C'est le roman d'une épopée que l'on a entre les mains avec ce livre. le lecteur est happé dans les jeux de pouvoir, dans les batailles contre les peuples ennemis et dans la prophétie des Saints Versets. Un superbe roman qui garde ses secrets jusqu'à la dernière ligne. Je détaille un peu plus ce qui m'a autant plu dans «
La marche du levant ».
Le résumé m'avait énormément accroché : une prophétie, la Terre au ralenti et une cité nomade… Il ne m'en fallait pas plus pour rêver de ce qui pourrait bien se passer dans ce roman. Et je n'ai pas été déçue. Tous ces éléments sont présents et bien développés. On se retrouve dans une ambiance un brin médiévale dans la cité d'Odessa qui se déplace. J'ai énormément aimé la description du mode de fonctionnement que cela implique : le bois planté, les buffles géants… Mais l'auteur ne s'arrête pas là et c'est le récit de plusieurs peuples qui évoluent en parallèle.
La cohabitation de ces différents peuples permet d'introduire plusieurs mythologies différentes. Que se soient les esprits liés au peuple Nördtzins, le dieu des profondeurs pour la marche des Tropiques ou le dieu du temps pour
la marche du Levant, l'ensemble amène des entités de fantasy grandioses. Les scènes qui m'ont les plus marquées sont celles liées aux folklores développés.
C'est un long roman. Non pas parce qu'il fait son nombre de pages mais parce qu'il s'étale sur plus d'une dizaine de décennies. le début de l'oeuvre prend le temps d'introduire les personnages et d'aborder leurs subtilités. le temps s'accélère au fur et à mesure du roman. Eclipsant quelques périodes au détour d'un chapitre. La fin ne garde quasiment que les éléments clés de la résolution de la prophétie. Un rythme haletant donc qui vient dépasser notre échelle temporelle.
Le parallèle avec notre Terre est également perceptible par les noms des contrées : Amerika, Polaris … La question écologique apparaît par de brèves allusions tout au long du roman et prend d'autant plus de force dans sa conclusion. Ce roman est l'opportunité de développer des personnages féminins forts comme Célérya et Akeyra qui ont des rôles de pouvoir. La dualité entre sédentarité et nomadisme est présente et très bien abordée aux travers des différents peuples. Cela fait un peu écho à l'évolution de l'Homme qui commença nomade et finit sédentaire. Une réflexion s'instaure donc sur le retour de la mobilité de l'Homme soumis à la Terre.
L'épilogue de ce livre est d'un tout autre genre que celui du déroulement. Je l'ai apprécié même si j'ai préféré les trois chants épiques. Sorte d'ouroboros, le roman doit garder le secret sur son genre littéraire pour surprendre le lecteur. La première partie relève, pour elle, plutôt de la fantasy.
Un excellent roman dans la continuité de ce que propose Albin Michel Imaginaire. Les univers sont toujours complexes et embarquent complètement dans la lecture. J'ai trouvé celui-ci particulièrement grandiose : une épopée superbement écrite !