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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un convoi d'enfants évacués dans la Russie, nouvellement soviétique, des années 1920.

Un périple, en train, de plusieurs milliers de kilomètres de Kazan à Samarcande.

C'est la mission de Deïev, chef du convoi. Il sera secondé par Blanche, membre de la commission à l'enfance.

Si la commissaire est rompue à ce type de mission, pour le chef du convoi c'est une première et leur collaboration ne va pas se faire sans heurts.

Car Deïev veut emmener et tenter de sauver tous les enfants, même les grabataires, dont la famine a tellement entamé l'organisme qu'ils sont aux portes de la mort.

Blanche est plus pragmatique, pour elle seuls ceux qui ont une bonne chance d'être sauvés doivent être évacués. Les autres sont, malheureusement, déjà des morts en sursis.

Et cela ne sera pas la seule difficulté, car il faudra aussi trouver de quoi nourrir les enfants en route, du combustible pour le train ou de quoi soigner les malades.

Ce roman, le troisième de Gouzel Iakhina, est sans conteste le plus éprouvant à lire. La guerre frappe durement les civils et c'est insupportable de lire, de tenter de se représenter ce que que représente la famine, d'autant plus lorsqu'elle frappe des enfants.

D'imaginer que des cadavres de corbeaux puisse constituer un repas recherché. de se confronter au choix de parents décidant de sacrifier un de leurs enfants pour tenter de sauver l'autre. Les pages se tournent, la gorge serrée.

Ce livre est aussi un récit sur la guerre, qui ravage le pays mais aussi le coeur des hommes. Ceux-ci développent leur propre guerre interne. Ils sont confrontés à des décisions terribles qui les corrompent, insidieusement. Ils massacrent mais aident des enfants. Ils pillent mais donnent leurs butins aux petits affamés. Une bonté tordue pour reprendre l'expression d'un personnage.

Pourtant ce livre est aussi beau, touchant, drôle aussi. Les personnages croqués nous embarquent dans ce roman, qui est aussi un récit d'aventures, aux multiples rebondissements. le talent de conteuse de l'autrice fait encore merveille ici.

On ne lit pas, on fait véritablement partie de cette « guirlande », de cet espoir fou.

Je ne peux que vous conseiller ce magnifique roman.
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La Révolution de 1917 a fait rage, les années qui la suivent seront synonymes de famine dans plusieurs régions de l'URSS, dont la Volga, pour diverses raisons. Ainsi sont mis en place, pour sauver le plus d'enfants possible de cette famine, des convois de trains menant ceux des orphelinats des régions les plus sinistrées dans des orphelinats aux régions moins touchées, le temps que passe la crise alimentaire soviétique.

Convoi pour Samarcande nous raconte justement un de ces convois, de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu'à Samarcande, au Turkestan, mené par un officier de l'Armée Rouge, Deïev, prévu pour cinq cent enfants. Pour Deïev, mener ce convoi est bien plus qu'une simple mission qui lui est confiée, c'est un véritable sacerdoce, ce que nous comprendrons au fil d'un récit aux multiples rebondissements, tant tragiques que providentiels. Mais, et heureusement, le reste des adultes du convoi - infirmières, médecin, responsable des enfants au sein du gouvernement -, permettra à celui qui cherche à se racheter de tempérer son idéalisme parfois vain, ou alors de le seconder pour réaliser l'impossible à la sauvegarde des enfants dont il a la charge.

Je tire mon chapeau, comme pour les deux précédents romans, à l'autrice, quant aux recherches historiques réalisées pour représenter au plus près de la réalité le convoi qu'elle a choisi de nous décrire, de la situation de l'URSS à l'argot employé par les orphelins, bien souvent passés par la case banditisme, prostitution, consommation de stupéfiants..., malgré leur bien jeune âge.

Mais - parce que cette fois il y aura, pour la première fois, un "mais" -, quant à la narration ou au style du récit, je les ai trouvés un peu trop communs, sans les petites touches précédentes qui donnaient, tant à Zouleikha ouvre les yeux qu'aux Enfants de la Volga, davantage de force d'évocation.

Je remercie les éditions Noir sur Blanc et NetGalley de m'avoir permis la découverte de ce nouveau roman de Gouzel Iakhina. Je lirai bien volontiers le prochain qui sera publié, même si celui-ci m'a un peu moins convaincue et touchée que les deux précédents.
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Pour lire 'Convoi pour Samarcande', il vaut mieux avoir du temps devant soi, car la lecture avance lentement, de la même manière que le convoi de cinq cents enfants, dirigé par Deiev, le personnage principal.

