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Critique de fulmar


Retour aux polars ethnologiques alors qu'une dépression revient sur nos côtes. Après l'anticyclone steppique ensoleillé de l'Est avec Tchekhov, direction les îles du Nord-Ouest, avec une enquête islandaise. Et je vous vois venir, encore un polar glauque sanguinolent au pays des volcans obscurs ?
Que nenni, c'est un voyage à la découverte des islandais de souche, dans les années soixante, sur une petite île plate de l'Ouest, Flatey, connue depuis le Moyen-Age pour une énigme non résolue.
Des légendes Vikings consignées dans un livre, des codes secrets à déchiffrer, ne serait-ce point plutôt à classer dans la Fantasy ?
Non, non, tout est véridique, l'île existe vraiment, deux kilomètres de long sur cinq cents mètres de large, de quoi y loger une poignée d'habitants, liés au monde de la mer.
D'accord, mais ce manuscrit richement décoré racontant les razzias des Vikings, c'est de la pure invention pour enjoliver l'énigme policière, n'est-il pas ?
Mais non, le Livre de Flatey existe vraiment, il se trouve depuis 1971 à la maison de la culture de Reykjavik.
Ah ! donc, deux histoires en une, une enquête criminelle du vingtième siècle avant la recherche d'ADN, agrémentée d'une référence à l'histoire du pays, par un parchemin rempli d'énigmes introuvables ? Je suppose qu'il y a un lien entre les cadavres trouvés sur Flatey et la recherche du code secret caché dans les pages du manuscrit ?
Tout juste, car à cette époque, en l'année 1960, le livre en question se trouve à la bibliothèque du village.
Oh, je suis "flatté" de cette découverte, mais ça nous dit pas qui va gagner, la police chargée de l'enquête ou le journaliste à la recherche de l'énigme ?
Et bah, dites, croyez tout de même pas que je vais vous dévoiler tout le livre ! Si le fils d'Ingolf, Viktor Arnar pour les intimes, l'a écrit, c'est pour qu'on le lise, voilà tout.

Même qu'il y a eu une série télé réalisée il y a quatre ou cinq ans à ce sujet, c'est donc que ça tient la route, ou plutôt la mer.
Sur une île isolée, les pêcheurs ont la part belle évidemment, même que certains qui n'ont pas le même accent se transforment en pécheurs, personne n'est parfait, peu de distractions sur un si petit périmètre, alors ça épie, ça picole, ça bouffe du ris de macareux, ça cause, ça se tutoie avec tout le monde, et ça reste en vase clos. Alors, difficile de démêler l'écheveau, ou plutôt les oiseaux, marins, pas toujours marrants, qui peuplent les environs. Difficile aussi de prononcer les noms des personnages et des lieux, écrits en signes diacritiques, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire, il faut s'accrocher, mais quel plaisir !
L'enquête avance tranquillement, pour mieux profiter de la vie des autochtones et de leur mode de vie traditionnel, bien loin de nos préoccupations stressantes. L'auteur nous renseigne aussi sur l'histoire de l'Islande, jeune pays qui fut dominé par les Norvégiens et les Danois. L'alternance entre les sagas vikings du manuscrit et la recherche des coupables maintient le suspense et la tension, au point que l'énigme est aussi celle de l'enquête policière, perdue parmi les eiders et leur duvet, les phoques et leur graisse, les vieux perdus par leur mémoire défaillante ou l'interprétation de leurs rêves.
Un dépaysement salutaire, sur une île qui n'est pas sans me rappeler celle des chasseurs d'oiseaux de Peter May. Hébrides ou Islande, le même climat, les mêmes légendes, les mêmes habitants plus heureux en iliens qu'en découvreurs du monde agité, malgré des conditions de vie difficiles.
Comme quoi on peut écrire un polar islandais sans terreur gratuite. Une bien jolie surprise que cet auteur relativement méconnu car peu traduit encore.
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