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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit. L'écriture est bouillonnante, part dans tous les sens. Les bruits dans la tête sont parfaitement rendues par la langue, le rythme, la construction narrative. On lit quelque chose de brouillon, qui résonne pendant longtemps.

L'histoire est belle et cruelle. La révolte de prisonniers suite à l'interruption d'un match de basket causée par un garde abjecte. Tout part de là. Keber vrille. Et c'est toute la prison qui s'enflamme. Les prisonniers errent, fuient, veulent se battre, se cacher...Keber lui a des rêves de révolte, d'insoumission. Il a toujours été fasciné par le siège de Massala en Judée au 1er siècle. Pour lui, cette révolte, ce soulèvement c'est ce siège.

Les prisonniers se rassemblent, des petits groupes se forment. Des revendications, des menaces, des lois. Keber fait partie d'un petit groupe qui pense qu'ils peuvent s'autogérer s'ils ont à leur tête quelqu'un d'instruit et de sérieux. Mrak, un sage, un bibliothécaire qui au début ne veut pas se mêler de cette histoire et rester dans sa cellule. On édite des règles, on fait des pourparlers. Et on sent que leur démarche va prendre un tour peu désirable.

Peu à peu, l'autogestion devient un enfer dictatorial...Keber voit cela mais n'abandonne pas ses rêves de révoltes.

J'ai été sincèrement touchée par le récit de Keber. À l'aide de flashbacks, on assiste à son histoire d'amour avec Leonca, histoire qui tournera mal, histoire obsessionnelle... J'ai aimé aussi qu'il n'abandonne jamais sa seule revendication, celle qui paraît comme la plus absurde aux yeux de tous et qui le fait tenir jusqu'au bout.
On s'attache très vite à certains prisonniers, on ne veut pas qu'il leur arrive quelque chose. On est petit à petit très tendu et dégoûté en voyant comment se transforme la prison et le quotidien de certaines personnes. le récit devient de plus en plus intense, jusqu'à la dernière scène qui boucle toute l'histoire.

Je serais très intéressée de savoir si ce roman a été adapté en film, tant les descriptions et la narration sont visuelles et sonores. On voit les scènes se dérouler devant nos yeux comme si on était devant un film.
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Deux prisonniers. L'un raconte. L'autre note. le deuxième n'est qu'une ombre, une plume. le premier est une légende, il s'appelle Keber. Un baroudeur, béret vert. Auteur d'un vol à mains armées. Mais surtout l'instigateur mythique du soulèvement de la prison de Livada, pendant lequel, les détenus avaient pris et gardé un bon moment le contrôle de toute la prison, encerclés par la police et l'armée. Nous suivons donc les événements de cette révolte, son histoire au jour le jour. Mais Keber raconte aussi d'autres événements de sa vie, tout ce qui l'a amené en prison, des bribes de son enfance, ses amours. Et son obsession depuis des années, la fameuse grande révolte des Juifs, et l'un de ses épisodes fameux, le siège et la prise de Massada. Un parallèle de plus en plus fort se dessine entre les événements de Livada et de Massada.

Quel livre. D'une grande richesse et complexité, plus que difficile à résumer, sans doute impossible. Plusieurs thèmes s'entrecroisent, plusieurs motifs et modes narratifs. Un côté suspens d'une grande efficacité, en ce qui concerne le déroulement de la prise de pouvoir par les détenus, et ensuite de leur encerclement, des négociations, de l'attente de l'assaut… le fonctionnement du pouvoir, en prison comme un microcosme de la société en général. Terrifiant, sans doute parce que d'une justesse chirurgicale. le goût du pouvoir, la façon dont il transforme les hommes faisant ressortir leurs aspects les plus sombres, la cruauté, la façon dont les forts dominent les plus faibles, l'incapacité de la masse silencieuse à s'organiser et de s'opposer à ses bourreaux. Mais en même temps tous les bruits dans la tête du narrateur, ses amours, ses élans, ses espoirs et rêves. Même si les rapports entre les hommes et les femmes sont plus que difficiles, à la limite de l'impossible. Et le très grand talent de l'auteur, est de faire de ce livre qui pourrait n'être que glaçant et implacable, quelque chose de poétique, et où l'espoir n'est pas absent. Une gageure, tenue de bout en bout, au plus grand plaisir du lecteur. A découvrir absolument.
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Fort, très fort, impressionnant.

C'est des années après, toujours emprisonné, que Keber, raconte à l'un de ses codétenus, pour la transmettre  à la mémoire de tous, l'histoire de l'insurrection de la prison de Livada, dans un récit que l'oralité rend syncopé.

Donc, oui, c'est le récit de cette insurrection, de minute en minute, racontée comme un thriller, cette explosion de violence insensée pour une cause perdue d'avance. Les prisonniers sont d'abord portés par l'illusion de leur improbable puissance, d'une illusoire solidarité. Et puis, de petitesses en mégalomanie, de trahison en fascination du pouvoir, l'absurde apparaît peu à peu, l'impasse se dessine, dans une haletante course aux chimères. Et par des retours obsédants sur le siège de Massada, archétype de la résistance désespérée à l'enfermement, Keber donne à son récit une belle universalité.

Mais c'est aussi l'extraordinaire portrait de Keber, cet homme dont « on prononçait [ le nom ] avec respect », Keber, auréolé d'un passé qui le hante :
« Keber, son béret vert sur la tête, avait dormi au Vietnam parmi les cadavres, il avait traversé les océans en bateau, à Saint-Domingue il  avait fait trembler des généraux en caleçon, en Russie des femmes avaient tenté de se suicider pour lui ».

Lui-même se voit tout autre, « esseulé et déglingué » :
« Bien sûr, je n'habite nulle part, c'est pourquoi je ne comprends pas tes bon Dieu et qu'ils ne me comprennent pas non plus »
.
Dans son récit halluciné de cette révolte qu'il a initiée et qui lui échappe, Keber intercale des réminiscences, des souvenirs, des rêves et des cauchemars, des fantasmes, des hallucinations obsessionnellement intriqués et répétés. Un interminable voyage dans des wagons à bestiaux dans son enfance, des missions répétées comme soldat ou mercenaire dans tous les coins du globe,  la claustration d ‘une cabine de bateau,  son amour impossible et dont il est captif pour la trop sage Leonca : sa vie entière n'a été qu'un enchaînement d'enfermements dont il garde ces « bruits dans la tête" comme autant de stigmates.

On croit lire un roman d'aventure, mais s'y camoufle une palpitante variation sur les thèmes de l'enferment, de la liberté, du pouvoir et du libre arbitre
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