Citations sur Traité des vertus tome 1 : Le sérieux de l'intention (11)
La morale n'apparaît que lorsque que l'on préfère l'autre à soi. L'amour est justement cet oubli total de soi-même.
L’inexcusable peut être pardonnable, bien qu’il ne soit pas excusable. L’excusable est a fortiori pardonnable, mais il n’a pas besoin qu’on lui pardonne, puisque l’excuse rationnelle suffit à démontrer son innocence : nous dépenserions pour lui nos grâces en pure perte. Par contre, l’inexcusable ne trouvant pas d’avocat pour se défendre, a besoin du pardon. Si donc tout n’est pas excusable pour l’excuse, tout est pardonnable pour le pardon, tout hormis bien entendu, l’impardonnable, en admettant qu’il existe un impardonnable, c’est-à-dire un crime métempiriquement impossible à pardonner.
Ce n’est pas le haïssable qui explique la haine mais la haine qui a priori rend les choses haïssables et redouble ensuite à la vue de cet odieux qu’elle a fabriqué.
Il ne s’agit pas de bénir le coupable, mais de l’absoudre.
Notre poitrine est trop étroite pour loger ensemble tous les superlatifs de la passion : chacun, comme une idée fixe, prétend être l'unique, l'éternel. ( II, III )
incipit :
L'impératif conditionnel, en tant qu'il est le commandement d'aimer l'Autre - cette personne, ce toi vis-à-vis de moi, - est donc en quelque sorte la synthèse du Quod et du Quid, de la forme vide de matière et du contenu informe.
"Il ne suffit pas de dire que l'intention vise le prochain futur pour le présentifier, - car la conscience a bien des façons de se comporter par rapport à son propre futur : elle peut l'attendre, le souhaiter ou le désirer, l'espérer, le prévoir et enfin le vouloir"
Les croyants du dimanche matin, comme chacun le sait, se recrutent parmi les incroyants des jours ouvrables. Bergson et le pragmatisme ont certes beaucoup contribué à réfuter le sophisme spéculatif d'un intellect séparé de l'action; mais il faudrait maintenant ajouter que rien ne vaut l'exigence éthique pour ressouder d'un seul coup ... l'homme sérieux, dont la conscience est globale et intégrale.
Un je-ne-sais-quoi proteste en nous contre l'impitoyable et dissolvante réduction. [...] C'est ici l'analyse des motivations qui est simpliste, et c'est la naiveté qui est lucide et profonde.
Que dirait-on du moraliste, s'il était moral le dimanche seulement? On dirait que ce n'est pas un moraliste: on dirait que c'est un dilettante, le dilettantisme étant non pas la fidèle et sérieuse occupation de tous les jours, mais le jeu des dimanches, des jours féries et des loisirs souriants. Les saints ne prennent jamais de vacances, et de même l'homme éthique ne connaît pas de jour sans morale; il est moral non pas de temps en temps, mais tout le temps.