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Citations sur Les fantômes de Maiden Lane, tome 2 : Troubles plaisirs (3)

La fille d'un duc apprend très tôt ce que préconise l'étiquette dans à peu près toutes les circonstances de l'existence. Dans quelle assiette servir des ortolans. Quand acquiescer aux propos d'une comtesse douairière et quand la remettre à sa place. Que porter pour une promenade en barque sur la Tamise, et comment repousser poliment les avances d'un comte désargenté durant le pique-nique qui s'ensuit.
Tout, à vrai dire, songea avec ironie, lady Hero Batten. Hormis comment aborder un gentleman occupé à forniquer avec une dame qui n'était pas son épouse.
— Hum, hum, essaya-t-elle, les yeux rivés sur les moulures du plafond.
Les deux amants vautrés sur le sofa ne parurent pas l'entendre. La femme laissait échapper des gémissements suggestifs sous son atroce robe à rayures grises et marron, présentement rabattue sur son visage.
Hero soupira. Ils se trouvaient tous les trois dans un petit salon faiblement éclairé de Mandeville House, et elle regrettait d'avoir choisi cette pièce pour remonter ses bas. Si elle s'était rendue dans le salon oriental, ses bas seraient déjà en place et elle aurait repris le chemin de la salle de bal - loin, très loin de cette situation fort embarrassante.
La jeune femme baissa discrètement les yeux. Le gentleman, affublé d'une perruque blanche, s'était débarrassé de sa veste de satin et besognait sa compagne en manches de chemise et gilet de satin émeraude. Son pantalon était baissé pour lui faciliter la manoeuvre, si bien qu'Hero apercevait ses fesses musclées. Le spectacle, du reste, ne manquait pas d'attrait. Quel qu'il soit, ce gentleman possédait des attributs physiques... pour le moins séduisants.
Hero tourna le regard vers la porte. En d'autres circonstances, personne ne lui aurait reproché de faire demi-tour et de quitter les lieux sur la pointe des pieds. D'ailleurs, elle ne s'en serait pas privée si elle n'avait pas doublé lord Pimbroke dans le couloir moins d'une minute plus tôt. Or, cette affreuse robe rayée ne lui était pas inconnue : Hero l'avait déjà remarquée un peu plus tôt dans la soirée - sur lady Pimbroke. Bien qu'elle n'eût pas la moindre envie de se retrouver dans une situation plus embarrassante encore, la jeune femme voulait par-dessus tout éviter un duel entre les deux gentlemen.
Forte de cette résolution, Hero détacha l'une de ses boucles d'oreilles en diamant et la lança sur les fesses du gentleman. Le bijou atteignit sa cible - Hero s'était toujours enorgueillie de savoir viser.
La réaction du gentleman ne se fit pas attendre : il poussa un juron et jeta à Hero un coup d'oeil par-dessus son épaule, avec les plus beaux yeux verts qu'elle ait jamais vus.
Son visage n'avait rien d'inoubliable - sa mâchoire était trop large, son nez trop recourbé et ses lèvres trop fines pour répondre aux canons de la beauté masculine -, mais son regard était capable d'aimanter celui de n'importe quelle femme, jeune ou vieille. Une fois le regard de la femme en question capturé, celle-ci devait se laisser facilement hypnotiser par la virilité arrogante qui émanait du personnage. À moins, bien sûr, que les circonstances présentes n'aient donné à son regard un éclat particulier.
— Vous ne voyez pas que je suis occupé ? lança-t-il, sa colère s'étant transformée en amusement quand il réalisa que c'était une femme qui l'avait dérangé.
Hero sentit le rouge lui monter aux joues. Elle s'obligea cependant à soutenir son regard.
— Je l'avais remarqué, figurez-vous, mais il se trouve que…
— Vous êtes du genre à aimer à regarder ? La coupa-t-il.
Hero avait maintenant les joues en feu. Mais il n'était pas question qu'elle laisse ce gredin avoir le dernier mot. Elle lui adressa un sourire suave.
— Je préfère les divertissements où je ne risque pas de m'endormir.
Elle pensait que l'insulte le mettrait hors de lui, mais pas du tout : il sourit en retour, et une petite fossette lui creusa le menton.
— Cela vous arrive souvent, mon ange ? Vous endormir, alors qu'on commence juste à s'amuser ? Ne vous blâmez pas. La plupart du temps, c'est la faute du gentleman, pas la vôtre.
Dieu du ciel ! Personne n'avait encore jamais parlé ainsi à Hero !
Elle haussa délicatement le sourcil gauche - une mimique qu'elle avait répétée des dizaines de fois devant son miroir, à l'adolescence, et qui faisait trembler les matrones. Mais le gredin ne cilla même pas.
— Avec moi, reprit-il, les femmes n'ont pas ce problème. Mais restez donc, et regardez. Je vous promets que cela sera instructif. Et s'il me reste des forces ensuite, je pourrai peut-être vous montrer.
— Lord Pimbroke est dans le couloir ! Lâcha Hero avant qu'il puisse terminer sa tirade insolente.
Un petit cri horrifié s'échappa de l'amoncellement d'affreux tissu rayé.
— Eustace est là ?
— Oui. Et il se dirige vers cette pièce, précisa Hero.
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— Griffin, essaie pour une fois de mettre tes préoccupations de grand frère de côté. Comment puis-je envisager d'épouser un homme qui semble épouvanté à l'idée de m'embrasser ?
— Comment sais-tu seulement qu'il songeait à t'embrasser ? Peut-être craignait-il que tu ne prennes froid ? Ou s'inquiétait-il pour ta réputation.
— Parce que je lui ai demandé !
— Quoi ? De…
— De m'embrasser, confirma Margaret. Et il a réagi comme si je lui avais demandé de lécher un calmar. Un calmar vivant.

Griffin se demanda s'il pouvait provoquer en duel un homme pour n'avoir pas embrassé sa sœur.
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— Vous avez dû être terrifiée, commenta Margaret. Un fantôme et un incendie.
— Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur, avoua lady Hero. Des gens couraient en tous senspour tenter d'éteindre l'incendie, et sauver les enfants des flammes. Le fantôme ne m'a pas fait l'effet d'un assassin. Il a au contraire prêté main-forte à la foule.
— Peut-être n'assassine-t-il que la nuit, suggéra Griffin.
— Ou quand les rues sont désertes, ajouta Margaret.
— Le lundi, renchérit Huff.
Griffin se tourna vers lui :
— Pourquoi le lundi ?
Huff haussa les épaules.
— Peut-être ne tue-t-il que le lundi, et se repose-t-il le reste de la semaine, suggéra-t-il.
— Huff, vous êtes un génie, déclara Griffin avec un regard admiratif. Un assassin qui ne tuerait que les lundis ! Ce qui veut dire qu'on serait tranquilles du mardi au dimanche.
Huff haussa les épaules avec modestie.
— Il faudrait quand même compter avec les autres assassins. C' en était trop pour sa femme.
— Tout cela est absurde ! Que ferait un fantôme en tenue d'Arlequin dans les rues de Saint-Giles, s'il n'était pas là pour tuer des gens ?
Griffin leva son verre dans sa direction.
— Une fois de plus, Caroline, ta logique s'est révélée supérieure à la nôtre. Je m'incline.
Hero laissa échapper un petit bruit, comme si elle se retenait de rire.
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