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« Le stagiaire Hrma est à son poste ! » Hrma, c'est Milos, stagiaire des chemins de fer de l'Etat, dans une petite gare de Bohème pendant l'occupation nazie. Y passe des « trains étroitement surveillés », aux mains des SS, que les partisans tentent de saboter. Milos va y faire son apprentissage.
Tout en magnifiant la résistance et l'héroïsme, Hrabal dans ce petit bijou littéraire nous allège l'insoutenable avec des scènes tragi-comiques du quotidien comme cet adjoint du chef de gare qui profite d'une garde de nuit avec une jolie télégraphiste, pour la culbuter et lui oblitérer les fesses avec le tampon de la gare, sans oublier le dateur 😁! L'événement fera bruit en bien et en mal….

Hrabal, « étroitement surveillé » par le régime communiste, une dictature de 42 ans établie si longtemps en Tchécoslovaquie de 1948 à 1990 , sauvera sa peau des censeurs grâce à la dérision qui est au coeur de son oeuvre. Dans l'absurdité tragi-comique de son quotidien, l'inconcevable deviendra réalité avec des personnages « palabrant », c'est à dire proposant des conceptions de vie originales et pleine de fantaisie, riche en états d'âme révélateurs de prises de conscience . Son dérisoire se déclame dès le départ dans l'ambiguïté des situations, lorsque dans le récit qui a lieu durant la Deuxième guerre mondiale, les bourreaux , ici les Allemands, sont présentés en sauveurs ( comme dans la dictature communiste) , lorsque le chef de district venu enquêter l'histoire des tampons, déclame, « La plus noble des races risque sa vie pour vous….et vous voilà ce que vous faites ! ». Il s'accentue avec des personnages digne de celles de la Commedia dell'Arte; le chef de gare qui se préparait au poste d'inspecteur , après le passage du chef de district et la rédaction du procès verbal de l'histoire des tampons , crie à plusieurs reprises, à plein gosier, tourné vers la cour d'aération : « -Je peux me la mettre quelque part, à présent , l'épaulette d'inspecteur ! » . Mais le dérisoire malheureusement n'arrive pas à effacer le tragique d'une histoire forte, violente, riche en images et métaphores, même si la réalité reste souvent ensevelie sous une épaisse couche de réalisme magique .
Première rencontre magique et tragique avec Bohumil Hrabal !

