Je me méfie de ceux
qui n'ont jamais envisagé
le suicide.
Ils font pas à pas le chemin,
Aveugles à l'abîme qui sans relâche traque l'homme.
Ils entrent dans la roue mathématique
de la matière.
Ils deviennent invulnérables au désespoir.
Ils comptent même, froidement,
avec le coeur.
La dame blanche est arrivée
sur la pointe des pieds
pour me dérober la pensée
Qu'elle emporte tout,
les steppes marmoréennes de mon tronc,
la souche desséchée de mes cheveux,
les puits opaques de mes yeux
cousus
aux rêves et aux désirs passés,
aux aventures futures,
amour d'aujourd'hui, complètement arraché,
sanglant,
rasé comme le fut la terre d'Hiroshima
dans on enveloppant péplum !
Qu'elle emporte tout,
tout,
sauf cela !
Car mes mains peuvent encore être brûlées
par la pensée.
Seul et prostitué
le bel adolescent
avec son visage de fillette
posait son regard sur la femme
telle une main tiède.
Vaines paumes qui hérissaient le désir,
vaine boucle dorée
et pâle
de ses cheveux,
vaines paroles emprisonnées dans la gorge.
Taureau blessé au fil de la nuit
l'homme guettait
faisant scintiller le sang,
et dans sa lointaine essence de mâle
il s'élevait hargneux
à l'affût
de ce cheval
qui sur la nuque tombe.
Vaines pupilles fixes comme un arrogant défi.
....Abandonnez tout espoir....
Détruis, ma soeur, cet environnement aseptique
où tu enfermes l'âme.
Avec la même cloche de cristal
avec laquelle tu accables le prochain
tu t'accables toi-même.