien : https://justelire.wordpress...
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Dès les premières pages de ce livre, tu as eu un véritable coup de foudre pour l'écriture à la fois poétique et romantique de l'auteure… Mais parfois les coups de foudre littéraires s'épuisent au fil de la lecture, ce qui n'a pas été le cas pour cette Verrière sous le ciel qui ne déçoit décidément pas. Dans ce récit, nous rencontrons très vite Ana, debout sur son quai de gare parisien. Ana vient de Tchékoslovaquie, et a tout juste 18 ans le jour même où elle doit rentrer chez elle. Elle était en France pour une colonie de vacances, mais n'a pas tellement profité de son séjour, toute tendue qu'elle était de pouvoir répondre à l'injonction parentale avant son départ… Ne reviens pas. Ana refuse donc de monter dans le train avec les autres. La délégation n'insiste pas, puisqu'elle est dorénavant majeure. Mais Ana est soudain saoule et perdue devant cette liberté toute neuve, et bien seule à Paris. Elle navigue au gré du hasard dans la capitale, puis se réfugie sur la tombe de Modigliani. Heureusement, elle est prise en charge par une mystérieuse femme, Grofka, qui va la cacher dans l'arrière salle d'un café. Petit à petit, Ana devenue mutique, va s'intéresser au monde qui l'entoure, s'ouvrir aux autres, tomber amoureuse… mais s'interroger aussi beaucoup sur ceux qu'étaient réellement ses parents et sur ce qu'ils lui ont transmis. Peut-on être libre quand on se cache, qu'on a le mal du Pays, qu'on aime et qu'on apprivoise à la fois son corps et une langue étrangère ? Ana découvre toutes ces questions dans l'arrière salle du café de Bernard et sous la lumière majestueuse de la verrière d'Albert, le peintre. Et toi lectrice, tu as aimé ce roman lumineux, à la prose nostalgique et belle. Lenka Hornakova-Civade signe ici un second roman très réussi, gros coup de coeur de lecture pour toi. Tu as hâte à présent de lire son premier roman, Giboulées de soleil, qui a reçu le Prix Renaudot des lycéens en 2016.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Lorsque j'ai beaucoup aimé un premier roman, la crainte est toujours latente d'être déçue par les suivants, et surtout le deuxième. En l'occurrence, il n'en est rien. Et "Une verrière sous le ciel" de Lenka Horňàkovà, lu dans le cadre de la dernière Masse Critique est une pure merveille.

Je remercie très chaleureusement Babelio et les Editions Alma pour ce moment de lecture.

Il s'agit de l'histoire d'Ana, jeune Tchécoslovaque de 18 ans qui refuse de prendre le train pour rentrer chez elle après une semaine de colonie de vacances en France organisée par le Parti Communiste. L'histoire débute donc sur un quai de la Gare de l'Est à Paris, nous sommes en 1988. Ana se retrouve seule, sort de la gare et ses pas la mènent jusqu'au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe du peintre Modigiliani.

C'est là qu'elle rencontre Grofka, sortie d'on ne sait où, une fée amicale ou maléfique, réelle ou rêvée "Au début, j'ai pensé que Grofka était une fée ; je la crois de plus en plus une sorcière…" "Dans les contes de mon pays, il y a souvent trois fées qui se penchent sur le berceau du bébé pour lui prédire son destin…" Celle-ci, après lui avoir demandé de rester muette, conduit Ana jusqu'au café tenu par Bernard et la cache dans un réduit situé près du comptoir. A la manière d'un conte, l'auteure va nous guider aux côtés de l'héroïne, en quête d'une nouvelle vie, d'un avenir inventé, de la liberté.
Petit à petit apparaissent des personnages variés tous particuliers : Jacob et Yacoub, qui viennent chaque matin boire leur premier café, Eugène et Albert le peintre, Marie-Pierre ou Maria, on ne sait trop et même ce Monsieur ON dont parle Ana comme d'un maître ... Tous auront une importance dans sa nouvelle vie, dans sa recherche de liberté. Elle va apprendre de chacun, se mettre à parler, s'interroger, aimer, souffrir, grandir.

Lenka Horňàkovà m'a régalée de sa belle écriture, puissante, forte, élégante, poétique et parfaitement maîtrisée. "Avril appâte le monde avec la promesse de jours plus longs et de plus en plus chauds." Elle m'a émue par ses références à la peinture, aux fleurs et à leur symbole, au rouge des oeillets, à la rose et son parfum, par ce constant parallèle entre la vie d'Ana et les changements politiques… 1989… la chute du mur, l'envolée d'Ana. Ana qui progresse grâce à l'amour d'Albert, et qui continuera de chercher sa liberté.

"Une verrière sous le ciel", comme une trouée qui permet de voir au-delà des nuages, un horizon qui s'ouvre, se découvre, une lumière qui entre dans la vie et la sublime, un essor vers la liberté. "Une verrière sous le ciel", un magnifique roman initiatique.


Lien : http://memo-emoi.fr/
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