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Jean-René Huguenin - La Côte sauvage - 1960 : "La côte sauvage" est le seul roman écrit par un auteur maudit mort à vingt-six ans dans un accident de la route peu après sa parution. Comme souvent quand un artiste meurt dans la pleine force de son âge on est en droit de se demander si son oeuvre devient culte à cause de sa disparition ou si son talent en est le seul responsable. Indéniablement il y avait un vrai potentiel littéraire dans les lignes écrites ici. Olivier rentre de son service militaire au bout de deux ans dans sa famille en Bretagne. C'est un jeune homme traumatisé et mélancolique qui traite avec indifférence sa mère, sa soeur aînée ainsi que ses anciens amis. A t'il combattu en Algérie comme beaucoup de jeunes appelés à son époque ? Son esprit déborde-t-il de la peur et des violences qu'il aurait pu voir dans cet interminable conflit au point de perdre tout sentiment humain ?Frappé d'omerta l'auteur ne nous dira rien sur cette affligeante sécheresse de coeur. de ses proches atterrés par son comportement seule la cadette trouve grâce à ses yeux. Mais son amour pour elle n'est pas que fraternel, il tend dangereusement vers quelque chose de plus possessif et de plus charnel. le lecteur se demande alors au fil des mots et avec appréhension si cette relation intime ne va pas devenir incestueuse. C'est une lecture au bord de l'abime le coeur serré par la crainte de voir cette histoire basculer dans un dénouement sordide. le jeune homme heureusement ne passera jamais ce seuil intolérable mais pour garder sa soeur pour lui, il va tout faire pour la décourager de se marier avec un de ses amis d'enfance. Dansant toujours sur la lame aiguisée du rasoir, Il humiliera celui-ci pour le discréditer tant par jalousie et par désoeuvrement que par orgueil. Ses manoeuvres malsaines, son comportement irresponsable et ses rêves éveillés de petit garçon capricieux finiront par lui faire perdre l'affection de ces deux êtres et l'estime du reste de son entourage. A la réflexion l'autodestruction d'un être semble être le thème principal de ce livre particulièrement bien écrit. le style clair et aéré retranscrit parfaitement la tension sous-jacente entre les personnages tout en apportant un peu d'oxygène à ce sujet étouffant. Malgré sa simplicité et la perversité de sa trame il est l'objet depuis sa sortie d'un véritable culte chez les amateurs de littérature. Les plus grands écrivains l'ont encensé reconnaissant en Jean-René Huguenin un des leurs. La projection pour savoir si on avait là le futur Albert Camus ou bien même un Maupassant moderne était impossible à réaliser. Seule l'écriture dans les promesses qu'elle refermait pouvait en être la garante. C'était le cas ici et chacun pourra en juger en lisant ces lignes brillantes qui transformaient une histoire familiale banale en drame poignant et désespéré… lumineusement éphémère
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Un peu de déception, je dois l'admettre. Après avoir lu le "Journal" de Jean-René Huguenin, j'imaginais quelque chose de plus grandiose, tant il s'était consacré corps et âme à l'écriture de ce roman - le seul qu'il n'ait publié d'ailleurs à cause de sa mort précoce à l'âge de vingt-six ans dans un tragique accident de voiture.

Pour ce qui est du livre en lui-même, je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié sa lecture (bien au contraire) mais je ne m'attendais tour simplement pas à cela.
Olivier, le protagoniste, rejoint sa mère et de ses deux soeurs, Berthe et Anne, pour les vacances en Bretagne après avoir accompli son service militaire, lequel a duré deux ans. Bien qu'il ne se sente pas lié (autrement que par les liens du sang) avec sa mère et sa soeur aînée, il se sent néanmoins extrêmement proche de sa soeur cadette Anne - un attachement que l'on pourrait même qualifie de malsain, tant le sentiment qu'il éprouve pour cette dernière est proche de l'Amour. Bien que cela ne soit jamais dit clairement, tous les indices nous poussent à le croire comme cet état de jalousie excessive, qui inconsciemment, le pousse à empêcher le mariage d'Anne avec son ami de jeunesse Pierre.
Mais que ressent réellement Anne dans cette histoire ? Bien que le lecteur sache bien qu'elle n'est pas amoureuse de Pierre, aime-t-elle pour autant son frère d'un amour comme le sien, un amour interdit et pourtant...Son personnage est très difficile à cerner et laisse le lecteur à toutes sortes d'hypothèses possibles. Par esprit de bienséance, s'interdit-elle de se livrer à cet inceste ou est-t-elle tout simplement effrayée par cet attachement qui, pour elle, n'a rien d'autre qu'un esprit fraternel ?

