Certains poèmes vraiment pas mal ! Mélange de vers libres et de de vers réguliers.
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La nomenclature verte
Brisé au pied d'un cyprès en fuite,
Je contemple les ruines de mon destin.
Le chant de la colline interdite
Me parvient par le vent du matin.
La distance est faite de bien trop d'espace.
Ce cri n'est plus pour moi qu'un simple écho.
Peu avant que la mort ne les embrasse,
Une douce ombre prépare les coquelicots.
C'est donc bien par sa masse et son son
Que cette pâle admiratrice des cieux
S'approprie une part de l'horizon.
L'eau va tomber. Les nuages sont vieux.
Mon corps et ses habitudes sont brisés.
Je rampe vers un toit encore inconnu.
La première louche est versée sur le pré.
Par chance, on m'arrache à l'humide barbu.
Par malheur, c'est le vent qui m'a pris !
Le souffle aveugle survolait les champs...
Il me transporte par-delà la pluie,
Tuant ces larmes à travers le temps.
douleur
j'ai été frappé par le continent meurtri
survivant dans la tempête insigne
toutes voiles dehors aimant à mendier
sur les plages de la matinée
corrompues par l'hiver décalqué
des morts prématurées
tout tuméfié par la branlante
incandescence de mes vastes
et pauvres nuits séparées
du monde par la peur du jour
Cri du croisé
De cette indéfectible image
qui jamais ne se perd
jamais ne se gagne
mais s’éprouve à l’envers des jours
et subsiste par l’amour
je saupoudre le gris
et les rixes succinctes
sous le portique des soirs
je trouverai l’abord
au calice d’ambre
borduré d’ailes insignes
je trouverai l’aurore
l’armure des êtres tombés
le contre-accident
je bafouerai la mort
je tromperai mon sort
et délacerai la lumière
de cette abominable errance.
La ronce en été
La ronce aime l'été
Car son temps lui sied.
La ronce aime l'été
Et les débraillés.
Un petit garçon,
Qui court hébété,
Mord à l'hameçon
De la ronce d'été
Il voit d'un œil triste
Le soleil sombrer.
Il voit d'un œil triste
Car l'autre est crevé.
La ronce aime l'été
Car son temps lui sied.
La ronce aime l'été
Et les débraillés.
Le monde en miettes
Le ciel s'effondre et la nuit vient.
Je tombe des nues et me souviens
De cette églogue sur le matin :
C'est l'obscurité qui s'éteint,
Le charbon chassé par le jour,
La frayeur chassée par l'amour...
Dans un grand écrin de satin,
Je passe mes instants à mourir
Pour renaître au riant matin.
Axel Janvier lit sa nouvelle Le dernier lecteur