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Critique de nadejda


Lundi 24 septembre 1962
    Mort de Jean-René Huguenin. le téléphone appelle… Ce doit être un de mes enfants, peut-être des nouvelles du film. Non, c'est la mort d'un ami, l'un des plus jeunes et chargé de tous les dons.
    Jean-René Huguenin finit comme Albert Camus, mais Camus avait eu le temps de nous dire pourquoi il était venu. de Jean-René il nous reste un seul livre, cette Côte sauvage où il ne savait pas quelle barque l'attendait. Ce jeune homme ne reniait pas ceux qui étaient venus avant lui. Je le sentais très proche d'eux : il ressemblait aux amis de ma jeunesse, à ceux qui sont partis avant l'heure. Il était marqué du même signe, il les a rejoints. Je ne le sépare pas d'eux dans mon coeur, dans ma prière. (Bloc-notes de François Mauriac)

Oui, il reste un seul livre mais quel livre !!! de toute beauté. Un livre où le désir est exacerbé de devoir rester contenu, où il ne dit jamais son nom. L'absolu, la pureté, au paroxysme, se transforme en cruauté, en torture. Olivier est un ange diabolique. Olivier rêve sa soeur. Il ne veut pas se séparer de son enfance et il la désire cette compagne de jeu dans un au-delà de la chair, hors du monde, il voudrait qu'elle demeure intacte, que son mariage avec Pierre ne soit pas.

«Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C'est moi que je prie, c'est moi qui m'exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l'aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon coeur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma délirante soif de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. La curiosité c'est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l'amour-mais qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d'espoirs à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu'à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines pour découvrir que mon étrange amour n'était qu'une façon d'approcher la mort? »

Et cette déchirure est plus bouleversante encore d'être traversée dans
l'atmosphère insouciante des vacances, environnée par la beauté de la campagne et de la mer.
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