Citations sur Le drageoir aux épices - Pages retrouvées - Un dilemme (5)
Tes amis ne t'écoutent pas. Ils sont à la taverne, sous les tresteaux, ivres d'hypocras, crevés de mangeailles, inertes, débraillés, fétides, couchés les uns sur les autres, Frémin l'étourdi sur le bon Jehan Cotard qui se rigole et remue les badigoinces, Michault Cul d'Oue sur ce gros lippu de Beaulde.
(Dans "Le drageoir aux épices")(Ce fou-rire...)
IX. Le hareng saur
Ta robe, ô hareng, c'est la palette des soleils couchants, la patine du vieux cuivre, le ton d'or bruni des cuirs de Cordoue, les teintes de santal et de safran des feuillages d'automnes !
Singulièrement circonspect lorsqu'il s'agissait d'obliger un ami, Maître Le Ponsart n'eût pas prêté la plus minime somme à l'aveuglette, mais plutôt que d'avancer cent sous à un camarade mourant de faim, il eût, en admettant qu'il ne pût se dérober à ce service, offert de préférence à l'emprunteur un dîner de huit francs, car il prenait au moins sa part du repas et tirait un bénéfice quelconque de sa dépense.
(Dans "Le dilemme")
Sonnet liminaire
Des croquis de concert et de bals de barrière;
La reine Marguerite,un camaïeu pourpré;
Des naïades d'égout au sourire éploré,
Noyant leur long ennui dans des pintes de bière;
Des cabarets brodés de pampres et de lierre;
Le poète Villon, dans un cachot, prostré,
Ma tant douce tourmente, un hareng mordoré,
L'amour d'un paysan et d'une maraîchère :
Tels sont les principaux sujets que j'ai traités :
Un choix de bric-à-brac, vieux médaillons sculptés,
Émaux, pastels pâlis, eau-forte, estampe rousse,
Idoles aux grands yeux, aux charmes décevants,
Paysans de Brauwer, buvant, faisant carrousse,
Sont là. Les prenez-vous ? A bas prix je les vends.
Je crois te voir, ô Villon, l'hiver, alors que le glas fourre d'hermine les toits des maisons, errer dans les rues de Paris, famélique, hagard, grelottant, en arrêt devant les marchands de beuverie, caressant, de convoiteux regards, la panse monacale des bouteilles.