Ce qui est prévisible est mortel.
C’était aussi la seule école qui comptait plus d’enseignants que d’étudiants. Il n’y avait pas de vacances, pas de réunions sportives, pas d’uniformes, pas de punitions, pas de visiteurs, pas de récompenses ni d’examens. Pourtant c’était bien une école. L’école des assassins.
Dans ce domaine d’activité, qui est devenu le mien, ce qui vous définit n’est pas qui vous êtes mais qui vous n’êtes pas.
Impossible de rester là. Je craignais que les soldats ne finissent par remarquer l’entrée de la canalisation et par comprendre comment nous leur avions filé entre les doigts – auquel cas ils feraient demi-tour et nous retrouveraient sans peine. Il fallait creuser l’écart entre eux et nous, tant que nous en avions encore la force. Mais il était évident que Léo ne pourrait pas aller loin. Il avait mal à la tête et la respiration difficile. Était-ce absurde d’espérer qu’il ait juste attrapé un rhume, ou qu’il souffre d’un état de choc ?
- Vous m'avez sauvé la vie, Hunter.
Il a souri.
- Prendre une vie. En sauver une autre. Tout ça avec une seule balle, ce n'est pas si mal.
Alex et Yassen venaient de mondes très différents, cependant ils avaient beaucoup en commun. Au même âge, ils avaient perdu tout ce qui leur était cher et s’étaient retrouvés orphelins. Ensuite, ils avaient été choisis. Dans le cas d’Alex, par le MI6, la division des opérations spéciales des services secrets britanniques. Dans le cas de Yassen, par Scorpia. Leur avait-on laissé le choix ?
Il n'était peut-être pas trop tard. Yassen songea à sa vie, à son journal intime, qu'il avait passé une bonne partie de la nuit à relire. Si seulement quelqu'un l'avait aidé, conseillé, avant qu'il ne s'introduise dans l'appartement du parc Gorki, avant qu'il n'arrive à Malagosto. Pour lui, il n'y avait eu personne. Mais pour Alex, tout pouvait encore changer.
Parfois, les choses tournent mal. C'est inévitable. Mais il ne faut pas commettre l'erreur de gaspiller de l'énergie à se tracasser pour des événements sur lesquels on n'a aucune influence. Une fois qu'ils ont eu lieu, mieux vaut passer à autre chose.
- Chacun fait des choix, Cossack. Qui nous sommes, ce que nous sommes. Généreux ou égoïste. Heureux ou triste. Bon ou mauvais. Tout est une question de choix.
Il tuerait Alex Rider le lendemain matin. Pas question de désobéir aux ordres. Peu importait le lien qui les unissait. Ce lien, qu'Alex ignorait, s'appelait John Rider. C'était le père d'Alex.
John et Yassen. Noms de code: Hunter et Cossack. Le Chasseur et le Cosaque.