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Anne Ubersfeld (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080701855
504 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.56/5   105 notes
Résumé :
Cromwell est un drame en cinq actes et en vers, publié en décembre 1827. - La scène se passe à Whitehall, en l'année 1657. Olivier Cromwell, ce républicain austère, inflexible, est devenu maître des destinées de l'Angleterre. Cependant, il n'est pas satisfait. Ayant le pouvoir et tous les privilèges de la royauté, il veut en porter les insignes. La Cité de Londres a déposé le sceptre à ses pieds, et le Parlement, la couronne : il touche à son rêve; mais il découvre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais entendu parler de "Cromwell" comme de la pièce que Victor Hugo avait écrite quand il était jeune, royaliste et très fan de Shakespeare. Au total, ça rend très bien !

Le principe de base : Cromwell, avec des alliés puritains et républicains, a fait exécuter le roi Charles I et règle, de fait, sur l'Angleterre. Il se prépare à se faire lui-même sacrer roi.

Le premier acte commence avec une conspiration pour l'assassiner le jour de son couronnement. Elle mêle des partisans de l'ancien roi (qui, à part leur chef, sont plutôt le genre joyeux fêtards), et des puritains intégristes de la république qui pensent que c'est un sacrilège. Autant vous dire que même s'ils sont d'accord sur le principe, on ne peut pas dire qu'ils s'entendent bien... vu le grand nombre de persos, j'avais peur de m'y perdre, mais non, chacun est bien écrit, a son histoire personnelle, entre celui qui a un ami fidèle dans la garde de Cromwell, le poète qui embête tout le monde avec ses vers, celui qui a été rendu fou par des années de prison... certains sont des nobles âmes, d'autres sont lâches et intéressés, d'autres juste intégristes, certains ne comprennent pas dans quoi ils s'engagent, il y a même un espion de Cromwell.

J'aime la façon dont Hugo évite le manichéisme par le mélange de motivations dans le même camp. Cromwell lui-même est un politicien manipulateur, hypocrite et parfois cruel, mais sa lucidité, et ses remords occasionnels font qu'il est facile d'avoir de la sympathie pour lui. Quant à ses semi-échecs dans sa vie de famille ou politique, je suppose que selon vos goûts il est possible de le compter pour ou contre lui... et j'adore comment il maîtrise la petite phrase à double sens.

Et ensuite, dans les actes 2 à 5, tous ces personnages aux loyautés divergentes sont lachés pour constituer le scénario, avec un certain nombre de retournements et de combinaisons inattendues. C'est là que Victor Hugo veut imiter Shakespeare, il y a un mélange constant entre la tragédie et la farce ; il y a de nobles motivations et des conclusions brillantes, et à côté de ça il y a des malentendus ridicules. D'habitude je déteste l'humour basé sur ça. Mais là, vu comme ils s'intègrent au scénario, l'humour gras en tourne presque à de l'ironie désabusée, à du "à quoi tiennent les trônes". Donc, même si je trouve que ça tire parfois sur la corde, je n'ai pas trouvé que ça se mélangeait mal avec le plot. J'irai même jusqu'à dire que c'est une idée brillante d'avoir un des comploteurs qui croit que sa "romance" avec la fille de Cromwell va faire triompher l'amour, alors que non, il est dans une histoire purement politique (accessoirement, elle n'a pas remarqué son existence)

Sinon, bien sûr, on peut être gêné par certains points idéologiques. Un mélange de royalisme et de foi très naïve dans le peuple, avec une pincée d'antisémitisme. Mais bon, il était jeune, et au moins, même cela reste servi avec ses nuances.

Une agréable surprise pour moi, j'ai plus aimé que certaines des pièces plus connues de Hugo.
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Effectivement injouable tant sur la longueur, mais aussi la quantité des intervenants. Ce foisonnement rend la pièce particulièrement brouillon avec des scènes qui finissent par sembler tout à fait dispensables (la réception des envoyés des pays étrangers). Si Hugo rompt avec les unités classiques, ainsi qu'avec la bienséance, et la séparation comique tragique (le ridicule de l'histoire d'amour du noble déguisé en prêtre) de manière grandiose et emphatique, le grotesque des interludes des paroles mystiques des fous renoue au contraire avec les choeurs antiques et donne une certaine ambiance, présence du monde extérieur, intrusion du peuple dans la vie politique, révolution romantique accompagnant la révolution sociale.

