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sur 372 notes
Dans ce tome, nous voilà confronté au voyage dans le temps. Mortimer va faire un tour dans la préhistoire, au XIVe siècle en pleine révolte paysanne, et dans un futur assez effrayant. Cela fait beaucoup de chose, le récit est dense, complet, intelligent, épique, mais pour envelopper tout ça, il faut se farcir un texte de didascalie un peu lourd il faut le reconnaître, beaucoup de redondances avec l'image, un style assez vieillot, mais le talent d'Edgar P. Jacobs, c'est d'arriver à y installer un minimum de cohérence malgré l'éclectisme des idées.
C'est au moins la 100ème fois que je le lis, il faisait partie de ma bibliothèque d'enfant, et je ne m'en lasse pas. Je trouve toujours moyen de découvrir ou de m'intéresser à de nouvelles choses. Dans cette nouvelle lecture, j'ai trouvé le propos architectural particulièrement attrayant.
Il y a le labyrinthe, un jeu de couloirs, de passages, d'entrailles souterraines, du pain béni pour extrapoler toutes sortes d'interprétations psychologiques ou autres. Notez son talent pour nous perdre dans ces souterrains et passages secrets. Edgar P. Jacobs en est un grand spécialiste dans le monde de la BD, il n'y a d'ailleurs aucun album de Blake et Mortimer signé Jacobs sans un passage sous terre.
Aussi, dans les vision extérieures du monde futur, j'ai remarqué une inspiration venue du mouvement artistique du début du XXe siècle, le “Futurisme”.
Il soignait particulièrement ses décors, et malgré ses audaces marquées par l'esprit de l'époque, justement par cette architecture inspirée par des mouvements artistiques oubliés, rien ne paraît ringard aujourd'hui, c'est de la bonne SF d'aventure, le piège Diabolique est devenu un classique, ce n'est pas sans raisons. On est au début des années 60, et cet album n'a pas beaucoup vieilli, si ce n'est le style littéraire du texte.
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Le Piège Diabolique est clairement un épisode à part dans la série des Blake et Mortimer. Initialement paru dans le journal de Tintin, en 1960, il fera l'objet d'une publication en album en 1962, aux éditions du Lombard. Il a été interdit d'importation et de diffusion en France, par une décision de juin 1962, suite à un avis défavorable de la Commission de surveillance et de contrôle de la presse enfantine, en application de l'article 13 de la loi du 16 juillet 1949, « en raison des nombreuses violences qu'il comporte et de la hideur des images illustrant ce récit d'anticipation ». Evidemment ce jugement apparaît comme largement désuet aujourd'hui et n'a pas empêché cette histoire de s'imposer comme un grand cru de la série, adaptée en feuilleton radiophonique et, par la suite, en dessin animé et en jeux vidéo.

Le scénario met en avant le professeur Mortimer qui hérite d'une invention du redoutable Miloch, le chronoscaphe qui, comme son nom l'indique, est une machine à voyager dans le temps. Mut par sa curiosité de scientifique, notre héros ne voit pas le piège diabolique se refermer sur lui et se retrouve perdu dans les méandres du flux temporel. Comme indiqué ci-dessus cette aventure est originale à plus d'un titre. D'abord parce qu'il conviendrait mieux de la nommer une aventure de Mortimer, tant le capitaine Blake y apparaît peu (dans les deux premières et deux dernières pages). Ensuite il s'agit du seul album où Olrik, l'ennemi intime de nos deux héros, n'est pas présent, remplacé par Miloch, un savant maléfique, apparut dans l'épisode précédent, SOS Météores. Par ailleurs, ce récit peut être sans conteste classé dans le genre de la science-fiction, il n'est point question ici d'enquête policière (il est donc logique que Blake n'y soit que très peu présent). Enfin, pour la première fois dans l'oeuvre de Jacobs un rôle secondaire est tenu par une femme, en la personne de Demoiselle Agnès.

