Un beau voyage en Inde avec les trois soeurs Shergill, loin très loin de la carte postale touristique, j'ai appris énormément sur les difficultés des filles et des femmes à habiter, vivre et s'épanouir dans le pays.
La construction du roman m'a plu car les découvertes sur les soeurs sont réparties tout au long de la lecture, on ne s'ennuie jamais.
Une lecture instructive et touchante.
Merci
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Comme souvent, quand je sollicite un partenariat, c'est la couverture qui m'a attiré, et franchement, je la trouve toujours magnifique. Bravo à la personne qui l'a conçu, et bravo aussi à Laura Vaz, la traductrice. Ils ne sont jamais trop cités.
Nous suivons le voyage des trois soeurs en Inde. Ne sortez pas les violons tout de suite : ce ne sont pas trois soeurs que la vie a séparé, ce sont trois soeurs qui ont eu une enfance différente, parce qu'elles n'occupaient pas la même place dans la fratrie. Rajni est l'aînée. Elle a eu la chance de bien connaître son père, décédé parce qu'il n'a pas pris au sérieux l'accident dont il a été victime, elle a connu sa mère différente, sans les soucis que l'éducation de trois filles, seules, lui causaient. Elle a aussi longtemps été fille unique, parce que ses parents ont eu du mal à concevoir un deuxième enfant.
Jezmeen, elle, est la soeur du milieu, celle qui se dispute toujours avec sa soeur aînée – parce qu'elle est sa soeur aînée, et parce que, suite à un voyage en Inde avec sa mère, après le décès de leur père, Rajni est devenue raisonnable, une seconde mère en quelque sorte. Et Jezmeen, qui ne connaissait pas sa soeur sous ce jour, n'a pas vraiment supporter. Depuis, rien n'a vraiment changé entre elles. Rajni est devenue la mère raisonnable d'un ado qui ne l'est pas à ses yeux (elle n'a pas pu avoir d'autres enfants), Jezmeen tente de percer en tant qu'actrice, et sa mère de lui répéter jusqu'au bout qu'il faut qu'elle change de voie.
Jusqu'au bout. Ce qui les réunit aujourd'hui est une promesse faite à leur mère, sur son lit de mort : effectuer un périple en Inde et disperser ses cendres. L'objectif est de suivre les instructions, très précises, de leur mère, qui voulait sans doute les faire s'entendre à nouveau, se réconcilier, les réconcilier avec leur pays, par delà sa mort.
Je n'ai pas oublié la plus jeune des soeurs, celle qui, silencieuse, assistait aux disputes entre ses aînées, et faisait tout pour passer inaperçue, c'est à dire correspondre aux attentes de sa mère. Elle a même, comme beaucoup de jeunes indiennes, rencontré son mari sur un site de rencontres, un site de « mariage arrangé ». Elle a tout quitté pour lui, et vit désormais en Australie avec mari et belle-mère. Oui, tout va bien, tout va très bien, c'est du moins ce que pensent ses soeurs, c'est ce que Shirina veut croire.
Chacune a une bonne dose de secrets, de faits qu'elles ne veulent surtout pas révéler aux autres – et quand, comme Shirina, vous êtes habitués à distiller une image sereine et à ne jamais être questionnée, il est facile de dissimuler. Rajni met tout en oeuvre pour suivre le parcours, Jezmeen met tout en oeuvre pour suivre son instinct, et leur duo fait des étincelles. Il en fait aussi parce que l'on est en Inde, et les trois femmes ont beau être anglaises, être des touristes, elles n'en sont pas moins d'origine indienne, elles n'en sont pas moins femmes, et au fur et à mesure de leurs parcours, elles ne peuvent que constater qu'être une femme, en Inde, c'est être vulnérable, c'est ne pas avoir les armes ou les appuis nécessaires pour lutter. Manifester pour ses droits en Inde est aussi montrer à quel point les femmes en ont peu. Être une femme, c'est aussi se sentir coupables : leur mère voulait un garçon, et les trois soeurs, surtout la dernière, ont bien intégré qu'elles n'étaient pas désirées. Certains répondront que l'avortement de foetus féminins est interdit en Inde. Il est des moyens de contourner la loi, surtout quand la pression vient des femmes elles-mêmes. Il est important d'éduquer les filles et les garçons, et ce, dans tous les pays : un retour en arrière est toujours possible, une prise de conscience aussi, heureusement.
