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Citations sur Vengeance (7)

La paradis, l'enfer. Parfois, c'est dur de faire la différence.
page 136
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Les femmes doivent agir comme il plaît à leur mari, faire des enfants et la boucler.
page 100
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Rimrock, Oregon
1994
Les pages jaunies réduites en une boule compacte au creux de son poing, Max McKee jura dans sa barbe et envoya valser une motte de terre à travers le pâturage, laquelle s’écrasa avec un bruit sourd contre la façade de l’écurie avant de retomber en poussière sur le sol. Des hirondelles dérangées par le bruit s’envolèrent de leur nid en poussant des cris stridents et voletèrent au-dessus de la tête de l’intrus, qui n’y prêta aucune attention.

Cela faisait bien longtemps qu’il ne prêtait plus attention à rien.

Mais les lettres changeaient la donne.

Il était tombé sur ces pages délavées un peu plus tôt, tandis qu’il parcourait les papiers de son père. Dans un fin dossier étiqueté MAX, il tomba sur deux notes manuscrites qui redéfinissaient les contours de sa vie. Max avait pris connaissance de ces satanés mots dans le bureau de son père, puis il avait entendu les sanglots étouffés de sa mère se rapprocher dans le couloir de l’ancien ranch familial. Pour éviter d’être dérangé, il était sorti, sans pouvoir détacher les yeux des deux lettres, avec l’impression qu’un étau comprimait sa poitrine. C’était comme si quelqu’un prenait un malin plaisir à le serrer progressivement, de sorte que chacune de ses inspirations était plus pénible que la précédente.

— Enfoiré ! gronda-t-il, oublieux des affinités qu’il avait partagées, au fond, avec ce vieil homme bourru qu’était son père – Jonah Phineas McKee.

Ce grand manipulateur.

Toutefois ce n’était pas la lettre de Jonah qui le perturbait le plus. C’était celle à l’écriture fluide, signée par une femme qu’il détestait, une femme qui l’avait trahi, une femme pour qui, à une époque, il aurait franchi la porte de l’enfer si l’exploit avait pu lui valoir un sourire de sa part.

Il serra les mâchoires tandis que son image lui apparaissait aussi clairement que si elle s’était tenue à côté de lui. Ses boucles dorées qui flottaient autour de son beau visage, au gré d’une légère brise. Ses grands yeux brillant d’un éclat espiègle. Son rire qui semblait courir sur les collines environnantes. Son menton têtu, ses lèvres pleines et sensuelles. Elle mesurait près d’un mètre soixante-quinze, et sa silhouette était fine et athlétique, affermie par des années de dur labeur. Oui, il la revoyait comme si c’était hier.

Elle l’avait quitté sept ans auparavant, sans qu’il comprenne jamais pourquoi.

« Rends-toi à l’évidence, fiston, elle n’était pas faite pour toi. Bien trop préoccupée par sa carrière, et trop fière pour reconnaître ses erreurs. »

Son père n’avait jamais hésité à lui faire part de ses sentiments à son égard.

« Elle m’a toujours fait penser à un chien-loup, tu vois, le genre qu’on trouve chez les Purcell, avait poursuivi Jonah, fronçant ses sourcils restés bruns sous sa mèche de cheveux épais et blancs comme neige. Ces chiens sont trompeurs. Toujours à réclamer de l’affection, doux comme des agneaux, on ne peut plus mignons. Mais attention. Ils peuvent se transformer en vrais tueurs. Rappelle-toi quand Amy Purcell a failli se faire dévorer la moitié du visage par l’une de ces chiennes. Crois-moi, tu es bien mieux sans Skye Donahue. »

Après s’être dans un premier temps évertué à défendre le contraire, Max s’était finalement rangé à l’avis de son père. Il s’était convaincu que Jonah avait percé à jour la duplicité de Skye, même si, récemment, il s’était souvent trouvé en conflit avec lui et avait ainsi commencé à douter de toutes les personnes à qui il avait accordé sa confiance. Des années durant, Max, l’aîné, préparé à prendre la succession de Jonah dans sa quasi-totalité, avait cru son père capable de marcher sur l’eau, tel un véritable Dieu sur terre. Mais avec le temps, à mesure qu’il gagnait en autonomie, Max avait commencé à voir Jonah sous un jour nouveau. Il s’était rendu compte que cet homme acariâtre n’était pas celui qu’on croyait. Certes, Jonah était un personnage pittoresque, aussi naturel et rude que le sommet des collines qui ceignaient la vallée, mais il était également pourvu d’un côté plus sombre, que Max avait tardé à découvrir. Mais ne l’avait-il vraiment pas décelé plut tôt, ou avait-il plutôt préféré l’ignorer ?

Peut-être que Skye avait eu raison dès le départ à son sujet.

Merde !