Un livre extrêmement bien écrit mais qui a parfois tendance à traîner en longueur dans ses interminables descriptions et ses phrases qui n'en finissent pas. Un livre qui vaut cependant le mérite d'être découvert, ne serait-ce que par respect pour l'auteur qui s'est donné tant de mal pour être au plus proche de ses personnages et pour être au plus proche de la perfection. Lisez d'abord son journal et vous comprendrez pourquoi j'ai tant tenu à lire cet ouvrage !
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Publié en 1960 « La côte sauvage » est malheureusement le seul ouvrage de ce jeune auteur de vingt six ans salué par Mauriac et Aragon (excusez du peu), édité de son vivant : il devait décéder dans un accident de voiture en 1962, six jours avant Roger Nimier.

De retour dans la maison familiale, en Bretagne, pour des vacances après deux ans de service militaire, Olivier, un jeune homme solitaire et mélancolique, y retrouve sa mère et ses deux soeurs dont Anne, la plus jeune, à laquelle il voue une tendresse toute particulière depuis sa plus tendre enfance. Anne lui apprend qu'elle va se marier avec Pierre, l'ami d'enfance d'Olivier…
Tout un monde de souvenirs d'enfance s'écroule dans la mémoire d'Olivier. Il tentera de faire échouer ce mariage qui lui est insupportable…Il y perdra bien sûr sa soeur, mais il perdra également l'amitié de Pierre ; mais pouvait-il en être autrement ?

Un roman que j'apparente, pour le style, à Nicolas Bréhal, voire au « le grand Meaulnes » tant la prose de Huguenin est aérienne, toute en suggestion ; et néanmoins plombée par la lumière du soleil sur la mer … la mer ,véritable personnage de ce roman fort, fort comme les effluves qui nous viennent à l'évocation de ces interminables promenades sur le sentier des douaniers…
Bon, le thème n'est pas nouveau… d'un amour impossible. Mais sous la plume de Jean-René Huguenin

