Citations sur Le Disparu de Larvik (14)
Elle regardait un petit écriteau qui disait que la vie, c'était comme le vélo. Pour garder l'équilibre, il fallait aller de l'avant.
Le manque d'affection, d'amour, de chaleur et d'attention les avait marqués. Ils portaient souvent en eux des histoires douloureuses qu'ils n'avaient jamais osé partager, ou que les autres n'avaient pas vues ou pas osé voir. Des histoires de déception et de relations blessées, détruites. Les prisons regorgeaient de jeunes hommes dont les besoins primaires avaient été mal ou pas du tout assouvis dans leur enfance.
"Non, je pensais à la psychologie des témoins. Il y a un film sur un terrain de basket avec cinq joueurs dans chaque équipe. Je l'ai vu à une formation. Avant la projection, on te demande de compter le nombre de fois où les joueurs en blanc se lancent le ballon. Au milieu du match, un homme déguisé en gorille arrive sur le terrain. Après, on ne demande pas combien de passes il y a eu, mais si quelqu'un a remarqué autre chose. Très peu de gens ont vu le gorille. "
Il ne suffisait pas de connaître le droit, il fallait aussi maîtriser la rhétorique. Dans une telle affaire, il s'agissait autant de persuader que de démontrer. C'était une question de présentation des preuves. Celui qui l'emportait n'était pas nécessairement celui qui détenait la vérité, mais celui qui parvenait à argumenter le mieux. ( p 364 )
Wisting se redressa.
"Comme je le disais tout à l'heure, j'ai examiné à la fois le dossier de l'affaire et la documentation de fond, et j'ai alors découvert un souterrain."
Le juge avait pris son stylo et notait.
"Un souterrain ?
- En jargon policier, c'est un passage qui permet d'accéder à une affaire, une voie qui est passée inaperçue, ou que les directeurs de l'enquête ont refusé de voir. Une piste qu'on a choisi plus ou moins sciemment de ne pas suivre.
En tant qu'enquêteur, il était souvent difficile de savoir que croire. Les témoins les plus crédibles avaient tendance à être ceux qui s'exprimaient bien et qui paraissaient sûrs de leur fait. Un vocabulaire pauvre, des faits relatés sans cohérence affectaient la crédibilité, mais la crédibilité n'était pas toujours en rapport avec la fiabilité.
Les informations que la police tirait des milieux criminels étaient primordiales. En général, les informateurs jouaient un rôle déterminant dans l'élucidation des grandes affaires de drogue. C'était une méthode confidentielle à laquelle n'avaient accès ni le juge ni la défense et ça pouvait être un jeu dangereux, puisque les informateurs devaient tout de même abuser de la confiance des gens sur lesquels ils détenaient des informations et que personne n'aimait les traîtres. De simples rumeurs selon lesquelles quelqu'un avait parlé pouvaient conduire à des représailles. La sécurité des informateurs était donc capitale et la règle tacite était qu'un policier n'interrogeait jamais un collègue sur l'identité de sa source.
Nous jugeons en permanence, nous évaluons les autres à partir des vêtements qu'ils portent, de la voiture qu'ils conduisent, de l'endroit où ils habitent, des études qu'ils ont faites et de leur métier. Parfois, nous avons raison, parfois nous nous trompons.
Elle n’arrivait pas à s’affranchir de l’idée qu’il avait tenu cette même clef. Il l’avait eue dans sa poche, l’avait triturée, avait refermé sa main autour.
En trente-deux ans, la criminalité s'était transformée. L'attitude générale aussi. Globalement, par le passé, les gens venaient toujours relater à la police ce qu'ils avaient vu et entendu. Désormais,la police se heurtait de plus en plus fréquemment à un mur de silence, même quand les renseignements qu'elle recherchait étaient largement en périphérie d'un crime. La peur avait pris le dessus. Les gens ne voulaient être mêlés à rien et craignaient de parler à la police. Ils étaient de surcroît devenus plus étrangers les uns des autres et se préoccupaient moins de ce qui se passait autour d'eux.