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Citations sur Cette nuit, je l'ai vue (49)

L'air du paradis est celui qui souffle entre les oreilles d'un cheval.
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Entre la vie et la mort, ai-je pensé, nous vivons tous ainsi entre la nuit et le jour, comme maintenant.
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Elle parla du matin berlinois, au pied de leur château, le soleil se levait d'un côté alors que, sur l'autre côté, un quartier de lune pendait encore. Nous arrêtâmes au bord de l'eau. C'était silencieux, clair, décoloré, presque douloureusement beau en cette époque de folie.
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Elle détestait toute forme de violence. Quand les chasseurs revenaient chargés des bêtes abattues, elle ne les attendait pas dans la cour.Elle se tenait à la fenêtre, regardait les animaux morts en hochant tristement la tête. Quand elle montait à cheval, elle n'utilisait pas la cravache. Même une grenouille écrasée l'émouvait. Peut-être avait-elle simplement peur, elle ne voulait absolument rien avoir à faire avec ces temps horribles.
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Ce post-scriptum m'a suivi et s'est posé près de mon coeur, où est apparu le dangereux picotement lié à l'angoisse, mon coeur déjà rongé par ce rat qui avance en mordant, épuise le corps et ralentit les idées, qui couvre la tête de cheveux gris.
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J'expliquai l'alpha et l'omega, le cheval sent et sait si on se comporte bien avec lui, si on ne le fait pas, il se révolte. Imaginez, madame, dis-je aussi gentiment que je le pouvais, imaginez que le cheval regimbe alors qu'il doit attaquer. Mais c'est ce que vous dites aux recrues ? dit-elle. Oui, c'est ce que je leur dis. C'est-à-dire que vous ne vous comportez bien avec lui que pour pouvoir le pousser sous ces bombes ou disons ces obus. Je dis avec colère que nous aussi nous donnons de nous-mêmes là-bas, il y a eu mille morts à la bataille de la Kolubra.
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Le voile de l'oubli s'étend lentement sur le passé et sur mes souvenirs . Sur ma tête, il y a ces cheveux gris que je n'avais pas il y a cinq ans. Et quand je me regarde dans le miroir, je sais : ma vie a basculé de l'autre côté, du côté où sont tombés mes camarades, morts dans les marécages d'Ukraine, dans les chemins boueux de forêt, en Slovénie, là où, dans une embuscade, les balles des partisans ont fusé, fracassant les vitres des voitures et les visages, dans les plaines de Lombardie que nous avons traversées en quarante-cinq pour nous retirer vers les Alpes. Alors la mort frappait et détruisait avant d'aller guetter ailleurs. Cependant je ne la sentais pas comme maintenant, maintenant je sais qu'elle est en moi, dans mon corps qui claudique dans l'appartement et pendant les promenades matinales dans le parc où les oiseaux chantent très tôt le matin, où les insectes d'août bourdonnent quand je reviens, et ensuite dans la rue où les mains persévérantes des jeunes gens remplacent les briques et les poutres, murent des fenêtres et des portes, où on entend aussi des rires, des cris d'encouragement. Partout la vie renaît, mais en moi c'est la mort qui est installée, j'ai vu tant de gens mourir que maintenant je ne peux plus me réjouir de cet été où tout recommence, la mort, tel un rat, a fait son trou dans mon esprit et rien ne peut l'empêcher de se souvenir de la guerre, des années de service dans la Wehrmacht, de tout. Et qui me réveille au milieu de la nuit et me fait savoir qu'à chaque souffle, à chaque pas claudiquant de la salle de bains au lit, j'avance vers son néant. La mort, je ne l'ai pas connue quand elle était tout près de moi dans ces lointaines contrées, maintenant je la vois partout, dans les feuilles mortes pendant ma promenade matinale, dans les yeux d'un vieux chien qui se traîne derrière son maître.
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J'ai vu trop de choses, trop de morts qui souvent se produisaient si facilement, comme en passant, d'un coup de fusil, d'un shrapnel, devant un peloton d'exécution ou par une balle perdue pour pouvoir penser autrement. Tuer un homme est quelque chose d'aussi naturel qu'écraser une grenouille sur une route. c'est ce qui s'est passé avec Veronika, elle n'en voulait à personne elle ne souhaitait rien de mal à personne, elle était seulement au mauvais moment au mauvais endroit. Là où il y avait des gens prêts à tuer. Même s'il fallait supprimer un innocent.
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Ce matin est différent, je tiens dans mes mains une lettre qui m'a soudain plongé dans l'agitation. Je me méfie de ça, nous les gens qui pendant la guerre avons vécu les choses qu'on a vécues, on se méfie de ça, des souvenirs. Tous les beaux événements de cette époque traînent derrière eux quelque chose de mauvais; il vaut mieux qu'il n'y ait rien, ni bon ni mauvais, il suffit de se promener en boitillant, de lire les journaux, de préparer le repas. Et d'admirer les jeunes gens, surtout les longues files de femmes qui se passent des briques à la chaîne. Des bâtiments sortent des ruines, la vie renaît, ce qui est passé est passé, ce que les coups de feu et les bombes ont enterré est enterré. Même si à cet endroit, il y a quelques mois, il pleuvait des bombes, c'est le passé, et nous tous qui avons pris part à cette malheureuse guerre, demain nous serons des gens du passé. Moi je le suis dès à présent, c'est pourquoi je ne veux pas me rappeler.
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De temps à autre, des lettres qui donnaient du mal au postier de Poselje, car l'adresse était en cyrillique, troublaient la vie tranquille de Podgorsko. Véronika ne les ouvrait pas. Mais ses mains tremblaient quand on les lui remettait. Ensuite, elles restaient sur la petite armoire du salon jusqu'à ce que Jozi les jette. Je comprenais qu'elle ne pouvait pas ouvrir les lettres de Stevo. Quand un jour on coupe, on coupe avec tout. Mais je savais que ça n'était pas facile pour elle. Elle l'aimait toujours. Peut-être craignait-elle qu'en un instant tout lui revienne si elle ouvrait une de ces lettres, peut-être avait-elle peur de se retrouver soudain dans une gare.

Page 83 - (Toujours un quai de gare! Que d'images projetons-nous dans une gare!)
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