Les faits divers, on les connaît tous. Ils sont souvent noirs, tragiques et affreux. On en découvre tous les jours dans les journaux en papier ou dans les bulletins télévisés. Souvent, nous n'en avons qu'une vision écornée et on s'imagine facilement tout un scénario autour d'un titre fort et de quelques informations relativement choquantes. Dans ce roman, vous avez l'histoire, le fait divers dans toute sa splendeur. La trame du récit fait qu'il se démarque des autres romans policiers puisqu'il s'articule autour d'une atmosphère particulièrement réaliste.
Au début, le fait divers semble décrire un banal accident de voiture. Et je vous avoue que j'ai eu du mal à plonger dans le récit durant les quarante premières pages. Non pas que l'écriture de l'auteur était désagréable. Durant toute la lecture, j'ai apprécié la plume de
Thierry Jaëglé. Non, c'est juste que l'intrigue n'était pas croustillante. Jusqu'à ce que l'on entre dans le vif du sujet. À partir du moment où le fait divers est passé du statut de celui qui aurait trois lignes dans un journal à celui qui se verrait consacré d'un article sur une page entière, il devient plus difficile de ne pas avaler les chapitres divisés en épisodes.
L'auteur s'est efforcé de conférer une certaine ambiance à son roman et il faut reconnaître que c'est plutôt réussi. Chaque début de chapitre est agrémenté d'une citation alors que les chapitres sont découpés par la suite par l'heure et l'indication des lieux où se déroule dans l'histoire.
Le côté policier est bien retranscrit. le seul bémol, je dirais, c'est qu'il n'y a que peu de suspense, en-dehors du destin d'un personnage, mais je ne doute pas que les plus malins devineront son rôle. Enfin, je ne peux pas trop en dire alors je vais m'arrêter là. En revanche, ce qui est intéressant, c'est vraiment l'aspect réaliste. Je ne sais pas vous mais moi quand je lis les articles dans les journaux et que je vois les séries policières à la télé, je me dis qu'il y a un gouffre immense qui les sépare. Dans ce livre, ce fossé est comblé. le gendarme est vraiment crédible. Tout semble si vrai, presque vécu, on se pose même des questions notamment quand on remarque que les lettres du nom de l'auteur sont presque les mêmes que celles choisis pour le nom du personnage principal.
Enfin bref, avant d'être un policier, il s'agit d'une
histoire d'hommes, ou plutôt de l'absence d'une histoire entre deux hommes, un père et son fils, qui vont se retrouver dans des circonstances particulières. Avec tact, l'auteur fait plus qu'écrire un polar, il pousse le lecteur à réfléchir. D'une part sur le traitement que l'on peut réserver à certains types de criminels en nous permettant de comprendre le vécu de certains d'entre eux et d'autre part en nous montrant qu'un traumatisme dans l'enfance peut bouleverser à lui seul la vie d'un homme et l'empêcher de vivre pleinement. du moins tant qu'il n'aura pas de réponse à ses interrogations. Tant qu'il n'y aura pas de mots à la place du silence.
Pour conclure, je dirais que c'est un livre joliment écrit, plutôt facile et rapide à lire. Pas grand-chose à perdre si ce n'est de passer un bon moment. Un seul vrai bémol néanmoins, je vais le citer surtout si l'auteur lit ma chronique et veut bien en tenir compte pour ses futurs opus, c'est la mise en page sur quelques détails : absence de tirets cadratins, d'alinéas en début de paragraphe, texte pas toujours correctement justifié. Surtout, si vous remarquez ces petites fautes, n'en tenez pas compte car le livre vaut la peine de passer outre ces bisbilles. Et pour monsieur Jaëglé, il ne manque pas grand-chose pour que le roman ait un rendu impeccable, ce serait dommage de ne pas corriger ces petites imperfections. En tout cas, elles n'ont pas influé ma notation et le plaisir éprouvé durant la lecture.
Bonne lecture !
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