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Critique de Patsales


D'abord j'ai eu du mal. Et quand on lit la bibliographie, plutôt étoffée, il est difficile de ne pas se demander: "Tout ça pour ça ?" Jablonka rappelle le déroulé des faits -plus précis que dans mes souvenirs; bien sûr, c'est important la vérité, mais je suis pas jurée, cette vérité là m'indiffère. Il nous remet en tête l'affreuse compassion de Sarkozy, sa propension inouïe à dresser les Français les uns contre les autres -je m'en souvenais d'ailleurs très bien. Alors c'est quoi sa valeur ajoutée, au prof de sciences sociales ? Que va-t-il m'apprendre? Que c'est difficile de s'en sortir quand on a mal commencé dans l'existence? Ah ah ah. C'est bon, je suis au courant, j'ai lu Zola et je sais bien que Gervaise va dégringoler plus vite qu'elle n'a réussi à ouvrir sa blanchisserie.
Mais pourquoi, pourquoi, me suis-je dit, pourquoi ne pas avoir ecrit un roman qui donnerait de la chair aux personnages, et quitte à faire des hypothèses sur les raisons pour lesquelles Laetitia a suivi Tony Meilhon, autant assumer la fiction.
D'ailleurs, on sent bien que Jablonka hésite , consciemment ou pas. Tiens, l'organisation du livre: chapitres alternés, vie de Laetitia, mort de Laetitia, procès, passé proche, passé lointain: à quoi rime ce saucissonnage temporel, si ce n'est à nous renvoyer à la montée du suspens chère au genre du thriller ?
Il m'a donc fallu attendre les cent dernières pages pour être vraiment emportée par le texte. Une bonne moitié du récit me paraît clairement de trop, entre affèteries et évidences. Mais c'est comme si l'auteur en avait eu besoin de ces pages en trop, pour se lancer dans ce récit de mort et d'auto-culpabilisation, comme s'il lui avait fallu des détours avant de se colleter au grand mystère.
Mystère de la mort, de la souffrance, mystère aussi de la résilience et du deuil portés par tous les professionnels de la justice, par les travailleurs sociaux, qui côtoient sans cesse la barbarie et vivent quand même. Jablonka est un universitaire, et on sent bien qu'il se demande à quoi il sert, lui. Et puis il est un homme et devant le gâchis engendré par tous ces mecs qui frappent, cognent, violent, gueulent, insultent, il se sent mal.
Les dernières pages m'ont vraiment émue. Mais elles ne m'ont pas bouleversée comme j'ai pu l'être en lisant "D'autres vies que la mienne ". Et surtout je conteste cette vision de l'homme. Qui n'est brutal et violent que parce qu'il a généralement la force physique de l'être. Mais qu'on lui en donne le pouvoir et la femme aussi peut se faire monstre (d'avoir laissé mourir des mineurs n'a pas empêché Madame Thatcher de dormir,non?)
D'ailleurs, à ce propos, moi, dimanche, j'irai voter.
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