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Critique de ODP31


ODP31
10 février 2024
Une sainte qui touche !
Stella est une jeune prostituée américaine itinérante qui officie dans une caravane parmi des forains, sous l'aile bienveillante de Santa Muerte, une voyante un peu louche. Au-delà de ses charmes, la jeune femme possède le don de guérir ses clients de maladies incurables et autres infirmités en couchant avec eux. Comme la fille est jolie, certains utilisent aussi ses services pour un petit rhume ou pour meubler des solitudes.
Si les voies du seigneur sont impénétrables, celles de Stella sont beaucoup plus accessibles ce qui n'enchante pas le saint siège qui tombe un peu de sa chaise. On est un peu éloigné du touché royal des écrouelles ou des pèlerinages all inclusive à Lourdes pour visiter la grotte sous la pluie. Des miracles, oui, mais des miracles qui célèbrent la vertu, tombés du ciel, mais pas du septième. Les évangiles n'ont pas scénarisé la première GPA de l'histoire il y deux mille ans pour ne pas lourder une sainte Marie couche toi là. Et puis, dans la notice biblique, la place est déjà prise par Marie-Madeleine, une prostituée qui avait assisté à la résurrection du Christ, mais qui avait eu la décence de se repentir. Sur ce point, Luc, Matthieu, Marc, Jean et … Kevin ne sont pas tous d'accords (surtout Kevin, le télévangéliste !). Comment concilier un dogme un peu poussiéreux qui n'approuve la sexualité que dans un but de reproduction dans le cadre du mariage et des guérisons miraculeuses prodiguées par l'origine du monde. Dieu est parfois taquin quand il s'agit de pécho originel.
Le roman de Joseph Incardona quitte rapidement les routes sinueuses de la théologie pour rejoindre la voie rapide d'un road movie qui ressemble à un hommage très réussi à Elmore Leonard.
Direction Las Vegas, avec, au casting de cette série B de papier, deux frères tueurs à gages qui veulent faire de la sainte une martyre, un journaliste qui flaire le Pulitzer, un curé au passé militaire qui s'appelle James Brown mais qui n'a rien d'une Sex Machine et qui vole au secours de la jeune étoile lumineuse du tapin. J'oublie la file des infirmes qui font la queue et des pieds et des mains et tout le reste de leur anatomie pour obtenir la grâce de cette Bernadette Soubirous canonique en bas résille.
Joseph Incardona n'a pas une écriture en orbite autour de son nombril. On ne peut pas lui reprocher de réécrire toujours le même roman ou de manquer d'humour et d'imagination. Ses personnages sont bien typés et j'entendais presque la bande-son d'un bon Tarantino en tournant les pages.
C'est le quatrième roman de cet auteur helvète entrement bon que je lis et je ne compte (en suisse forcément) pas m'arrêter là.
Côté catech, je crois que je peux aussi oublier les indulgences.
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