Il épousseta la saleté de son chapeau et l’enfonça sur sa tête. Le soleil se couchait, la chaleur qui ondulait au-dessus de l’herbe sèche commençait à retomber et les ombres s’étiraient à travers les champs. Max songea qu’il ferait mieux d’arrêter de penser à son père, à Skye, aux lettres.
Ces putains de lettres.

Il se dit qu’il devrait les brûler et laisser le vent en emporter les cendres, mais il n’en fit rien. À la place, il visa la fenêtre ouverte de son pick-up et y lança les lettres chiffonnées, qui atterrirent sur le siège passager. Il y reviendrait plus tard. Bien plus tard.

La moustiquaire s’ouvrit à la volée et sa sœur Casey surgit hors de la maison.

— C’est juste impossible de lui parler ! déclara-t-elle en soufflant pour dégager sa frange de ses yeux.

Petite, les cheveux bruns mi-longs et le caractère bien trempé, Casey dévala les deux marches du porche pour aller s’affaler sur une chaise de jardin. Elle croisa les jambes dans un effort pour se calmer mais son pied s’agitait frénétiquement.

— Quelle idiote !

— Tu parles de maman, là.

— Putain, Max, tu sais ce qu’elle essaie de me faire croire maintenant ? Tu le sais ?

— Je préfère ne pas demander.

— Elle croit que papa a été assassiné !

Elle scrutait le ciel vespéral comme si elle espérait que Dieu puisse en faire sortir un éclair qui, venu droit du paradis, pourrait faire entendre raison à leur mère.

— Assassiné ! Comme si qui que ce soit avait déjà été tué à Rimrock !

— Il y a eu Joe l’Indien.

Casey leva les yeux au ciel.

— Il avait quatre-vingt-quinze ans, il était aveugle et s’est dirigé tout droit vers un grumier. Elvin Green n’a pas cherché à le renverser !

— J’essayais juste de te détendre.

— Eh bien, c’est raté !

Elle se leva d’un bond et rejoignit son frère.
— Maman devient cinglée ! lança-t-elle avec emphase, à renfort de grands gestes.

— Elle est encore sous le choc. Ça fait à peine une semaine.

Casey secoua vigoureusement la tête.

— Non, c’est plus que ça. Elle prévoit d’appeler Myrna Cassidy, la journaliste du Rimrock Review. Je vois ça d’ici : des lettres énormes en première page, hurlant que papa a été tué par un mystérieux meurtrier. Tu sais comme moi que Myrna est toujours à l’affût d’un scoop plus excitant que les réformes scolaires et les fêtes de village ! Elle n’hésitera pas une seule seconde à publier cette… cette théorie ridicule !

— Laisse maman tranquille, tu veux ?

Max ferma les yeux, en proie à un soudain mal de tête.

— Elle ne va pas aller débiter des histoires aux journaux…

— Tu ferais mieux de l’en empêcher ! Elle ne m’écoute pas, moi.

Casey rejeta ses cheveux en arrière et se dirigea vers la ferme.

— Je m’en vais faire un tour. Dis à Kiki de ne pas m’attendre pour le dîner.

— Je ne pense pas qu’elle s’en fera.

Kiki, la gouvernante aux cheveux gris qui travaillait au service des McKee depuis aussi longtemps que Max s’en souvienne, n’était pas du genre à laisser les plats au chaud pour les retardataires. Kiki avait toujours fait clairement savoir qu’elle considérait les enfants McKee – Max, son frère Jenner et Casey – comme pourris gâtés, et qu’elle ne comptait nullement les encourager dans cette voie.

Max rentra dans la maison et trouva Kiki affairée à la préparation de pêches à la poêle. Les arômes de cannelle, de clous de girofle et de noix de muscade se mêlaient les uns aux autres et embaumaient les couloirs du vieux ranch, replongeant brièvement Max dans des temps plus heureux et plus simples, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. À cette époque, sa vie se réduisait au travail dans les champs, aux bains de minuit dans l’étang, à pêcher jusque tard le soir, à fumer en douce et à se bagarrer sans cesse avec son frère. Plus tard, avec les années, il avait passé davantage de temps à explorer les mystères de la gent féminine en général – et de Skye Donahue en particulier.

— Tu ferais mieux d’aller voir ta mère. Elle se comporte bizarrement !

Kiki ne prit pas la peine de lever les yeux de sa poêle.

— Ces satanées pêches, elles se payent ma tête à faire de la bouillie comme ça ! Et t’as pas intérêt à garder tes bottes sur mon sol propre. Et puis tant pis, je m’en fiche.

Max accrocha son chapeau à la patère derrière la porte, puis s’engagea à grands pas dans le hall de ce ranch dont il avait parcouru les mille recoins pendant les vingt premières années des trente-cinq que comptait son existence. Les sanglots de Virginia McKee le guidèrent jusqu’à la chambre principale, le faisant passer non sans un frémissement devant l’antre de son père. Lorsqu’il fut prêt, il frappa aux doubles portes. Sans attendre une invitation à entrer, il se faufila dans la pièce où ses parents avaient ri, pleuré, fait l’amour et crié si fort que les chevrons de la vieille maison avaient plus d’une fois tremblé.