Ce mélange des genres illustre bien l'humanité imparfaite tant du révolutionnaire à la fois mégalomane et rongé par le doute, que des conjurés animés par l'idée noble de lutter contre un tyran mais abaissés par les intérêts égoïstes. La conjuration ratée pourrait faire penser à Cinna ou la clémence, tragédie classique de Corneille, mais la profusion des personnages, la faiblesse qui chez tous l'emporte sur les qualités et entraîne les uns et les autres dans l'échec, feront bien plus penser à une pièce baroque de Shakespeare comme Hamlet. Sir William Murray, tiraillé entre son devoir politique et son amour, est le personnage typique des tragédies classiques de Racine et Corneille. Ridiculement affublé, profondément malhabile, pas à sa place, il est l'incarnation de ce théâtre pour Hugo : anachronique, inadapté, grotesque et inconséquent.
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Plus connu pour sa préface, la pièce est longue, très politique et complexe et sans véritable intérêt littéraire. La préface par contre est un véritable manifest du drame romantique et des idées Hugoliennes. A lire absolument pour des études littéraires.
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Lisez la célèbre préface de Victor Hugo, elle défend le drame romantique face à la tragédie Classique, ou la modernité face au conservatisme; elle fait exploser la règle des 3 unités avec arrogance et mauvaise foi, mais toujours avec le talent et l'audace de celui qui deviendrait le Classique de son siècle.
La pièce lorgne avec bonheur vers Shakespeare.
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C'est une pièce de théâtre très, très longue et très complexe. Parfois même difficile à suivre, elle est reste très bien écrite malgré tout. (du Victor Hugo en même temps!).

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Qu’a-t-il besoin de cour ? de cortège ? de garde ?
Il chante, il rit, il passe, et nul ne le regarde.
Que lui fait l’avenir ? il aura bien toujours,
L’hiver, pour se vêtir, un lambeau de velours,
Un gîte, un peu de pain mendié par des rires.
Sans disputer sa vie aux embûches des sbires,
Il dort toutes ses nuits, n’a point de songe affreux,
Se réveille et ne pense à rien. – Qu’il est heureux !
Sa parole est du bruit ; son existence un rêve.
Et quand il atteindra le terme où tout s’achève,
Cette faux de la mort, dont nul ne se défend,
Ne sera qu’un hochet pour ce vieillard enfant !
(p. 341)
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ORMOND - Alliance !

LAMBERT - Amitié ! (ils se serrent la main. A part) J'aurai le diadème !
Quand tu m'auras servi comme j'aurai voulu,
L'échafaud de Capell n'est pas si vermoulu
Qu'il ne supporte encore un billot pour ta tête !

ORMOND (à part) - Il croit marcher au trône, et son gibet s'apprête !
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Bien qu’en aient dit certains hommes qui n’avaient pas songé à ce qu’ils disaient, et parmi lesquels il faut ranger notamment celui qui écrit ces lignes, la langue française n’est point fixée et ne se fixera point. Une langue ne se fixe pas. L’esprit humain est toujours en marche, ou, si l’on veut, en mouvement, et les langues avec lui.

(préface de Cromwell)
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Ce que nous appelons le laid […] est un détail d’un grand ensemble qui nous échappe, et qui s’harmonise, non pas avec l’homme, mais avec la création tout entière » ; « tout dans la création n’est pas humainement beau, […] le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal avec le bien, l’ombre avec la lumière. 
(Préface)
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L'esprit humain est toujours en marche, ou, si l'on veut, en mouvement, et les langues avec lui. Les choses sont ainsi. Quand le corps change, comment l'habit ne changerait-il pas ?
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