Début de la vie, et aussi fin de vie : que désire-t-on pour ses parents, comment veut-on quitter cette vie ? Les trois soeurs n'étaient pas d'accord entre elles, et n'auraient pas le fin mot de l'histoire, juste le rappel qu'il faut profiter des personnes que l'on aime tant qu'elles sont là, et ne pas hésiter à le leur dire, à les regarder, à voir si elles vont bien ou pas. Ne pas vivre les uns à côté des autres, mais les uns avec les autres.
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Pour respecter les derniers souhaits de leur défunte mère et disperser ses cendres dans une rivière bien précise, trois soeurs sont obligées de se rendre en Inde et de suivre un itinéraire bien précis.
Outre le fait que ce voyage forcé soit un voyage de deuil, on ne peut pas dire que ces retrouvailles entre les soeurs si différentes les unes des autres soit une partie de plaisir.
Trop éloignées mentalement depuis longtemps, elles vont pourtant devoir réapprendre à vivre ensemble en plus ou moins bonne harmonie, et ce n'est pas gagné.
Chacune cache un secret qui la touche et dont elle ne veut pas parler aux autres, par pudeur, par fierté, par habitude.
Ce voyage leur permet et nous permet de découvrir l'Inde vue par des femmes, avec ses coutumes, ses traditions, ses rituels. On sent les épices, on sent la chaleur du soleil, on sent la fraicheur de l'eau, on sent la foule, on sent les embouteillages.
Leur périple va leur permettre de parler, de se disputer, de rire aussi, de s'indigner, de s'aider, de se réaimer.
Les trois soeurs sont à la fois touchantes et agaçantes, on peut se reconnaître par petites touches en chacune d'elles, chacune avec ses qualités et ses défauts. Elles sont à la fois modernes et traditionnelles de part leur double culture qui leur permet de suivre certains rituels sans aucun souci et d'être choquées par les différences entre la terre de leurs parents et le pays où elles ont grandi.
Une lecture bien agréable dont je me souviens encore quelques semaines après avoir fermé le livre, ce qui devient de plus en plus rare. En effet, soit je lis trop et tout s'emmêle dans mon cerveau, soit ma mémoire commence à me faire défaut...
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Un super roman comme je les aime découvert grâce au Challenge Globe-Trotter. Pour respecter les dernières volontés de leur mère, trois soeurs se retrouvent pour un voyage en Inde, leur pays d'origine, afin d'y déposer les cendres de leur maman.
Elles ne sont pas proches et très vite les vieilles rancunes de l'enfance ressortent et viennent gâcher le voyage. Par ailleurs, chacune a ses difficultés dans sa vie actuelle qu'elle tente de cacher aux autres, ou encore des souvenirs d'enfance enfouis depuis longtemps qu'elle ne souhaite pas partager.
Le roman aborde toutes ses questions sur fond de découverte de l'Inde et des violences faites aux femmes dans ce pays. Il rappelle entre autres que dans certaines régions, bien que l'avortement de bébé-filles soit illégal, il y a si peu de femmes que trois frères peuvent se partager la même épouse. de même il ne fait pas bon de voyager seule en Inde. Et dans la diaspora, la pression de la tradition existe toujours : une femme indienne quitte sa famille pour celle de sa belle-mère dont elle devient souvent l'esclave ou la souffre-douleur.
Mais le roman se focalise surtout sur les relations entre les soeurs, et c'est très bien décrit. On a l'impression de rentrer au coeur de cette famille et d'en connaître tous les ressorts. Leurs relations évoluent au cours de ce voyage et on est amené à partager leurs joies et leurs difficultés de femmes, de mères, d'épouses, et de responsabilités professionnelles. C'est abordé avec doigté, sensibilité et profondeur.
Un beau roman, bien construit, et qui se termine sur une belle note de vie et d'espoir.
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Un Road trip dans l'Inde d'aujourd'hui, qui ressemble quand même à l'Inde d'hier pour trois soeurs que tout sépare. Un deuxième roman pour cette autrice talentueuse.
« Vivement que je lise »
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