L'auteur trouve dans ce récit l'occasion de rendre un hommage appuyé à l'un de ses modèles, HG Wells, qui écrivit en son temps la Machine à Explorer le Temps. Mais on peut également y voir la volonté de Jacobs de s'inscrire dans la filiation des grands précurseurs de la science-fiction que furent Jules Vernes, Wells et Burroughs et des auteurs de "romans scientifiques" en général, qui furent légion lors de la première moitié du XX siècle. L'histoire lui permet également d'adresser une critique à la communauté scientifique, car c'est bien cette inclinaison à toucher les limites du compréhensible qui pousse Mortimer dans le piège diabolique. Pour autant c'est aussi son ingéniosité qui l'en fait sortir, Jacobs nous indiquant ainsi que, si la science n'est pas mauvaise en soi, ce n'est pas systématiquement le cas de l'usage que l'on en fait (Miloch étant l'incarnation du mauvais usage). le Piège Diabolique est donc un excellent récit de science-fiction, teinté d'une certaine réflexion et, personnellement, une de mes nombreuses madeleine de Proust.
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En 1962, E.P. Jacobs créait un Blake et Mortimer, quasiment sans Blake. L'unique héros actif de la première planche et à la dernière est effectivement un Mortimer des plus téméraires. Sa curiosité scientifique l'emporte sur toute prudence et il teste sans en avertir personne la dernière création son (ex ?) ennemi, le redoutable savant Miloch : un Chronoscaphe, machine à voyager dans le temps.
Parti de la Roche Guyon au vingtième siècle, Mortimer va faire un détour dans la préhistoire lointaine (et y rencontrer des T-Rex bien avant Steven Spielberg), enchaîner sur le moyen-âge, avant d'être propulsé dans un futur angoissant.

Cet album est l'un des plus orientés science-fiction de la série. Mortimer n'y fait pas preuve d'une grande logique, mais montre encore son goût de la justice. Les dessins sont magnifiques, et Jacobs passe d'une période à l'autre sans difficulté.
Un bel exemple de BD intemporelle.


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Neuvième titre de la série Blake et Mortimer, le piège diabolique nous entraine dans un voyage dans le temps. En effet, le professeur Mortimer hérite du professeur Miloch, l'antagoniste du tome précédent. Comme quoi le respect mutuel peut exister malgré les rivalités, surtout entre deux grands intellects. Ce scientifique a inventé une machine à voyager dans le temps et il ne fait confiance à personne d'autre que Mortimer pour s'en occuper. le professeur, poussé par la curiosité, n'attend pas son ami Blake et essaie l'appareil. Il fait un premier voyage à l'époque préhistorique, où il doit affronter des dinosaures, puis un deuxième au Moyen-Âge, où il doit échapper de justesse à une jacquerie. Bref, au type de péripéties qui reviennent le plus souvent dans les histoires de science-fiction. En d'autres mots, c'est plutôt convenu, sans grande surprise. Ceci dit, je tiens à préciser que l'album est paru en 1960 alors peut-être était-il précurseur et se sont toutes les autres oeuvres que j'ai vues (livres, films) qui ont repris la formule. Enfin, Mortimer tente un dernier voyage et se retrouve dans un futur proche. On peut le remarquer par des détails, entre autres l'évolution de la langue (« Stassion 3, direcsion Pari Santre), très drôle, et des cartes sur lesquelles on retrouve les états unis d'Europe, puis ceux d'Afrique, des blocs continentaux, en somme. Dans cette nouvelle époque, le professeur aide les habitants à dévoiler une insurrection et repousser une invasion extra-terrestre. Ici encore, pas beaucoup d'innovation. Quoique c'est toujours intéressant de voir comment les gens imaginaient le futur, dans ce cas-ci, environ soixante ans plus tôt.

J'ai noté que, pour la première fois, le comte Olrik, brille par son absence et c'est une bonne chose. J'aime bien cet antagoniste mais il était toujours le seul à revenir, comme s'il était le seul à être mêlé à tous les complots du monde entier. J'aurais souhaité plus de variété au niveau des « méchants ». D'un autre côté, la présence d'Agnès de la Roche m'a fait remarquer que je ne me rappelle pas avoir vu de personnages féminins dans le reste de la série, dans tous les cas aucun qui ne joue un rôle important. Après autant de tomes, je n'ai pas beaucoup plus à dire sur les dessins de Edgar P. Jacobs. Ils sont des dignes représentants de leur époque. Je soulignerai toutefois le travail de coloration, donnant un ton permettant de bien démarquer et faire ressortir chacune des époques visitées par Mortimer. C'est souvent le genre de détails qui passe inaperçu chez les enfants mais que l'on remarque davantage lors d'une relecture à l'âge adulte (ou un peu plus tard, du moins).
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En règle générale, je n'ai jamais trouvé de mérite aux bandes dessinées qui, ainsi que Roland Barthes l'a bien mieux dit que je ne saurais le faire, équivalent à éradiquer la faculté de représentation, base même du fonctionnement intellectuel (ça, c'est Emmanuel Kant qui l'a mieux dit que moi).

