Lorsque vint l’heure de partir pour le cottage de Mildred, les chats avaient été nourris et se prélassaient sur le porche donnant sur le lac. Ils étaient assis sous un rayon de soleil et paraissaient fort satisfaits de leur sort. Et pourquoi pas ? Ils avaient mangé une boîte de saumon rose (dont la peau avait été soigneusement retirée) et deux huîtres fumées. Maintenant ils s’étiraient dans une attitude si détendue que Qwilleran s’éloigna sur la pointe des pieds pour aller chercher l’appareil photographique. Mais dès qu’ils l’aperçurent, Yom Yom se mit à se gratter l’oreille en louchant d’un air stupide, tandis que Koko roulait sur lui-même pour s’occuper de la base de sa queue, une patte pointée vers le firmament.
Il alla ouvrir la porte au fond du hall et deux fiers siamois paradèrent dans le salon, queues et moustaches perpendiculaires. Yom Yom entreprit aussitôt une investigation des lacets de chaussures. Koko sauta sur une étagère de livres à un mètre quatre-vingts du sol et s'installa entre Simenon et Conan Doyle.
Les vacances commencèrent par une araignée morte et se terminèrent par la mort d'un charpentier.
Si Jim Qwilleran avait lu son horoscope dans le journal ce jour-là, peut-être ne lui serait-il rien arrivé. Mais l'astrologie n'avait jamais fait partie de ses préoccupations.
Arbres arrachés, ouvriers envolés, ratons laveurs dans la cheminée, évier bouché, nids d'oiseaux dans les chéneaux, piqûres d’araignées aux fesses, il commençait à regretter amèrement son appartement de Pickax.