Virginia McKee était assise au bord du lit qu’elle avait partagé pour la première fois avec Jonah six mois seulement avant la naissance de Max. Elle était déjà enceinte lorsqu’elle s’était mariée. Une mésaventure qu’elle aurait préféré garder secrète, mais son mari s’était bien moqué de qui pouvait apprendre la vérité. Il s’était montré fier de sa virilité, encore plus en découvrant qu’il était le père d’un garçon.

Virginia était une femme petite à l’ossature et à la silhouette fines. Elle était recroquevillée sur elle-même, les bras autour de sa taille.

— Pourquoi ? demanda-t-elle dans un murmure qui toucha Max en plein cœur.

— Je l’ignore, maman. C’est arrivé, voilà tout.

— Je ne pense pas. Il ne se serait pas montré aussi imprudent. Il a été assassiné, Max. Je le sais. Je… j’en suis sûre.

Les yeux baissés vers son alliance, l’
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Rimrock, Oregon
Été 1991
Max,

Si tu lis ceci, cela signifie que je suis déjà parti et que mes projets n’ont mené à rien. J’ai commis beaucoup d’erreurs dans ma vie, mais je ne m’excuserai jamais car je n’ai fait qu’agir avec tes intérêts en tête… avec ceux de tous mes enfants en tête.

Sache, mon fils, que je t’ai toujours préféré à ton frère. Parce que tu étais l’aîné, je suppose. Si cela était juste ou non, seul Dieu peut en décider.

Je veux que tu saches à quel point je t’ai aimé ; je n’ai jamais voulu que le meilleur pour toi. Voilà pourquoi Skye Donahue a quitté la ville. Je l’ai forcée à partir et j’assume ma décision. Elle n’était pas faite pour toi, Max. Elle était trop colérique, elle ne pouvait t’apporter rien de bon.

Mais j’ai pensé que tu avais le droit de savoir que tu n’as jamais été la raison de son départ. Si elle est partie, c’est ma faute. Et je suis sûr qu’elle ne reviendra pas – tu sais que je ne fais pas les choses à moitié.

Je ne regrette pas mes choix. Elle n’était pas faite pour toi à l’époque et elle ne l’est sans doute pas plus aujourd’hui.

Mais je me suis dit que tu devais être mis au courant.

J’ai joint une lettre qu’elle t’avait laissée.

Ton père,

Jonah McKee.

Juillet 1987

Très cher Max,

J’écris cette lettre en me répétant que c’est la bonne chose à faire – pour nous deux. Même si je n’aimerai jamais aucun autre homme autant que toi, je ne peux plus continuer à vivre ici.

J’espère que tu me pardonneras. Je n’ai pas le choix.

J’ai lutté avec cette décision pendant deux jours. Devrais-je plutôt rester malgré toutes les raisons qui me poussent à partir ? Parier sur notre amour, peu importe les conséquences ?

Aussi douloureuse que soit cette vérité, je sais qu’il vaut mieux que je m’en aille, Max. Tu as ta vie ici, à Rimrock, et la mienne m’attend ailleurs.

Je sais ce que tu dirais, si je t’en laissais l’opportunité. Que je fuis. Peut-être est-ce en effet ce que je fais, mais il le faut. Pour toi. Pour moi.

Crois-moi, je chéris les moments que nous avons passés ensemble et, quoi qu’il arrive, une part de moi t’aimera toujours.

À jamais tienne,

Skye.
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L’important, c’était le bonheur de sa fille. Il avait entendu quelque part que les enfants étaient résistants. Il l’espérait. Si on les aimait, Max était persuadé que les choses s’arrangeaient d’elles-mêmes. Colleen et lui aimaient leur fille ; simplement, ils ne s’aimaient pas l’un l’autre. Sans doute ne s’étaient-ils jamais aimés.
La culpabilité le rongeait jusqu’au cœu
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 Elle m’a toujours fait penser à un chien-loup, tu vois, le genre qu’on trouve chez les Purcell, avait poursuivi Jonah, fronçant ses sourcils restés bruns sous sa mèche de cheveux épais et blancs comme neige. Ces chiens sont trompeurs. Toujours à réclamer de l’affection, doux comme des agneaux, on ne peut plus mignons. Mais attention. Ils peuvent se transformer en vrais tueurs.
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 Elle m’a toujours fait penser à un chien-loup, tu vois, le genre qu’on trouve chez les Purcell, avait poursuivi Jonah, fronçant ses sourcils restés bruns sous sa mèche de cheveux épais et blancs comme neige. Ces chiens sont trompeurs. Toujours à réclamer de l’affection, doux comme des agneaux, on ne peut plus mignons. Mais attention. Ils peuvent se transformer en vrais tueurs.
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