Toutefois, je fais quelques exceptions. Il est impossible, par exemple, de réduire Jacobs aux catégories de la "bédé". J'en veux pour preuve, d'ailleurs, que ce n'est justement pas le lecteur type de "bédés" qui lit Jacobs. Et si j'ai toujours trouvé à la fois pédant et suspect le mot de "roman graphique", je dois avouer qu'en l'occurrence, ça convient assez bien. La dimension authentiquement littéraire est d'ailleurs difficilement discutable.

Il faut reconnaître à Jacobs que certains de ses Blake et Mortimer sont saisissants de prémonition, et qu'ils ne sont pas dénués d'une certaine profondeur philosophique. le Piège diabolique, par exemple... L'état du métro, le langage SMS, l'effarant hologramme de François Hollande, et cette page 38! Cette page TRENTE-HUIT! où Focas explique à Mortimer la dictature mondiale, "l'homme fonctionnel"... Mais comment, diable! - comment?? - cela peut-il encore circuler librement alors qu'il suffirait de 451 degrés Fahrenheit... L'hypothèse la plus probable, c'est que les censeurs ne peuvent pas se hisser au niveau de compréhension nécessaire pour y détecter quoi que ce soit. Ou bien ils se disent: gare à l'effet Streisand (ou Parmentier inversé)! Personne n'est capable de lire ça, et tout le monde s'en fout. Mais si on se met à l'interdire, ils vont tous se ruer dessus.

