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Critique de Pavlik


Le Piège Diabolique est clairement un épisode à part dans la série des Blake et Mortimer. Initialement paru dans le journal de Tintin, en 1960, il fera l'objet d'une publication en album en 1962, aux éditions du Lombard. Il a été interdit d'importation et de diffusion en France, par une décision de juin 1962, suite à un avis défavorable de la Commission de surveillance et de contrôle de la presse enfantine, en application de l'article 13 de la loi du 16 juillet 1949, « en raison des nombreuses violences qu'il comporte et de la hideur des images illustrant ce récit d'anticipation ». Evidemment ce jugement apparaît comme largement désuet aujourd'hui et n'a pas empêché cette histoire de s'imposer comme un grand cru de la série, adaptée en feuilleton radiophonique et, par la suite, en dessin animé et en jeux vidéo.

Le scénario met en avant le professeur Mortimer qui hérite d'une invention du redoutable Miloch, le chronoscaphe qui, comme son nom l'indique, est une machine à voyager dans le temps. Mut par sa curiosité de scientifique, notre héros ne voit pas le piège diabolique se refermer sur lui et se retrouve perdu dans les méandres du flux temporel. Comme indiqué ci-dessus cette aventure est originale à plus d'un titre. D'abord parce qu'il conviendrait mieux de la nommer une aventure de Mortimer, tant le capitaine Blake y apparaît peu (dans les deux premières et deux dernières pages). Ensuite il s'agit du seul album où Olrik, l'ennemi intime de nos deux héros, n'est pas présent, remplacé par Miloch, un savant maléfique, apparut dans l'épisode précédent, SOS Météores. Par ailleurs, ce récit peut être sans conteste classé dans le genre de la science-fiction, il n'est point question ici d'enquête policière (il est donc logique que Blake n'y soit que très peu présent). Enfin, pour la première fois dans l'oeuvre de Jacobs un rôle secondaire est tenu par une femme, en la personne de Demoiselle Agnès.

L'auteur trouve dans ce récit l'occasion de rendre un hommage appuyé à l'un de ses modèles, HG Wells, qui écrivit en son temps la Machine à Explorer le Temps. Mais on peut également y voir la volonté de Jacobs de s'inscrire dans la filiation des grands précurseurs de la science-fiction que furent Jules Vernes, Wells et Burroughs et des auteurs de "romans scientifiques" en général, qui furent légion lors de la première moitié du XX siècle. L'histoire lui permet également d'adresser une critique à la communauté scientifique, car c'est bien cette inclinaison à toucher les limites du compréhensible qui pousse Mortimer dans le piège diabolique. Pour autant c'est aussi son ingéniosité qui l'en fait sortir, Jacobs nous indiquant ainsi que, si la science n'est pas mauvaise en soi, ce n'est pas systématiquement le cas de l'usage que l'on en fait (Miloch étant l'incarnation du mauvais usage). le Piège Diabolique est donc un excellent récit de science-fiction, teinté d'une certaine réflexion et, personnellement, une de mes nombreuses madeleine de Proust.
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