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Critique de Darkcook


Cela faisait trop longtemps que le Grand Hugo m'appelait depuis ma bibliothèque... Depuis l'automne 2016 (déjà!) et mon extraordinaire lecture des Contemplations, je l'avais délaissé! Pire encore pour son théâtre, dont les dernières lectures doivent remonter à 2011 ou 2012. Je m'attaque au Roi s'amuse, recommandé par un ami, et dont je savais qu'il renfermait un des derniers monstres grotesques hugoliens qu'il me restait à découvrir, Triboulet, le bouffon de François 1er, après Quasimodo, Gwynplaine (dont il est une sorte de première tentative!) et Ruy Blas...

Cela commence presque comme une comédie, et même si on sait que c'est trompeur, on se laisse avoir. Lors d'une soirée au Louvre, Hugo nous dépeint le roi François 1er fou, jouisseur et libertin comme le dit mon édition, à papillonner autour de chaque femme de la fête... Triboulet est là pour jouer son âme damnée, son perroquet farceur et perfide, mais il renferme évidemment une autre âme... On se régale lors de cet acte I folâtre, qui trouve son point d'orgue et de bascule avec l'arrivée de M. de Saint-Vallier, qui lance sa malédiction shakespearienne sur le roi et sur Triboulet. Sa fille fait en effet partie des innombrables conquêtes et victimes du roi... C'est un des meilleurs passages de la pièce, avec une tirade et des invectives très fortes.

L'acte II nous révèle le secret de Triboulet : L'existence de sa fille Blanche, qu'il conserve loin de ces festivités et de cette cour orgiaque, comme une incarnation de la pureté et de l'innocence... À partir de là, on commence à deviner ce qui peut se passer, et on a vraiment pas envie que cela arrive, mais la machine infernale tragique est évidemment lancée! Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que l'acte IV est insoutenable, avec lui sa terrible conclusion, et une partie de l'acte V.

Malgré tout, je continue à préférer, de loin, Ruy Blas, et, hors du champ strictement théâtral d'Hugo, Les Contemplations, Notre-Dame de Paris et L'Homme qui rit. La pièce a ses moments forts, et d'autres qui le sont un peu moins. Mais Victor Hugo a tellement écrit qu'on devient pinailleur et exigeant avec lui, même quand on l'adore!

Le roi s'amuse, tragédie écrite en 1832, a apparemment fait scandale à l'époque, a été interdite, pour sa représentation de François 1er, et c'est une oeuvre qui était chère à Hugo : Il a pu la faire rejouer vers la fin de sa vie... En la lisant aujourd'hui, à la lumière de l'horreur du drame de Léopoldine en 1843, elle prend une toute autre dimension, et la lecture de ce rapport père/fille si touchant renforce l'émotion de la pièce. J'aime à penser qu'Hugo se projetait déjà en Triboulet, en père aimant au milieu de la trivialité, et que Blanche représentait Léopoldine ou Adèle... D'où, peut-être, l'affection, de manière rétrospective, qu'il a gardé ensuite pour cette pièce. Outre le défi qu'il adressait à la censure!

Il me reste à découvrir, de son théâtre, Cromwell, et les pièces de son Théâtre en Liberté! En attendant, je repars vers autre chose... En essayant de délaisser moins longtemps le Maître...

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