Nous sommes dans les années 1920, dans la région de la Volga où la famine fait rage. Pour sauver des enfants, le gouvernement soviétique décide d'envoyer des convois qui partent de Kazan jusque à Samarcande. Mais 4000 km séparent les deux régions et dans le convoi dirigé par Deiev, il y a très peu de nourriture et des enfants malades qui n'étaient pas prévus de partir avec les autres. le voyage devait durer deux semaines, le convoi a mis un mois et demi pour arriver à destination . Car pour continuer, il faudra trouver de la nourriture, enterrer les morts, accueillir ceux qui n'étaient pas prévus, soigner les malades, survivre…

C'est Deiev qui est au centre du roman. Cet homme qui a l'air naïf et fragile au début, va faire tout le possible pour sauver un grand nombre d'enfants, au péril de sa propre vie. On se demande même quelle est la raison qui le pousse à agir avec autant de dévotion, alors qu'il n'a pas d'enfants lui-même. Il faudra remonter dans le passé de ce personnage pour trouver la réponse.

Le livre est poignant, émouvant, intense, rempli de rebondissements et de personnages attachants. Malgré la misère et l'horreur, on trouve aussi des moments doux.
Gouzel Iakhina dépeint avec beaucoup de réalisme la famine et la souffrance de la population, mais les détails sont nombreux et il y a des longueurs. C'est cela qui a diminué ma note.

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L'auteure, le livre (480 pages, 2023) :
Ce Convoi pour Samarcande n'est pas un joli conte des mille et une nuits ni le récit d'une somptueuse caravane que l'on aurait suivie sur les routes de la soie.
Mais c'est une histoire puissante qui va nous être contée par Gouzel Iakhina, née à Kazan en 1977 et qui vit désormais à Moscou.
Attention, dernier appel pour les passagers, il est encore temps pour vous de quitter le train, c'est un roman basé sur des événements hélas très réels.

le contexte :
Au début des années 1920, le jeune état soviétique épuisé et désorganisé par la Révolution, la guerre civile et la Première guerre mondiale n'arrive plus à nourrir son peuple. Une terrible famine ravage l'Ukraine, la Crimée, la Russie et le bassin de la Volga, terre natale de l'auteure.
On n'a pas vu cela depuis le Moyen Âge, des millions de personnes sont condamnées, les cadavres s'entassent dans les rues, c'est le retour de l'anthropophagie.
Alors que l'aide internationale se met difficilement en place, les russes organisent des convois ferroviaires pour acheminer quelques centaines d'enfants vers les contrées plus clémentes du Turkestan qui, à l'époque, englobait notamment l'actuel Ouzbékistan et Samarcande.
Bien sûr, on sait qu'une dizaine d'années plus tard l'Ukraine connaîtra une autre terrible famine sous la politique de Staline cette fois.

On aime beaucoup :
❤️ On aime évidemment la formidable Histoire dont s'est emparée Gouzel Iakhina, un sujet très fort qu'elle arrive à nous raconter sans trop tirer sur la corde sensible quand elle évoque le sort de ces enfants mais avec suffisamment d'empathie envers ses personnages de roman pour emporter le lecteur avec elle à bord de ce train de folie.