« Pour le vrai lecteur, il faut dégainer toutes les phrases sans hésiter, abattre toutes les barrières. C'est la seule façon de procurer de l'étonnement ou de l'indignation au vrai lecteur, de lui donner le désir de tailler une bavette dans un café avec l'auteur ou alors d'aller l'attendre pour lui allonger une dérouillée à le rendre méconnaissable. »
(Bohumil Hrabal)
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Trains étroitement surveillés est un court récit, presque un huis clos, qui a l'originalité de se dérouler essentiellement dans une petite gare de Bohême pendant la seconde guerre mondiale.
Nous sommes en 1945 et l'armée du 3ème Reich semble ne plus être que l'ombre d'elle-même, mais vous le savez comme moi, une bête à l'agonie, en déroute, n'est jamais aussi dangereuse que lorsqu'elle est aux abois. Les Allemands savent-ils alors qu'ils ont déjà perdu la guerre ?
Pourtant ils continuent de faire transiter par cette gare des Trains étroitement surveillés autant par eux que par les partisans alentour...
Nous faisons la connaissance de quelques personnages pittoresques qui composent le personnel de cette gare, à commencer par le narrateur, le stagiaire, un jeune garçon très naïf, Milos Hrma, qui possède encore la virginité des premiers émois amoureux et dont la vexation d'un coeur épris pour la jeune et belle contrôleuse Macha n'a rien à envier au jeune Werther. Tout ça à cause d'une éjaculation précoce ! Hé oui, il existe aussi des trains qui partent avant l'heure et ce n'est parfois guère mieux que ceux qui arrivent en retard...
Il y a bien sûr le chef de gare, personnage touchant du haut de son quintal et de son nom à particule, - M. le baron Lansky de la rose, qui cultive une passion éperdue pour ses pigeons qui roucoulent dans le colombier tout près et qu'il bichonne toute la journée comme si c'étaient ses propres enfants. Il en oublierait presque les trains qui passent dans sa gare... Gare à sa prochaine promotion qu'il attend avec tant d'impatience !
Mais le plus croquignolesque de tous est sans doute l'adjoint au chef de gare, Hubicka, préposé à la sécurité qui, une nuit de garde passée avec une jeune télégraphiste, se retrouva à la faveur d'un jeu coquin pour briser l'ennui, à tamponner frénétiquement, - je n'ose pas dire à un train d'enfer, l'arrière-train de cette belle callipyge des chemins de fer d'État avec le tampon de la gare, la date du cachet faisant même foi...
Cet événement sera marquant dans tous les sens du terme et mettra en émoi toute la hiérarchie ferroviaire jusqu'au chef de district. C'est peu de dire que les ambitions du chef de gare, qui rêvait de devenir inspecteur des chemins de fer d'État, sont dès lors quelque peu compromises...
Ce récit qui tient à certains moments de la fable burlesque, regorge de petites scènes cocasses de ce genre, non pas pour faire oublier les affres de la guerre, mais pour les inviter dans la narration sous la forme d'une tragi-comédie.
Il y a des scènes poétiques et touchantes, très imagées, habitées par des personnages attachants que je ne suis pas prêt d'oublier. Il y a aussi une tristesse qui traverse les pages et nous étreint. C'est la guerre mille fois vue, mille fois écrite, dite d'une autre manière...
Non, je n'oublierai pas la générosité de cette jeune Tyrolienne, Viktoria, qui a le coeur sur la main et la main prête à aider ce jeune stagiaire à faire une entrée victorieuse et solennelle dans la grande vie.
L'horreur de la guerre n'est pas décrite ici à gros coups de panzers, mais subtilement, par quelques détours emplis de fantaisie et de poésie, qui rendent ce théâtre d'un monde en perdition empli d'humanité.
Il souffle aussi dans cette gare perdue au milieu de ce paysage solitaire de Bohême, un esprit de résistance, mêlant l'irrévérence au désespoir. Comment alors ne pas voir une forme de satire déguisée à l'égard de tous les pouvoirs totalitaires, à commencer par celui qui dirigeait la Tchécoslovaquie de l'époque où Bohumil Hrabal écrivait ce récit ?
Vous l'aurez compris, Trains étroitement surveillés est à l'opposé des romans de gare. C'est pour moi un petit chef d'oeuvre littéraire qui m'a fait découvrir un grand auteur tchèque, Bohumil Hrabal.
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1945, Dans une petite gare d'une petite ville de Bohème, il se passe de drôles de choses. Un jeune stagiaire reprend son poste après avoir tenté de se donner la mort par amour, un chef de gare s'occupe plus volontiers de ses pigeons que de son travail, mais surtout il y a ce scandale qui fait déplacer la hiérarchie et les collègues : un préposé a osé tamponner les fesses d'une jolie télégraphiste, qui n'avait rien contre, mais le plus grave était que sur certains tampons, les mots étaient allemands !
Bien sûr tout cela pourrait faire sourire (et bien sûr ça le fait), mais je rappelle que nous sommes en temps de guerre, que les convois nombreux qui traversent la ville, sont chargés de soldats, de matériels et parfois même d'explosifs...

Quelle ambiance étrange ! Tout y est narré de façon cocasse mais tout y est empreint d'une infinie tristesse. Bien sûr on sourit, souvent, mais toujours on pense à ces hommes qui luttent contre l'ennemi bien évidemment, contre la maladie d'amour, l'envie... Mais nous sommes en temps de guerre et la vengeance, l'espoir, la résistance et l'héroïsme y ont aussi leur place.
C'est superbement écrit et traduit. La petite musique de nuit monte lentement mais inexorablement, et la fin est bouleversante.

Je suis très heureuse d'avoir fait connaissance avec cet écrivain remarquable et je remercie Guy (Glaneurdelivres) de m'avoir ouvert la porte de sa bibliothèque pour cette belle rencontre.
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Toute l'ambiance d'une petite gare tchèque qui, en 1945, voit défiler une armée allemande peu brillante, des personnages extravagants comme l'ambitieux chef de gare et ses pigeons, les cocasses aventures sentimentales du sous-chef Hubicka et les premières et décevantes expériences érotiques du jeune stagiaire Milos.