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Roman unique d'un auteur trop tôt disparu, à l'âge de vingt-six ans, en 1962, c'est un roman fort qui reste en tête après lecture.
De retour dans la demeure familiale bretonne pour les vacances, Olivier retrouve sa soeur Anne qu'il aime tendrement, sa mère maladive et son autre soeur Berthe, asociale et alcoolique qu'il déteste.
Il y a aussi son ami Pierre, qui va épouser Anne bientôt.
De par la personnalité d'Olivier, tout deviendra ambiguïté cet été là.
Son amour pour Anne, son amitié pour Pierre, les relations avec sa mère et avec Berthe, sa confiance en lui.........
C'est un être fort.
Fort et faible à la foi, voire désespéré.
Il donne l'apparence d'un homme aux opinions déterminantes, à la volonté farouche, infatué de lui-même, manipulateur.
Il n'est en réalité que doutes et questionnements.
C'est un être torturé et mal dans sa peau.
De scènes de côtes bretonnes en souvenirs d'enfance, on avance précautionneusement dans cette histoire de plus en plus ambiguë.
Amour et mort se frôlent.
Il y a peu d'action.
Le ton est parfaitement juste pour décrire la beauté bretonne, pour décrire ces vacances où les jours se succèdent et se ressemblent.
Mais l'angoisse et le mal-être d'Olivier, omniprésents même sous son apparente désinvolture ont fini par me gagner, dégageant un sentiment de malaise oppressant.
Que tout est finement suggéré dans ce roman !
C'est plus encore après la lecture que j'en ai apprécié toute la finesse, toute l'élégance, toute l'intelligence.
Les images de Jean-René Huguenin que j'ai vues sur internet renforcent le sentiment de similitude entre l'auteur et le personnage.
Ce livre-là, je le garde pour le relire un jour.
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Voici donc un classique. Un classique de l'élégance et du trio amoureux qu'il faut absolument relire. Un classique qui a dû inspirer (je n'ai pas les moyens de le vérifier) des auteures comme Gaëlle Josse, Bérengère Cournut, Marie-Hélène Lafon ou Cécile Coulon.
Olivier est le frère d'Anne. Olivier est l'ami d'enfance de Pierre. Pierre va épouser Anne. Ils passent leurs dernières vacances ensemble.
Ils sont inséparables et pourtant, à l'improviste, sous les rires et les silences affleurent les premières interrogations (p41).
Jean-René Huguenin a écrit un roman en forme de triskèle, unissant le temps (les heures qui s'allongent, la saison qui rétrécit), l'espace (la nature impétueuse, l'horizon qui s'efface) et les personnages (le coeur indécis, l'avenir tel un fardeau). de leur rencontre naît l'envoûtante magie de ce récit. le feuillage frémissant trahit l'émoi d'Anne. le jour qui décline a scellé le renoncement de Pierre. La mer qui s'ébroue fait un noir écho aux tourments d'Olivier. Un extrait (p137), parmi tant d'autres, sur le thème de la nuit :
« Il lui semblait que le jour et la nuit n'étaient plus deux états successifs du temps, mais deux domaines limités de l'espace, et qu'il se trouvait à leur frontière, entre leurs portes, sur une frange immatérielle, inconnue, enfin pareille à l'un de ces lieux imaginaires où il avait tant rêvé d'emporter Anne, pour la séparer du monde ».
La description de l'été qui se meurt est magnifique (p 54 et p172). Quant aux deux dernières pages du livre – évocation de la vie qui s'enfuit – elles sont éblouissantes.
Bilan : 🌹🌹🌹
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En rejoignant la maison familiale après deux ans d'absence, Olivier n'a qu'une idée en tête, retrouver Anne, sa jeune soeur.
Lorsqu'elle lui apprend son prochain mariage avec Pierre, le jeune homme est fou de jalousie.
Il mettra tout en oeuvre pour faire échouer cette union bien que les deux hommes soient les meilleurs amis du monde.

L'auteur réussit parfaitement à faire passer l'ambiguïté des sentiments qui unit Anne et Olivier. On se pose des questions sur un éventuel inceste.

Cette histoire aurait dû me séduire. Une belle écriture, une intrigue intéressante, des personnages attachants, une Bretagne omniprésente faisant partie intégrante de l'histoire, bref tout ce que je recherche dans un roman.
Et pourtant, cela n'a pas fonctionné, je me suis ennuyée. J'ai laissé passer un peu de temps avant de reprendre ma lecture… en vain.

Je n'ai pas vraiment d'explication à ce rendez-vous manqué et je referme le livre en me disant que ce n'était pas le bon moment, que ce livre et moi ne devions pas nous rencontrer pour l'instant.

Je vais cependant tenter une relecture d'ici quelques mois, tant je suis convaincue, qu'un jour, cette histoire saura me toucher.


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Lundi 24 septembre 1962
    Mort de Jean-René Huguenin. le téléphone appelle… Ce doit être un de mes enfants, peut-être des nouvelles du film. Non, c'est la mort d'un ami, l'un des plus jeunes et chargé de tous les dons.
    Jean-René Huguenin finit comme Albert Camus, mais Camus avait eu le temps de nous dire pourquoi il était venu. de Jean-René il nous reste un seul livre, cette Côte sauvage où il ne savait pas quelle barque l'attendait. Ce jeune homme ne reniait pas ceux qui étaient venus avant lui. Je le sentais très proche d'eux : il ressemblait aux amis de ma jeunesse, à ceux qui sont partis avant l'heure. Il était marqué du même signe, il les a rejoints. Je ne le sépare pas d'eux dans mon coeur, dans ma prière. (Bloc-notes de François Mauriac)

Oui, il reste un seul livre mais quel livre !!! de toute beauté. Un livre où le désir est exacerbé de devoir rester contenu, où il ne dit jamais son nom. L'absolu, la pureté, au paroxysme, se transforme en cruauté, en torture. Olivier est un ange diabolique. Olivier rêve sa soeur. Il ne veut pas se séparer de son enfance et il la désire cette compagne de jeu dans un au-delà de la chair, hors du monde, il voudrait qu'elle demeure intacte, que son mariage avec Pierre ne soit pas.

«Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C'est moi que je prie, c'est moi qui m'exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l'aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon coeur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma délirante soif de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. La curiosité c'est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l'amour-mais qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d'espoirs à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu'à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines pour découvrir que mon étrange amour n'était qu'une façon d'approcher la mort? »

Et cette déchirure est plus bouleversante encore d'être traversée dans
l'atmosphère insouciante des vacances, environnée par la beauté de la campagne et de la mer.
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Ce livre de 1960 était recommandé par François Busnel dans sa “P'tite librairie”.
Il bénéficiait de l'aura du seul roman écrit par Jean-René Huguenin, mort accidentellement en 1962 à l'âge de 26 ans et pourtant quelle déception…

J'avais lu récemment “Bonjour tristesse” et avait ressenti cette même impression d'une histoire datée d'une époque où l'on fumait beaucoup.
Les dialogues me sont apparus impalpables et nonchalants, un peu à la façon dont Bardot demande à Piccoli : “Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ?” dans “Le mépris”… mais là, au moins, nous avions l'image !
Même les décors de Bretagne, dont j'attendais beaucoup, ne sont que des arrière-plans négligés.

J'y ai vu poindre délicatement le sentiment incestueux d'Olivier vis-à-vis de sa soeur mais je n'ai pu rester arrimé à ce propos, à ces réflexions et à ces interrogations existentielles.
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Lacune comblée, je n'avais à ce jour pas lu le seul roman de JR.Huguenin écrit en 1960 et encensé par ses pairs.L'auteur s'est tué en voiture 2 ans après à l'âge de 26ans.
Dans une Bretagne en majesté, un jeune homme, Olivier revient d'un service militaire de 2 ans (Algérie?) , il y retrouve sa mère et ses 2 soeurs , il déteste Berthe une soeur, disgracieuse, et éprouve depuis son enfance une grande tendresse partagée pour sa soeur Anne. Il s'avère qu'Anne va se marier avec Pierre, meilleur ami d'Olivier.
Durant sa présence Pierre n'aura de cesse d'essayer de détruire Pierre et de décourager Anne;cela est-il du à un à un amour incestueux ? Cette idée plane sur le roman même si Pierre le confond avec une pulsion de mort .
Cette ambiguïté des sentiments est le ressort principal de cette lecture fascinante mais qui date son époque.
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Un écrivain trop tôt disparu,à 26 ans,dans un accident de voiture ,ce roman fut salué comme une révélation et connut un succès exceptionnel.
Après deux ans de service militaire Olivier revient auprès des siens dans la maison bretonne du Finistère ,où là, il va retrouver sa soeur Anne qui lui apprend qu'elle va épouser Pierre son ami d'enfance.
Loin de se réjouir Olivier va tout faire pour que sa soeur change d'avis pourquoi?
Là est l 'essentiel du roman: les liens qui l'attachent à sa soeur sont pour le moins ambigus.Ils sont tous deux sur " la corde raide" et ils savent tous deux qu'il ne faudrait pas grand -chose pour commettre l'irréparable.
Pour bien s'immiscer dans cette histoire il nous faut nous plonger dans le contexte : une famille, aisée possèdant une maison au bord de la mer dans le Finistère,et cette " tragi-comédie",se passe après guerre.
A la lecture de ce roman,j'ai fait un rapprochement avec l'écrivain : Jean Cau(Le meurtre d'un enfant): le personnage principal se" regarde beaucoup dans le miroir" ,pour analyser ses sentiments etcomprendre un monde qu'il ne comprend pas d'ailleurs ,désabusé à outrance ,il est obsédé par les liens qui l'attachent a sa soeur Anne.
Anne le perçoit et à peur d'olivier.
Ce mariage avec Pierre est une fuite pour elle.
On pourrait presque mettre le mot " tragédie " sur ce roman un petit côté aussi Françoise Sagan bien que l'auteur ne l'aimait pas.
Mort trop jeune,d'un auteur romantique ,désenchanté ,idéaliste exalté qui ne se sentait pas à sa place dans son époque. A recommander⭐⭐⭐⭐.

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