L'intrigue :
Le bouquin démarre très très fort et le lecteur va devoir bien s'accrocher le temps de l'impossible sélection des cinq cent enfants (il faut abandonner les grabataires ou les plus petits qui n'arriveront pas vivants au terme du voyage) et de la difficile préparation du convoi (il faut réquisitionner le peu que l'on peut encore trouver dans une Kazan dévastée et abandonnée de tous). C'est plutôt rude.
Dans cette ambiance stressante, on a vraiment hâte de quitter Kazan, que la locomotive siffle, que le convoi s'ébranle enfin sous la conduite du camarade commandant Deïev, que les enfants partent vers le sud accompagnés de la revêche camarade commissaire Blanche, d'un cuistot pas très futé, du vieil infirmier retraité Doug et de quelques paysannes faisant office de nurses. Tous marqués par un trop lourd passé.Enfin. C'est parti pour une épopée de plusieurs milliers de kilomètres de voie ferrée que l'on espère parcourir en deux semaines ...
Avec à peine trois jours de vivres à bord ... pour un périple qui durera près de deux mois !
Dès lors, les épisodes les plus épiques vont s'enchaîner et certains marqueront durablement le lecteur : la Tchéka de Sviajsk, les "excédents" du ravitaillement, la liturgie des cosaques, ... Gouzel Iakhina déroule son scénario entre film d'horreur et cinéma d'aventures.
Un récit ponctué d'anecdotes pleines d'humanité : les "mariages" des enfants, la berceuse du soir chantée par Fatima, les vagabonds de Dongouz, la baignade dans la mer d'Aral, ...
Le bouquin a tous les ingrédients d'un "grand" roman mais souffre de la prose un peu naïve de Gouzel Iakhina (le héros Deïev est un peu cliché), une écriture peut-être trop russe pour les lecteurs occidentaux (même si l'on devine une belle traduction), et d'un manque de maîtrise qui laisse filer des passages oniriques un peu lourds et les délires de Deïev trop envahissants.
Mais que cela ne vous empêche surtout pas de découvrir cette très forte histoire venue de la lointaine Tatarie.
Pour celles et ceux qui aiment les trains et les enfants.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Noir sur blanc.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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L'histoire se déroule en 1923. L'Union soviétique nouvellement créée est un pays où règne le chaos, après avoir été secouée par une guerre civile. La famine fait des ravages, des millions de personnes en souffrent et en meurent. Des enfants sont abandonnés par leurs parents, jetés dans la neige, déposés sur les marches des centres d'accueil, oubliés dans les gares, avec l'espoir qu'un train sanitaire les embarque.

4 000 kilomètres est la distance que doit parcourir le train sanitaire de la miséreuse Kazan pour rallier la terre promise, l'opulente Samarcande. A son bord, 500 enfants épuisés par la faim.
Le chef du convoi est un vétéran de la guerre civile. Il est prêt à prendre tous les risques pour sauver ces enfants d'une mort certaine. Ce voyage sera pour lui, une rédemption de ses péchés et de son passé trouble.

Pour écrire cette fiction historique, Gouzel Iakhina s'est largement inspirée des archives d'historiens et des souvenirs de fonctionnaires de parti de l'ex URSS.
Elle remue les horreurs passées de son pays, les raconte sans faire de procès à quiconque. Elle assume cette mission délicate avec beaucoup d'intelligence et d'humanisme.

Je ne donne que 4 étoiles, car j'ai trouvé son style trop héroïque, un peu irréaliste, mais ça ne m'empêche pas de recommander cette lecture.
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Nous sommes à Kazan en octobre 1923. Suite à la collectivisation, les habitants de la Volga souffrent de la famine.
Deïev, jeune vétéran de la guerre civile, affecté au département des Transports, est chargé de convoyer des enfants de l'orphelinat vers le Turkestan. L'homme avisé construit son train avec des wagons de récupération parfois insolites.
Pour cette expédition, il est accompagné de Blanche, une commissaire à l'enfance rigoureuse et pragmatique.
Ensemble, ils visitent l'orphelinat pour « choisir » les enfants qui participeront au voyage. Si Blanche les veut sains et résistants, Deïev, sensible à leurs conditions de vie insalubres, souhaite prendre tous les enfants, même les grabataires. Durant tout le voyage, la raison et l'expérience de Blanche s'opposent au coeur et à la sensibilité de Deïev.
Boug, gaillard de soixante dix ans fera office d'infirmier. Douze femmes de compétences et d'origines variées sont engagées comme nurse. Memelia, le cuisinier aura la lourde de tâche de nourrir tout ce monde avec peu de choses.
Le convoi de cinq cent enfants est prêt à parcourir 4000 kilomètres. Plus de deux semaines de voyage
Optimiste, Deïev part avec trois à cinq jours de vivres. Il espère trouver en chemin ravitaillement et combustible pour la locomotive. Son culot et son obstination n'ont-ils pas permis de convaincre les soldats de prêter leurs bottes aux enfants et de leur donner leur chemise.
Et il le prouve plus d'une fois. Il récupère au prix de sa vie les surplus d'un centre de stockage. Il récupère une nourrice puis une chienne allaitante pour nourrir un bébé. Malgré lui, l'homme suscite la compassion des cosaques ou des tchékistes. Deïev, hanté par son passé, insomniaque, n'a plus rien à perdre mais il est prêt à tout pour sauver tous les enfants errants et affamés.
Durant ce trajet jonché de morts et de miracles, les passés des adultes et de certains enfants se dévoilent, toujours marqués par la guerre, la famine et les épidémies.
Après avoir traversé forêts et déserts, cruelle réalité et affreux cauchemars, le convoi arrive péniblement à destination. Jusqu'au bout, Deïev se bat pour sauver tous les enfants, quelles que soient leur origine, leur âge ou leur langue.
Gouzel Iakhina possède un style fluide , une narration généreuse. Magicienne, elle n'hésite pas à en faire parfois un peu trop pour mieux montrer que l'humanité existe même dans la plus grande noirceur. Avec maintes péripéties, elle donne la possibilité à chacun d'atteindre la rédemption.
Un grand roman d'aventures empreint d'histoire et d'humanité.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Convoi pour Samarcande est une parenthèse d'humanité dans un monde de brutes. L'histoire se déroule en 1920, dans les années qui ont suivi la révolution soviétique. Les ravages de la guerre, les massacres et les pillages, ont généré une famine atroce dans presque tout le pays, particulièrement dans la région de la Volga. L'incurie du jeune gouvernement soviétique a fait le reste, les rares vivres sont confisqués mais pas toujours distribués à ceux qui en ont le plus besoin.
Deïev est chargé de convoyer un train de 500 enfants de Kazan au Turkestan, vu comme une lointaine terre d'abondance où ils auront une chance de survivre. Une petite équipe lui est adjointe, une commissaire à l'enfance au caractère bien trempé, un infirmier, un cuisinier un peu demeuré et seulement 12 nurses pour s'occuper de 500 enfants.