Mais derrière cette exubérance à la 'Malaparte' peut surgir le drame.
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Ceci n'est pas un roman historique. Certes, l'action se déroule en pleine 2nde guerre mondiale, certes, on y voit des résistants tchèques faire exploser des trains d'explosifs, mais ce n'est pas pour autant un roman historique. Non, c'est un roman d'apprentissage qui conjugue héroïsme et poésie. Et comme toujours chez Hrabal, un zeste d'irrévérence et beaucoup d'humour.
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La vie monotone d'un fonctionnaire des chemins de fers durant la seconde guerre mondiale.
Le roman met en exergue l'importance de la virilité masculine dans la vie d'un jeune homme timide en manque de repères.
Au delà d'un beau style c'est surtout l'impuissance masculine et ses conséquences qui sont ici envisagées
Un livre assez court qui se parcours avec beaucoup de plaisir et dont la fin nous laisse sur un sentiment d'agréable liberté
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1945 Tchécoslovaquie
Miloš est stagiaire dans une petite gare pendant l'occupation nazie , lors de la Seconde Guerre mondiale en passe d'être gagnée par les Alliés. Mal dans sa peau, trop timide, il ne parvient pas à "conclure" avec la jeune et jolie contrôleuse qui travaille avec lui et qui pourtant semble peu farouche. A la suite de cet échec, désespéré de ne pouvoir prouver sa virilité à cause de son éjaculation précoce (l'expression "flétri comme un lys" m'a fait sourire!), il tente de s'ouvrir les veines. Un petit roman bien écrit dans lequel les personnages sont tous plus fous et incontrôlables les uns que les autres et où l'humour côtoie parfois l'absurde pour notre plus grand plaisir.
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Nous sommes en 1945, une petite gare en Bohême sous occupation allemande. La guerre est en train d'être gagnée par les Alliés, mais la lutte dure encore, et des trains chargés d'armes et de soldats passent par la petite gare. le narrateur, stagiaire dans les chemins de fer, a tenté de se suicider à cause de problèmes amoureux. D'autres événements, cocasses ou tragiques sont en cours.

Hrabal campe une galerie de personnages, légèrement allumés, qui semblent vivre dans un monde décalé, mais la souffrance et la tragédie ne sont jamais loin, même mises à distance par l'humour. Texte ramassé, plein d'entrain et de tristesse, il se lit vite, mais ne s'oublie pas le livre terminé.
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Une petite merveille à déguster tranquillement. de l'humour, de l'émotion, mais aussi une sorte d'ambiance surréaliste (bien représentée par l'illustration de la couverture, un tableau de Delvaux, peintre que je vénère) qui pénètre le lecteur doucement et qui le transporte vers un monde un peu cotonneux, très onirique. Il y a du Kafka dans les descriptions de la hiérarchie ferroviaire tchèque.
Dans ce petit livre la tragédie est inextricablement liée à la comédie et au bizarre..
On hésite puis lentement on se laisse envahir par un troublant sentiment de douce tristesse. Si ce livre n'est pas, à mon avis, au niveau du formidable UNE TROP BRUYANTE SOLITUDE du même écrivain, il est quand même hautement recommandable. L'écriture est magnifique, le récit, baroque, passionnant et ce petit livre offre une sacrée bonne réflexion sur la finalité de la vie.
Ce roman est plus que bon.
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Je poursuis lentement la relecture de mon écrivain préféré.
Magnifique roman encore du génie tchèque décrivant la vie d'une petite gare sous l'occupation nazie. Nous suivons l'activité nocturne de cette gare à travers le regard du stagiaire Milos, d'une timidité maladive, épris d'une jeune contrôleuse. Il y est question de résistance, d'amour et d'absurdité.
Grand roman qui ne renierait pas une certaine filiation avec Hasek tant la truculence est présente et laisse par moment place à une gravité très émouvante.

Un récit petit par la taille mais grand par la qualité.
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