le silence et l'obscurité sont désormais mes amis.
Maman vient me voir de temps en temps. Ce sont les seules visites que je reçois.Elle a changé. Aussi étrange que cela puisse paraître, nos relations se sont consolidées après mon emprisonnement.
[...] J'avais réussi à la tenir à distance ; elle avait remis sa jupe en ordre et avait souri comme si elle venait de me faire une farce. J'étais sous le choc. Aucune femme dans ma vie n'était jamais allée aussi vite en besogne et je me demandai bien ce qu'elle pouvait savoir sur moi avant notre premier contact.
[...] Qu'est-ce qui se passera s'il lui arrive quelque chose ? dit-elle en tirant sur sa cigarette grecque.
- S'il lui arrive quelque chose ? répétai-je.
- Oui, s'il arrive quelque chose, dit-elle.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je ne sais pas, dit-elle. Un accident de voiture. N'importe quoi.
Le comportement de Bettý, si différent du mien, me fascinait. Elle était ouverte, sans détour, drôle, et elle profitait de la vie comme si chaque jour était le dernier. Moi, au contraire, j’avais un caractère beaucoup plus renfermé ou plus discret. J’ignorais encore qui j’étais et où j’en étais. C’étaient là des questions qui me tracassaient depuis un bon bout de temps. Bettý, elle, n’avait pas de doutes. Elle vivait dans l’instant présent. Le passé était derrière et n’avait aucune importance pour elle. L’avenir était un univers excitant en attente d’exploration et de conquête.
Personne ne doit essayer d’être autrement qu’il est.
Réfléchir est une chose, passer à l’acter en est une autre.
Une question innocente peut recéler tellement de facettes différentes.
C’est curieux comme il est facile de commettre une erreur lorsqu’on n’est au courant de rien. Ce n’est même pas une erreur, tant qu’on ne se rend compte de rien et que c’est beaucoup plus tard que l’on comprend ce qui s’est passé ; tant qu’on ne regarde pas en arrière et qu’on ne voit pas comment ni pourquoi tout cela s’est produit.
Je m’empêtrais de plus en plus dans sa toile. C'était notre lune de miel et elle m'aveuglait jusqu'à me cacher le soleil. Je l'adorais.