Il ne savait probablement rien des livres d’Heures quels qu’ils soient. Il ne connaissait pas, non plus, la rose au cœur violet de sainte Gudule. Un soldat de dix-sept ans, dans les années 1900, natif d’un petit village de l’Ontario, au Canada, qui n’a fait que de brèves études avant de s’embarquer à bord d’un navire pour venir combattre en Flandre, ne savait rien de Marie de Bourgogne, de la Toison d’Or, des enluminures, de la poésie de Gérard de Nerval, d’Artémis, ni des livres d’Heures.
Marie est jolie, plutôt menue. Mais c’est sa vivacité d’esprit qui me plaît. Elle est douée pour les arts, elle déborde d’énergie, elle aime la vie, la nature ! Elle adore les animaux ; depuis toute petite, elle entretient son propre zoo. Et tu sais, Marianne, la duchesse ne manque jamais une partie de chasse. Elle excelle dans tout ce qu’elle entreprend !
Tout au plus, nous avions encore de l’admiration l’un pour l’autre. Mais nous ne nous parlions plus d’amour. Par habitude, par pudeur, par orgueil, peu importe, notre relation était passée d’amoureuse à raisonnable.
L’histoire d’amour de Marie et Maximilien est la plus romantique de tous les tempsl. Contrairement à celles que les poètes ont préféré retenir, celle de la fille unique de Charles le Téméraire et du fils de l’empereur Frédéric III découle de sentiments réels et simples. Car si Juliette a fait le tourment de sa famille en s’éprenant de Roméo, Marie, dans des circonstances tout à fait opposées, a accepté une liaison préparée de longue date et, selon la volonté de son père, a consenti au mariage avec le beau Maximilien, sans même l’avoir rencontré.
Certains ont dit que je prétendais t’aimer, et que je n’avais, en fait, qu’un besoin maladif de toi, que je vivais dans un monde imaginaire que moi seule avais le droit de pénétrer, t’abandonnant à la porte de mes rêves pour te tromper avec des chimères.