Une réflexion très intéressante de Blake, qui est témoin d'une conversation entre un conservateur et un progressiste: "Passé, avenir... Qui sait, gentlemen, si le "bon temps" dont vous parlez n'est pas justement le moment présent". Oui, il est probable que moi aussi, en septembre 1960, c'est ce que j'aurais pensé, pressentant qu'on était parvenu à un point délicat d'équilibre où tout allait plutôt pas mal. Car c'est une réflexion qui, chez Jacobs, va au-delà du banal "carpe diem". L'idéologie du progrès est tout aussi stupide que le passéisme pour le principe. Ce n'est pas l'avant ou l'après qui font que quelque chose est meilleur ou pire. Jacobs pressentait que la relative harmonie des Trente Glorieuses prendrait fin dans le chaos. Il ne manquait que des gilets jaunes à ses rebelles...
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« Au moment où va s'engager cette nouvelle histoire », on doit avoir bien en tête qu'Edgar P. Jacobs a autrefois illustré La Guerre des mondes, d'H.G. Wells. Il était donc naturel, voire inévitable, qu'il propose une interprétation – très libre – d'un des romans majeurs de l'écrivain britannique, à savoir La Machine à explorer le temps.
Tout se passe en France, précisément dans l'un des lieux les plus exceptionnels de la Région parisienne, La Roche-Guyon. Et, encore de nos jours, dans le château – où se déroule principalement l'intrigue – ayant notamment appartenu à la famille La Rochefoucauld, on peut constater qu'aucune « déflagration [n'a mis] en pièces le chronoscaphe », contrairement à ce que raconte Jacobs ! Les connaisseurs sauront de quoi je parle !
Ce chronoscaphe fera voir au professeur Mortimer – cette fois sans son acolyte, Francis Blake – des dinosaures turbulents, des Français « moyenâgeux » qui l'ont pris pour un espion anglais et un futur apocalyptique, sans doute l'épisode le plus sombre de l'album car d'un pessimisme évident sur l'avenir de l'humanité.
Toujours avec le souci du détail, Jacobs nous offre à la fois un dessin méticuleux et une aventure aussi mouvementée que passionnante où son héros opère un voyage temporel qui va de 150 millions d'années en arrière jusqu'à l'année 5060, avec un arrêt au XIVe siècle. Ce qui fait une sacrée route !
Cette aventure, en réalité une tentative de vengeance du professeur Miloch – un vieil ennemi – est donc une nouvelle démonstration du sens de la narration d'un des piliers de la bande dessinée.
Mais le Piège diabolique est aussi l'album le plus fataliste de Jacobs, même si Mortimer, dans son lit d'hôpital, conclut par un : « ami lecteur […] ne vous plaignez pas outre mesure de notre damnée époque car elle a de bons côtés ! » Au regard de l'avenir qu'il a nous a montré, on ne peut qu'être d'accord…
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Une de mes histoires préférées parmi les aventures de Blake et Mortimer, le fond tout du moins. Cet album fait partie, selon moi, d'une trilogie d' "aventures de Blake et Mortimer en France" avec S.O.S. Météores et L'Affaire du Collier.
Avec le Piège Diabolique, Edgar P. Jacobs tente beaucoup de choses en nous laissant espérer énormément, mais en réussit peu totalement, au fond. La principale est bien sûr qu'il s'attaque à un thème de science-fiction éculé, mais avec des problématiques sans fin : la machine à explorer le temps. le point de vue de l'historien est ici mis à rude épreuve entre les incohérences scientifiques possibles si on y fait bien attention et les difficultés de suivre parfois de manière logique une telle trame de fond.
Ensuite, Edgar P. Jacobs a la bonne idée de faire revenir un méchant intéressant, qui nous permet de souffler par rapport à l'omniprésence d'Olrik dans toutes les autres aventures du duo britannique. Et surtout il nous offre encore et toujours de magnifiques planches, surtout celles qui prennent des pages entières, le tout dans une aventure qui donne parfaitement son lot de péripéties et de coups de théâtre.
Toutefois, en guise de conclusion, l'auteur abuse une fois de trop de la séparation de l'intrigue entre Mortimer qui agit et Blake qui doit suivre de loin, et qui d'ailleurs ici ne sert visiblement à rien. La version en dessin animé de cet album est de ce point de vue bien meilleur car l'intrigue est complétée par la coopération des deux héros, ce qui change tout en matière de narration et de valeur ajoutée.
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Je ne connaissais Blake et Mortimer que de noms, je me suis lancé dans cette lecture, en piochant dans les bandes-dessinées de mon fils.
Dans cette épisode, nous avons surtout la présence de Mortimer, Blake n'apparaissant que très peu.
Mortimer reçoit un courrier de son ennemi, qui vient de se donner la mort, lui proposant d'utiliser une machine à voyager dans le temps qu'il vient de mettre au point.
Mortimer monte dans la machine, active les manettes comme il est prévu que ce soit fait, mais se retrouve dans une époque qu'il n'a pas du tout choisi, encore un mauvais tour de son ennemi, même mort, celui-ci ne le lâche pas.
Cette lecture prend du temps, car même si il s'agit d'une bande-dessinée, celle-ci est bien complète et les pages sont vraiment bien remplies de textes.
Je n'ai pas adoré cette lecture, disons qu'elle m'a permis de connaître ces héros que je ne connaissais que de noms, et de passer un bon moment de lecture.
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Oui, bof, Philip Mortimer à travers le temps, ou comment une machine à remonter le temps permet de faire un peu de science fiction, ou d'anticipation, chez Blake et Mortimer.

Pas génial de mon point de vue, pas mal tout de même, mais bon, une impression un peu mitigée d'où cette critique mitigée également.
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Dans cet album, le 9ème des aventures de Blake et Mortimer, pas d'Olrik mais bref retour de Miloch, le savant fou du précédent album "S.O.S. Météores". Celui-ci, irradié, tend un piège à Mortimer pour se venger avant de mourir. Il a construit une machine à voyager dans le temps qu'il a léguée à Mortimer mais dont il a saboté les instruments de commande. Mortimer, attiré par sa curiosité l'essaye et se trouve bloqué à différentes époques (préhistoire, moyen-âge à l'époque des jacqueries et futur lointain pendant lequel la Terre, après une guerre mondiale totale, est dirigée par un tyran). Au cours de toutes ses aventures, Mortimer va devoir, bien évidemment, sauver sa peau et rétablir le règne du Bien sur le Mal en utilisant son physique et ses connaissances de physique nucléaire.

C'est un album à part, sans Olrik, presque sans Blake (brève apparition) et surtout totalement orienté science-fiction se terminant par une morale sur le "bon vieux temps" qui demain deviendra ce présent que nous vivons et dont nous ne voyons que les mauvais côtés. Cette morale et le sujet de l'album témoignent du pessimisme des années 60 envers la science pure qui apparemment ne sert qu'à détruire (bombe nucléaire). Mais c'est grâce à la science (nucléaire) que Mortimer "arrange" le futur, et c'est grâce aux innombrables progrès scientifiques que nous vivons mieux en 2015 que dans les années 60.
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