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Citations sur La compagnie des ombres (8)

La croisade est devenue plus simplement, aujourd'hui, dans notre imaginaire, le pendant chrétien du djihad. L'une des faces d'ombre de l'histoire de la chrétienté occidentale. Le symbole même d'un âge heureusement aboli, où les disciples du Christ avaient cru, eux aussi, pouvoir étendre son règne par la violence et par la force : la guerre et la conquête, l'intolérance en marche.
Le contresens est cette fois total.
Le mot jihâd apparaît 35 fois dans le Coran. Une seule de ces occurrences est non-violente. Il a été pratiqué dès l'époque de Mahomet sous la forme de la guerre sainte pour convertir par le sabre les peuples vaincus à l'islam. Rien de tel ne figure dans l'Évangile. Arrêté par les gardes du grand prêtre, au jardin des Oliviers, le soir du jeudi saint, Jésus ordonne précisément le contraire : "Remets ton épée au fourreau ; car ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. " (Mt 26, 52). Rien de tel non plus dans les croisades. Jamais celles-ci n'ont en effet visé à la conversion par la force des musulmans, sur le modèle de ce que Charlemagne avait pu imposer aux Saxons, après qu'ils eurent égorgé les prêtres qu'il leur avait envoyés en mission.
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Orson Welles le dit autrement : " L'Italie, pendant les trente années de règne des Borgia, connut la guerre, la terreur, les meurtres et des flots de sang. Mais elle produisit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. La Suisse connut pendant cinq siècles la démocratie, la fraternité et la paix, et elle a produit le coucou."
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Ils s'étaient battus, naufragés dans des étendues mortes, pour gagner à grand-peine quelques mètres de terrain. Ils avaient subi, trois cents jours, le pilonnage incessant des grandes orgues de feu : une pluie de fer et de boue dans un ciel maculé par une fumée noire, le vacarme assourdissant des explosions, les secousses d'un interminable tremblement de terre. Soixante millions d'obus tombés sur un étroit couloir de 20 kilomètres de long, transformé en charnier à ciel ouvert ; 163 000 morts français, 140 000 morts allemands, dont un tiers n'auraient jamais de sépulture, feraient corps pour toujours avec le paysage dévasté, les arbres arrachés, les balafres de la terre. Comme tombés dans le cratère d'un volcan. (Verdun)
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A quoi sert l'histoire? [] D'abord à faire en sorte que le temps n'abolisse pas les travaux des hommes et que les grands exploits accomplis ne tombent pas dans l'oublie. Pourquoi? Parce que ces exploits sont ceux de nos pères. L'histoire est l'expression de la piété filiale : elle nous rappelle que nous ne sommes pas les enfants de personne, mais, selon la belle expression de Jean Madiran, des "débiteurs insolvables" de tout ce qu'en naissant nous avons reçu.
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Il leur avait fallu près de trois siècles, mais les Capétiens avaient sorti leur pays du chaos. Ils avaient restauré l'Etat, unifié leur royaume, mis au pas la féodalité au moment même où le rêve de monarchie universelle de Frédéric de Hohenstaufen condamnait l'espace germanique à l'instabilité chronique, tandis que le roi d'Angleterre devait concéder sa Magna Carta à ses barons. Leur exemple donne la mesure de ce que permet, quand il bénéficie de la durée, quand il poursuit un grand dessin, l'art politique. La discipline est décriée : l'histoire des Capétiens nous dit qu'elle n'est pas vouée à l'avilissement où l'a conduite l'incurie de trop de nos contemporains.
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L'histoire est un dévoilement. Elle fait lever des ombres venues de la profondeur des âges pour nous faire partager les leçons tirées de la pratique de notre condition. Elle a pu devenir une science, peut-être. S'en tenir pour autant à la froide objectivité d'un collectionneur de papillons (…) c'est passer à côté de ce qui l'a justifiée, pendant tant de siècles ; nous priver de l'essentiel de ce que nous lui demandons : d'enrichir nos âmes blessées au milieu des vivants par un fructueux colloque en compagnie des ombres.
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Comme [si les Grecs] avaient compris que le mystère de la condition humaine laissait place à des questions auxquelles la réponse ne pouvait être donnée que sous le voile du mythe. Et que le triomphe de la raison sur les forces obscures de la pensée magique ne pouvait avoir, pour autant, toujours réponse à tout.
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Nous avons entamé un dialogue sans limite avec les hommes de notre temps. Il nous donne le sentiment d'une amplification inouïe de nos connaissances, de notre intelligence, de notre faculté de compréhension. Il nous grise de l'illusion de notre omniscience, acquise sous les couleurs du divertissement. Elle ne se résume guère qu'à une succession d'impressions que rendent éphémères l'abondance et le rythme des informations, notre indifférence foncière à l'égard d'une actualité que démodent sans cesse de nouveaux rebondissements.
Le dialogue avec les morts semble échapper, seul, à la curiosité universelle, parce qu'il correspond à de tout autres exigences, qu'il est le fruit d'un effort absorbant. Il s'établit par la frequentation des livres d'histoire, des grands textes, des documents. Par la méditation de leurs leçons. Il ne se contente pas d'une attention superficielle : il suppose qu'on franchisse la barrière de langues parfois mortes depuis longtemps ; que l'on s'acclimate à des habitudes, des institutions, des coutumes, des mœurs, des religions qui nous surprennent ; dont nous ne sommes pas sûrs de comprendre toujours la signification. Qu'on entre en familiarité avec des mentalités qui nous sont étrangères. Il demande qu'on accepte de poursuivre longuement une recherche imparfaite, incertaine, qui nous laisse dans le doute et l'insatisfaction. Nous ne comprenons pas toujours ce que les morts nous disent. Nous sommes sujets aux contresens comme le seraient deux hommes conversant du haut de deux falaises, de part et d'autre d'un gouffre dont on ne verrait pas le fond : l'écho ne leur renvoie que des bribes de réponses, sans qu'il leur soit possible de se faire confirmer la justesse de l'interprétation que chacun d'entre eux a faite de cris presque indistincts.
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