Le récit est d'autant plus choquant qu'il ne s'agit pas d'une histoire inventée : la famine a bien existé et des millions de personnes sont mortes de faim à cette période. L'auteure s'est appuyée sur des documents historiques pour son récit, c'est de là qu'elle a tiré les descriptions très réalistes des victimes. Autre réalité, Gouzel Iakhina fait régulièrement des allusions à la répression qui va s'installer en URSS, en évoquant les tribunaux et les camps par exemple, chaque fois que Deïev désobéit pour sauver son convoi. La doctrine soviétique c'est d'obéir, même si cela implique de laisser mourir des enfants, et Deïev n'est pas prêt à ça.

Il va risquer sa vie pour réussir ce voyage. Comment trouver de la nourriture lorsque la population meurt littéralement de faim ? Comment trouver du charbon pour faire marcher la locomotive lorsque les transports sont paralysés ? Deïev et son équipe vont faire preuve d'un dévouement sans pareil pour réussir ce défi et amener les enfants à bon port. Au fur et à mesure du récit, on réalise que Deïev combat ses vieux démons en se conduisant de la sorte. Deïev est un taiseux, mais certaines actions sont l'occasion pour lui de révéler son passé pendant la guerre civile.

Pour ce qui est de l'écriture, le défaut de ce livre est d'être beaucoup trop long. Certains passages s'éternisent, on finit par avoir hâte de savoir comment le voyage va se terminer. Autre défaut, à mes yeux tout au moins, certains passages où les personnages délirent, le chapitre 4 entier, plus de 20 pages, qui ne sont que les cauchemars d'un enfant qui délire. J'avoue l'avoir passé presque entièrement.
Convoi pour Samarcande reste un formidable témoignage d'une époque horrible, et une grande leçon d'humanité de la part d'une poignée d'hommes et de femmes qui donnent tout ce qu'ils ont pour refuser la mort de petits innocents.
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Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. le gouvernement soviétique met sur pied des convois d'évacuation pour sauver les enfants. Pour atteindre le Turkestan, terre d'abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l'Oural, puis les déserts d'Asie centrale. Gouzel Iakhina nous fait suivre l'un de ces convois et nous propose une évocation à couper le souffle de la famine en URSS à cette époque et de ses conséquences sur les populations. le livre est exigeant mais est porté pour le souffle romanesque de son autrice. Il confirme son talent, déjà aperçu avec « Zouleikha ouvre les yeux » et « Les enfants de la Volga » pour emporter le lecteur dans son univers et pour faire naître la finesse et la poésie là où l'on s'y attend le moins.
Lien : https://mangeursdelivres.fr/
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